24 juillet 2016

Ouest France perd 68 000 lecteurs en 10 ans

Attentats : faut-il diffuser les portraits des tueurs ?

Le Monde 19 juin 2016 Rubrique Débats - Tribune de Hasna Hussein sociologue des médias et chercheuse associée à l'Observatoire des radicalisations
Terrorisme : assez avec les scoops de l'épouvante !
Les experts médiatiques doivent cesser de reproduire sans critique, à la télévision, le matériau des djihadistes, faute de quoi ils ne font que s'en faire les portes-parole.
Extrait
"On peut se demander si les médias qui avaient diffusé des photos d'un Abaaoud ou d'un Merah souriants n'ont pas contribué à une "héroïsation" de ces personnages"
Le Monde 19 juillet 2016 -  Débats - Entretien avec Fethi Bensalama membre de l'Académie tunisienne,professeur de psychopathologie à l'université Paris Diderot
"Les médias ne devraient pas publier les photos du tueur"
Ceux qui commettent des attentats comme celui de Nice espèrent  trouver avec leur crime une renommée sanglante. La presse doit limiter la publicité qu'elle leur fait en ne donnant que leurs initiales. On évitera ainsi une sinistre émulation entre candidats à la terreur
La Croix - courrier des lecteurs 21.07.16
"Heureusement La Croix ne suit pas la mode des autres quotidiens et chaines de télévision qui nous saturent des portraits de ces assassins. Ignorent-ils que chaque fois que leurs têtes apparaissent sur les chaînes de télé au Moyen-Orient, dans les rangs de Daech, des vivats et des tirs d'armes automatiques saluent la gloire de ces héros martyrs, et dans notre pays, suscitent des vocations chez certains en mal d'intégration ?
Egalement sur le site change.org, une pétition pour ne pas diffuser les portraits des tueurs.

Je ne vois pas beaucoup de gens des médias se poser cette question. Là aussi,  faire comme les confrères et rechercher l'audience, est-ce un argument suffisant au regard des effets désastreux de cette publicité ?

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18 juillet 2016

Un attentat prémédité, quel scoop !

De nombreux médias - même Ouest France en titre de 1ère page - nous ont livré un scoop ce week end : L'attentat de Nice jeudi soir était prémédité ... Information recueillie aux meilleures sources !
S'il n'était pas prémédité cela signifierait qu'il a été improvisé, fait sur un coup de tête, un coup de sang ou sous l'effet de la boisson. Absurde.
Quelqu'un qui loue plusieurs jours à l'avance un camion de 19 tonnes pour l'utiliser de façon criminelle sur la Promenade des Anglais à Nice le soir des feux d'artifice du 14 juillet, est forcément dans la préméditation. Que l'on dise, qu'au fur et à mesure des investigations, il apparaît que  l'attentat a été minutieusement préparé : d'accord. Mais de grâce que l'on cesse de nous prendre pour des imbéciles, en nous donnant des scoops aussi ridicule que celui-là.

