22 septembre 2006

Requiem pour les peupliers

Ile Héron : le peuplier, ce mal aimé…




Le peuplier n’a pas la cote. Sur l’île Héron en particulier, où 3400 arbres de cette catégorie maudite doivent être abattus à partir de ce mois de septembre. Au total, 24 hectares boisés sur un total de 31, vont disparaître dans les trois mois ( Ouest-France 15/08). C’est la décision du Conseil Général, propriétaire de 85 % de l’île depuis 2000, le reste, 10 hectares, étant la propriété de la ville de St Sébastien sur Loire. Pourquoi ce festival des tronçonneuses ? Il y en trop – ce qui est sans doute vrai – et le peuplier a semble-t-il tous les défauts : « essence artificielle , émettant des substances toxiques qui bloquent le développement des plantes » en plus « pas cool pour la faune » selon l’avis des experts rapportés dans cet article. Bien qu’il n’aient que 15 ans sur 40 ans à vivre, la sanction est définitive, le sort des peupliers, ces mal-aimés, est scellé. Et il en coûtera quand même à la collectivité, plus de 150 000 euros, déduction faite de la vente du bois.

Pourtant, malgré tous ses défauts, c’est un arbre, plutôt esthétique, qui comme tous les autres arbres, absorbe du dioxyde de carbone, et rejette de l’oxygène ( 1 hectare de forêt produit 15 tonnes d’oxygène par an, et évapore des dizaines de milliers de litres d’eau par jour ). Ce n’est pas rien au cœur d’une ville où la pollution de l’air est si souvent évoquée dans tous les débats sur l’aménagement et les déplacements.

Le paradoxe est que, dans le même temps, où l’on se précipite pour déboiser, « L’agglo nantaise s’invente une forêt urbaine », et que « 1400 hectares d’espaces morcelés ou en friches seront reboisés pour créer un poumon vert dans la capitale régionale » ( O-F. 04/09). C’est un projet sur 20 ans de Nantes Métropole. Le début de cette politique de reboisements de l’agglomération est prévu en 2008, avec un rythme de 30 à 40 hectares par an. C’est un choix positif qui a sa légitimité et qui s’inscrit dans la durée. Ce qui est bien normal quand on parle des arbres, et des forêts.

Dommage que pour les peupliers de l’île Héron – sacrifiés à une reconstitution aléatoire des paysages - ces critères soient passés à la trappe…