Sans foi ni loi
C'était le titre de la conférence débat de l'OMUP vendredi dernier 20 janvier animée par Vincent Colonna sur le thème des séries télé. Sémiologue, philosophe, auteur également de polars remarqués sous le nom de Barouk Salamé, Vincent Colonna est un "personnage" qui ne laisse aucun répit à son auditoire. Déjà accueilli en 2011, il nous avait alors expliqué " Pourquoi les séries nous rendent meilleurs". Cette fois changement de décor avec les séries " Sans foi ni loi" qui font le succès des chaînes payantes. Changement culturel ?
Je reprend le compte rendu fait avec Patrice Saint-André de l'Atelier des médias.
Je reprend le compte rendu fait avec Patrice Saint-André de l'Atelier des médias.
Philosophe,
sémiologue et intellectuel « tout terrain », Vincent Colonna,
interrogé par Mady Magimel, nous livre sa vision des séries télévisées, entre
morale et divertissement.
« La
fiction est censée être indépendante de la morale… Pourtant, les séries
télévisées sont le miroir déformant de notre existence ».
Toute
action, même simple, mobilise des idées morales et des valeurs. La vraie
moralité est ce que l'on vit dans le quotidien. Quand on parle de moralité,
c'est toujours lié aux émotions et, aujourd'hui, on ne sépare plus les émotions
de la raison. L'intelligence émotionnelle souligne la valeur importante donnée
à nos émotions.
Dans les
séries télévisées, les questions morales sont mobilisées. On est touché par le
comportement du héros, cela nous marque...mais quelle influence sur nos propres
comportements ? Les séries nous rendent-elles meilleurs ?
Pour
Bergson (1932), une bonne histoire, c'est la contre-façon de l'expérience.
On peut
distinguer deux types de séries.
La série
« grand public », plutôt consensuelle, sans trop de violence ou de
sexualité, présente un récit dans un format linéaire, avec des rôles bien
établis. On trouve ces séries sur les chaînes généralistes (TF1, France 2, FR3,
M6…). Dans ce type de série, les images et les paroles sont redondantes et
explicites.
La série
d'auteur, sophistiquée dans la forme et dans le fond, diffusées sur les chaînes
payantes, vise des « petits publics », avec des narrations plus
complexes et des sujets « segmentants », pour parler comme les
marketers. La série d'auteur devient amorale, le héros sympathique se
transforme en héros maléfique (Dexter –
Breaking Bad). La série-crise est illustrée par Games of Thrones, la série-destin par Les Soprano.
Les séries
d'auteur se rattachent-elles à la « culture haute », culture élitiste
qui produit des objets persistants ? Dans la « culture basse »,
le récit et la fiction narrative sont essentiels pour mobiliser le spectateur.
Dans les
séries télévisées, les personnages sont plus fouillés que dans les films de
cinéma. On prend le temps de se familiariser avec les personnages. Une bonne
série, c'est 5 à 6 saisons ! A la télévision, l'écoute est faite de
ruptures et d'inattention, contrairement au cinéma où l'écoute est concentrée,
exclusive et continue. Les séries TV se plient à ces contraintes du format
télévisé.
Les séries
TV nous font aussi accepter des évolutions de société, l'homosexualité, les
familles recomposées...Un point positif à mettre au crédit des séries, pourtant
sans foi, ni loi.
Vincent
Colonna fait toutefois observer que pour 75% des téléspectateurs du monde, de
l’Inde au Brésil, c’est la
« telenovela » qui domine le paysage audiovisuel. Elle a une vocation
moralisatrice autant qu’instructive. Un parallèle est fait entre l’instabilité
politique et sociale et le besoin de fictions rassurantes. Sur ce plan « La telenovela est sans doute le
plus formidable contrepouvoir à l’influence des audiovisuels
« impériaux » de l’Amérique et de l’Europe ».
Patrice
Saint –André, Jean-Claude Charrier
Libellés : Breaking Bad, Dexter, Games of Thrones, Les séries télé, Les Soprano, morale et divertissement, OMUP ( Observatoire des médias UP), télénovela, Vincent Colonna
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