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16 juillet 2016

Attentat de Nice, France 2, images et ITW choquantes

13 juillet 2016

Euro 2016, Saudade et désenchantement

Cette chronique est la 1 000è du blog ouvert en octobre 2005

 La finale de l'Euro de foot entre la France et le Portugal a été décevante et à l'image de l'ensemble de la compétition.
La blessure de Cristiano Ronaldo à la 17è  minute après une intervention violente de Paillet ( et Evra en deuxième rideau) a contrairement à ce que pouvaient penser certains, "plombé" le match. Le rythme assez plaisant jusque là s'est éteint, les Portugais se sont repliés et les Français décontenancés se sont montré incapables d'imposer un rythme digne d'une finale. A-t-on voulu se débarrasser du leader de l'équipe portugaise ? Je ne le pense pas, mais la faute était manifeste et dangereuse. Elle aurait du être sanctionnée. Les télévisions étrangères - à la différence de M6 - ont largement rediffusé le ralenti : un carton jaune, au minimum s'imposait. Cela n'a pas été aussi dramatique que l'agression de Schumacher sur Battiston lors de la 1/2 finale France-Allemagne à Séville en 1982 - qui reste dans toutes les mémoires - mais je pense que les Portugais s'en souviendront longtemps. Heureusement pour eux, ils ont gagné le titre, sans être flamboyant - jusqu'au bout de l'ennui -  mais il est évident que l'éclat  n'était pas leur style, surtout privé de Ronaldo.
Les Français ont déçu. A l'image de leur tournoi, ils n'ont pas su imposer leur jeu, dominer les débats. Il a souvent fallu qu'ils courent après un premier but adverse ou simplement pour obtenir un premier but, marqué au moins deux fois dans les dernières minutes. La maîtrise du ballon entre les défenseurs est souvent exaspérante, si elle ne se prolonge par des actions franches, rapides et précises. Nos attaquants sont souvent privés de ballon...Nous ne sommes pas le Barça ! Notre principal exploit dans un contexte très favorable, aura été d'éliminer  les Allemands privés de plusieurs titulaires mais surtout à cours d'imagination. Les quelques matchs spectaculaires seront venus des outsiders ( Irlande, Pays de Galles, Islande). Il y a eu quand même eu un Italie-Espagne de premier plan.
Il reste sur le plan sportif, une sorte de blues, une mélancolie douce-amère à l'image de la saudade si caractéristique chez les Portugais et les Brésiliens. Le matraquage médiatique avant la finale a accentué le décalage. Si au total, les amoureux du beau jeu n'y ont pas trouvé leur compte, au moins la sécurité de tous a été bien assurée. Six mois après les attentats de novembre, c'était un gros challenge. Gagné celui-là.

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12 juillet 2016

Rocard , le contre exemple et la frustation

J'extrais de l'édito du Monde du 5 juillet, rendant hommage à Michel Rocard sous le titre " Le contre exemple", le dernier paragraphe qui correspond totalement à ce que je pense. J'ajouterai simplement au chapître de la frustration, celle qu'il a certainement ressentie dans sa vie politique, mais qui lui a donné en contrepartie une énergie fantastique jusqu'aux dernier jours de sa vie.


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9 juillet 2016

Christian Blanc et les cigares

L'hommage  sobre  et émouvant rendu à Michel Rocard aux Invalides, m'a permis de revoir parmi les proches de la famille, Christian Blanc. Brillant haut fonctionnaire, déterminant dans la crise de Nouvelle Calédonie, il était déjà dans les années 70 le  plus proche collaborateur et ami de Michel Rocard.  Il était responsable des rocardiens à la section Javel Grenelle ces mêmes années.
C'était un leader très attachant et pleinement en harmonie avec les choix et la pratique de Michel Rocard. Il s'est illustré   dans de nombreux domaines et a notamment sauvé et modernisé Air France et est à l'origine du service minimum à la RATP qu'il a également dirigé. Il a été aussi responsable du Grand Paris nommé par Sarkozy et contraint de démissionner pour une "fumeuse" histoire de frais de cigares ( dont il était grand amateur, sans doute un souvenir de son stage "révolutionnaire" à Cuba dans sa jeunesse).
Si sa passion des cigares lui ont coûté son poste de secrétaire d'Etat, elle lui a sauvé la vie le 11 septembre 2001. Il travaillait à l'époque pour la banque Merrill Lynch et était au World Trade Center à New York ce jour là. Par chance au moment de l'attentat il était sorti fumer un cigare.
Une bonne raison  pour ne pas s'arrêter de fumer...

