Dominique CARDON, Le rêve de l'algorithme
Nous avons reçu le 1er avril à l'Observatoire des médias de l'UP, Dominique Cardon sociologue à Orange Labs et professeur associé à l'université de Marne la Vallée, à propos de son dernier livre aux editions du Seuil A quoi rêvent les algorithmes, nos vies à l'heure des big data
(*)
Conférence à partir de son dernier livre A quoi rêvent les
algorithmes ? Nos vies à l’heure des big
data octobre 2015 Editions du Seuil
La république des idées
Sur le plateau : Yvon Guillot, Dominique Cardon, Jean-Claude Charrier
Un public nombreux attentif et passionné
Pour reprendre la définition
de Wikipédia, Un algorithme est une suite finie et non ambiguë
d’opérations ou d'instructions permettant de résoudre un problème ou d'obtenir
un résultat. Dominique Cardon fait le parallèle avec une recette de cuisine et
la nécessité de toujours calculer et quantifier. Mais les
« recettes » comportent toujours dans le big data, des choix moraux,
de représentation de la société. En exemple les lois électorales qui visent à
refléter les choix politiques des citoyens et donnent des résultats très
différents selon que l’on adopte le scrutin uninominale à un tour ( G.B.) ou la proportionnelle
intégrale ( Israël). Dominique Cardon nous invite à mieux connaître nos vies à l’heure
du big data.(*)
Il présente les quatre familles du calcul
numérique qu’il positionne en référence au web.
1 – A
côté du web ou l’imprécise popularité
des clics. Ce sont les mesures d’audience qui visent à dénombrer et
quantifier la popularité des sites ( pages vues).
C’est par exemple Médiamétrie qui mesure les lectorats ou les audiences. Il
s’agit bien d’ordonner la popularité
des sites sans appréciation qualitative. « 95 % de l’audience va vers 0,03 % des données » souligne Dominique
Cardon. La publicité, les médias, sont attentifs à ces quantifications où les
risques de manipulation existent.
2 – Au-dessus du web ou l’autorité
des méritants. L’algorithme de classement de l’information du moteur de
recherche de Google, veut se situer au-dessus du web afin de hiérarchiser l’autorité des sites. Il considère
qu’un site qui reçoit d’un autre un lien reçoit en même temps un témoignage de
reconnaissance qui lui donne de l’autorité. La première page de Google – Page rank
- fait apparaître en premier les sites qui ont reçu le plus de liens hypertextes. C’est un fondement méritocratique. Dominique Cardon précise
que « La visibilité se mérite ou
s’achète » qu’il existe des « Jus de liens » pour monter dans les pages Google, mais le
risque existe d’être « bacasablisé »
c'est-à-dire d’être renvoyé de la 1ère à la 20e page de
Google si les règles n’ont pas été respectées.
3 – A l’intérieur du web ou la
fabrique de la réputation. Les mesures de réputation qui se sont
développés avec les réseaux sociaux d’Internet se positionnent à l’intérieur du
web, afin de donner aux internautes des compteurs qui valorisent la réputation des personnes et des
produits « Combien d’amis Facebook ? de retweet de
Twitter ? ». Via les likes il
s’agit « d’affinité et de
visibilité », « Je montre
aux gens ce que j’aime et je construis
ma réputation », « il ne s’agit pas de se mesurer mais de se
comparer » précise Dominique Cardon.
4 – Au-dessous du web ou la
prédiction par les traces. En calculant les traces de navigation des internautes on vise à prédire leur
comportement à partir de celui des autres. « On va regarder vraiment ce qu’ils font au-delà de ce qu’il disent » . La machine
auto-apprend comme par exemple dans le jeu de go ( Machine learning), et va
proposer des publicités à partir des traces laissées sur le web. Ainsi
Amazon va nous suggérer un livre ou un voyage proche de ceux que nous aimons.
Dans ce domaine ce qui importe c’est l’efficacité. Dominique Cardon pose la
question « Sommes-nous simplement
la somme de nos comportements ?
Est-ce que l’on se ment à
soi-même ? » et d’évoquer le rêve de l’algorithme « Montre-moi si tu peux faire
différemment ! ».
En reconduisant les individus
vers leurs comportements passés, les algorithmes entérinent l’ordre social et
par la même exercent leur domination.
Mais il y a d’autres moteurs de recherche que Google et malgré tout
l’écran ouvre sur le monde. Les réseaux sociaux sont un moyen de sortir d’un
cadre trop contraint.
Pour Dominique Cardon il est
important de « comprendre et décoder ». Il faut demander aux
algorithmes non seulement de nous " montrer la route -comme le GPS - mais aussi le paysage ».
Sur le plateau : Yvon Guillot, Dominique Cardon, Jean-Claude Charrier
Un public nombreux attentif et passionné
Libellés : A quoi rêvent les algorithmes, Big data, Dominique Cardon, Google, machine learning, OMUP ( Observatoire des médias UP), twitter
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