7 avril 2024

Rwanda: 30 ans après, des questions sans réponses

 Je m'intéresse au Rwanda depuis 1971, date à laquelle je devais partir comme coopérant à Kigali après une année de stage à Paris. Finalement je suis parti en Côte d'Ivoire mais ai toujours gardé un intérêt pour ce pays -loin de tout à l'époque - et particulièrement sur le génocide des tutsis de 1994 .

Le 6 avril 1994, l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana était abattu en arrivant à Kigali par des missiles tirés à proximité. Tous les occupants de l'avion sont morts dont également le président burundais. Avec son homologue rwandais il revenait d'Arusha en Tanzanie où venait d'avoir lieu une conférence pour essayer d'apporter la paix au Rwanda en proie à des conflits interethniques depuis plusieurs années. Cet évènement est considéré comme le déclencheur du génocide qui entre avril et juin a fait de 800 000 à 1 million de morts tutsis. 

Comment se fait-il qu'après 30 ans le pouvoir en place à Kigali n'ai pas élucidé et fait connaitre les auteurs de cet attentat. ? 

le président Paul Kagamé au pouvoir depuis 1994, réélu en 2017 avec 98% des voix et qui a modifié la constitution pour se maintenir au pouvoir jusqu'en 2034 dispose de tous les moyens. Le  régime, pour le moins autoritaire - il n'y a pratiquement plus d'opposition - avait à priori tous les moyens pour faire apparaitre la vérité. Le succès politique et économique de Paul Kagamé est incontestable mais ne doit pas empêcher de rechercher la vérité.

La guerre civile en cours au Kivu, province orientale de la République Démocratique du Congo, riche en minerais rares (Coltan), a fait selon les sources entre 4 et dix millions de morts. Le Rwanda voisin  intervient via les milices M23 qui notamment pourchassent les hutus génocidaires qui s'étaient réfugiés au Congo. L'Ouganda, la République Centre-Africaine et bien sûr la RDC sont impliqués.  Ce conflit est réputé comme celui où le viol (+ le sida) est considéré comme une arme de guerre cf. Dr Denis Mukwege prix Nobel de la Paix. C'est un angle mort des médias et de l'actualité internationale. 

Pourquoi une telle discrétion, un tel aveuglement ? 

Ce n'est pas un génocide mais un drame de dimension mondiale insupportable.

Libellés : , , , , ,