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5 juillet 2016

Michel Rocard, les médias et les Guignols

Michel Rocard était un adepte du temps long qui engage pour des décennies. Tous ses choix politiques au pouvoir en sont l'illustration : retraites, fiscalité et CSG, Nouvelle Calédonie, enseignement agricole, décentralisation...Pour cette raison il considérait que les grands médias dominés par l'immédiateté et l'émotion étaient à l'opposé des exigences du débat démocratique. Mais d'un autre côté il savait bien que refuser d'y être présent, c'était se condamner à disparaître du champ politique.
Canal + aux mains d'André Rousselet, l'ami et partenaire de golf de François Mitterrand, s'est distingué à travers les Guignols pour ridiculiser à l'extrême Michel Rocard en le présentant comme un être incompréhensible, bafouillant, et se perdant dans des discours " intellectuels" sans fin. Bref profondément ridicule. Evidemment Mitterrand gardait le beau rôle, ainsi d'ailleurs que Chirac qui a toujours été soutenu par les Guignols. Bien sûr Rocard avait ces dernières années, une expression orale qui pouvait parfois dérouter. Mais ce que j'ai toujours regretté - et souvent constaté - c'est qu'aux yeux de beaucoup de jeunes, peu intéressé par la vie politique, Michel Rocard était ce personnage incompréhensible et ridicule. La guignolisation de la politique et la chape de dérision qu'elle entraine participe largement au désenchantement de notre monde pour reprendre l'expression de Marcel Gaucher.

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3 juillet 2016

Merci Michel

Comme beaucoup je dois mon engagement politique à Michel Rocard. Il a représenté la dignité de la gauche au moment de la guerre d'Algérie. j'ai eu la chance, à mon retour en France en 1974/75, de suivre un séminaire à Paris, qu'il animait sur le thème " Choix politiques, choix économiques" absolument passionnant. J'ai milité en section à Paris 15 e et 14 e pour les choix des rocardiens  sur les orientations du PS. En particulier le congrès de Metz de 1979 où la confrontation Mitterrand Rocard n'était pas seulement celle de deux leaders, mais aussi des choix politiques, étatiste et économie dirigée ( " marxiste") d'un côté, décentralisé et économie ouverte de l'autre. Nous avions perdu , mais le changement de cap de 1983 nous a donné totalement raison. En Loire Atlantique nous formions un courant actif mené par Claude Evin très proche de Michel, comme tout le monde l'appelait. C'est Claude Evin qui m'a poussé a être candidat aux législatives en 88 sur la 10e circonscription du vignoble ( près de 36% des voix, seule Sophie Errante a fait mieux en 2012 !) . Plusieurs rocardiens ou rocardiennes du 44 ont pris des responsabilités comme élus ( Marie Françoise Clergeau et son fils Christophe, Alain Robert, Marie-Odile Bouillé, Gérard  Potiron à la Chapelle/Erdre  et beaucoup d'autres). J'ai fait le choix professionnel en 1995, déçu de ne pas voir Michel Rocard candidat de la gauche à la présidentielle. Nous avons manqué une chance historique. Mais son influence et son bilan ne sont pas seulement d'avoir sauvé le début du 2e septennat de Mitterrand ( RMI, CSG, paix en Nelle Calédonie). Ce qui n'a pas empêché qu'il soit "licencié" avec une côte de popularité supérieure à 50 % pour mettre Edith Cresson à sa place !
Ce qui restera de Michel Rocard c'est une passion et un engagement et une production intellectuel qui le situe dans la lignée de Pierre Mendès-France et des grands leaders socialistes du XXe siècle. C'est un ouverture politique, une absence de sectarisme, une déontologie politique, une haute idée de l'engagement, qui nous manqueront.
A Matignon en 1989, photo des rocardiens candidats aux municipales dans les villes de plus de 10 000 habitants

Merci Michel aussi pour cette remarquable simplicité, l'empathie spontanée, l'invitation à prendre un verre après un cours, l'accueil à Matignon, la réponse à toutes les correspondances ( dans ce blog le 9 décembre 2008 http://polemiquevictor.blogspot.fr/2008_12_01_archive.html, ou, il y a juste un an pour t'inviter à notre Observatoire des médias) et ce souvenir récent d'une conférence à Nantes devant 400 étudiants d'Audencia et Centrale. Qui aujourd'hui à plus de 80 ans sait aussi bien parler à la jeunesse ?
Salut Michel,  Merci et Bon Vent !

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