16 décembre 2005

Outreau

OUTREAU, TOULOUSE : LES MEMES DERIVES COMPASSIONNELLES

Il y a au moins un point commun entre les désastres judiciaires d'Outreau et de Toulouse ( Mise en examen pour crime de Dominique Baudis dans l'affaire Allègre, clôturée par un non lieu ), c'est la place disproportionnée accordée par le juge d'instruction à la parole de personnes impliquées dans l'affaire et qui jouent les accusateurs.

Dans l'affaire Outreau ce sont Myriam B. et Aurélie G. principales accusées - et condamnées - issues d'un milieu qualifié en d'autre temps de « Quart Monde », qui ont été jugées suffisamment crédibles par le juge Burgaud pour envoyer en détention provisoire et en Cour d'Assises, plus de dix personnes sans le moindre début de preuve. Dans l'affaire Allègre ce sont deux prostituées et un criminel incarcéré qui ont porté les plus graves accusations - mensongères - et qui ont trouvé un juge et une machine judiciaire pour en prendre le relais.

Dans les deux cas la parole de personnes qu'on peut considérer comme socialement défavorisées ou marginalisées, a été privilégiée par rapport à celle de gens ordinaires et honnêtes, ou dans le cas de Toulouse, celle d'un ancien maire et responsable du CSA. Ce n'est pas un hasard. C'est l'illustration du climat compassionnel et de sur-valorisation des victimes qui est l'une des caractéristiques de notre époque. Sous la pression de nombreux médias, c'est tout un état d'esprit qui baigne la société. Légitime quant il s'agit de porter attention aux inégalités choquantes, cet état d'esprit devient aberrant quand il conduit à prêter plus de vertus aux personnes socialement défavorisées, qu'à tout autre, anonyme ou célèbre. Même une institution qui devrait être un modèle de neutralité et de rigueur comme la justice, est traversée par cet air du temps. C'est un curieux renversement de l'Histoire si l'on se souvient de la citation célèbre « Selon que vous soyez puissant ou misérable... ». Certains pourraient y voir une forme de discrimination « positive » ou « négative » se substituant à la loi républicaine. Nous en mesurons les dégâts.

Paru - en partie - dans le courrier des lecteurs du journal Le Monde ( 8 décembre 2005)

1 Comments:

Blogger Unknown said...

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18 septembre, 2015  

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