Elections américaines : sondages, médias, les mêmes erreurs
La mobilisation électorale devait profiter aux démocrates, les sondages donnaient une avance confortable et constante à Biden devant Trump, certains pronostiquaient même une "vague bleue", la couleur démocrate, qui devait à la fois désigner Biden sans ambigüité à la présidence et modifier la majorité républicaine au Sénat. Si Jo Biden va bien, j'espère, passer le cap des 270 grand électeurs après trois jours de dépouillement, le changement de majorité au Sénat n'est pas du tout acquis aux démocrates. Ce qui risque de rendre difficile la nouvelle gouvernance.
Bref, une nouvelle fois les institutions et professionnels dont la mission est de donner les informations les plus étayées et les plus incontestables possibles, se sont trompées dans beaucoup de domaine. Comme cela a déjà été le cas en 2016 lorsque Hillary Clinton devait à coup sûr gagner. Pourquoi cette persévérance dans l'erreur ? Les antagonismes qui depuis quatre ans se sont développés entre la presse américaine et Donald Trump ont certainement joué au détriment de ce dernier. La presse française dans sa grande majorité a épousé cette optique. Le Trump bashing en oeuvre depuis quatre ans - il y a mis de la bonne volonté ! - ne pouvait conduire la plupart de nos commentateurs à anticiper la résistance de Trump et des républicains dans ces élections. On oublie trop que les élections ce sont les citoyens qui agissent, qui choisissent, qui juge les candidats et leurs politiques, les résultats au niveau de leur vie quotidienne, bien au delà du jugement moral des grands médias.
L'erreur des sondages a été aussi manifeste, a une exception près, celle de l'institut Trafalgar qui s'était déjà distingué en 2016 en pronostiquant la victoire de Donald Trump.( voir La Croix 5 novembre). Cette fois-ci, Robert Cahaly son fondateur va sans doute se tromper en prévoyant la reconduite de Trump, mais il n'a pas cru du tout à la "vague bleue" de ses confrères. Il est intéressant de connaitre son analyse " Il faut passer cinq fois plus d'appels pour débusquer un électeur républicain que pour reconnaître un partisan démocrate" .En d'autres termes, les électeurs mentent, surtout parmi les sympathisants républicains. Robert Cahaly parle d'un "biais de désirabilité sociale" qui pousse l'électorat conservateur à dire aux enquêteurs ce qu'ils voudraient entendre, ces derniers étant classés " politiquement corrects" à l'opposé du trumpisme et de ses forts clivages. L'institut Trafalgar essaie de pondérer ses sondages en ajoutant après la question " Pour qui aller vous voter ? " une autre question " Pour qui pensez-vous que vos voisins vont voter ? Une façon de rechercher l'erreur, " le mensonge". Nous avons eu en France un phénomène de la même ampleur au premier tour de la présidentielle de 2002, avec des sondages qui avait fortement minoré le vote pour Jean-Marie Le Pen, arrivé, à la surprise générale, en deuxième position.
Libellés : Donald Trump, Elections américaines, Institut Trafalgar, Jo Biden, La Croix, Robert Cahaly
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