7 novembre 2020

Elections américaines : sondages, médias, les mêmes erreurs

 La mobilisation électorale devait profiter aux démocrates, les sondages donnaient une avance confortable et constante à Biden devant Trump, certains pronostiquaient même une "vague bleue", la couleur démocrate, qui devait à la fois désigner Biden sans ambigüité à la présidence et modifier la majorité républicaine au Sénat. Si Jo Biden va bien, j'espère, passer le cap des 270 grand électeurs après trois jours de dépouillement, le changement de majorité au Sénat n'est pas du tout acquis aux démocrates. Ce qui risque de rendre difficile la nouvelle gouvernance.

Bref, une nouvelle fois les institutions et professionnels dont la mission est de donner les informations les plus étayées et les plus incontestables possibles, se sont trompées dans beaucoup de domaine. Comme cela a déjà été le cas en 2016 lorsque Hillary Clinton devait à coup sûr gagner. Pourquoi cette persévérance dans l'erreur ? Les antagonismes qui depuis quatre ans se sont développés entre la presse américaine et Donald Trump ont certainement joué au détriment de ce dernier. La presse française dans sa grande majorité a épousé cette optique. Le Trump bashing en oeuvre depuis quatre ans - il y a mis de la bonne volonté ! - ne pouvait conduire la plupart de nos commentateurs à anticiper la résistance de Trump et des républicains dans ces élections. On oublie trop que les élections ce sont les citoyens qui agissent, qui choisissent, qui juge les candidats et leurs politiques, les résultats au niveau de leur vie quotidienne, bien au delà du jugement moral des grands médias.

L'erreur des sondages a été aussi manifeste, a une exception près, celle de l'institut Trafalgar qui s'était déjà distingué en 2016 en pronostiquant la victoire de Donald Trump.( voir La Croix 5 novembre). Cette fois-ci, Robert Cahaly son fondateur va sans doute se tromper en prévoyant la reconduite de Trump, mais il n'a pas cru du tout à la "vague bleue" de ses confrères. Il est intéressant de connaitre son analyse " Il faut passer cinq fois plus d'appels pour débusquer un électeur républicain que pour reconnaître  un partisan démocrate" .En d'autres termes, les électeurs mentent, surtout parmi les sympathisants républicains. Robert Cahaly parle d'un "biais de désirabilité sociale" qui pousse l'électorat conservateur à dire aux enquêteurs ce qu'ils voudraient entendre, ces derniers étant classés " politiquement corrects" à l'opposé du trumpisme et de ses forts clivages. L'institut Trafalgar essaie de pondérer ses sondages en ajoutant après la question " Pour qui aller vous voter ? " une autre question " Pour qui pensez-vous que vos voisins vont voter ? Une façon de rechercher l'erreur, " le mensonge". Nous avons eu en France un phénomène de la même ampleur au premier tour de la présidentielle de 2002, avec des sondages qui avait fortement minoré le vote pour Jean-Marie Le Pen, arrivé, à la surprise générale, en deuxième position.

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9 novembre 2016

Les médias tombent de l'armoire...

Nouveau coup de tonnerre dans le monde médiatique : aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, aucun des grands journaux, des grands médias, n'avait anticipé la victoire, somme toute assez large de Donald Trump. Hier soir encore, sur toutes les antennes, malgré le faible écart donné par les sondages ( 3-4 points) aucun commentateur ne donnait le candidat républicain, vainqueur. J'ai ainsi entendu que c'était du 95 % pour Hillary Clinton et du 5% pour Donald Trump...
Dans cette élection, les journalistes et commentateurs avaient depuis longtemps fait leur choix. En l'occurrence un choix moral : Trump était vraiment infréquentable, à l'opposé de toutes les valeurs du politiquement correct. Il était facile de trouver chez lui la petite phrase qui faisait mouche. Comme disait Fouquier-Tinville  accusateur du tribunal révolutionnaire sous la Terreur " Donnez-moi une petite phrase de n'importe qui, et je l'envoie à la guillotine !". Les médias se sont donc intéressés en priorité, aux petites phrases choquantes de Trump - et elles ont été nombreuses - sans vraiment analyser les raisons de la progression constante de cet OVNI politique qui aurait du être davantage au centre de leurs travail journalistique. Les lunettes moralisatrices ont déformé la réalité qui émergeait. L'engagement, "l'esprit de conviction" l'a constamment emporté sur "l'esprit de responsabilité " qui devrait inciter les journalistes à sortir des à priori moraux pour voir la réalité telle qu'elle est, et à quitter aussi le panurgisme, autre travers constant, qui fait dire aux journalistes la même chose que leurs confrères.
Ce constat vient bien en écho de notre débat de vendredi dernier à l'Observatoire des médias avec Maurice Szafran sur le thème Le journaliste est-il par définition engagé ? J'y reviendrai, mais il avait souligné comment pensée unique et panurgisme avaient déjà conduit à de grandes fractures, entre la presse et l'opinion, en 2005 en France avec le rejet par référendum du traité européen et, il y a moins de 6 mois, le Brexit en Grande Bretagne, que personne dans le monde médiato-politique ne voulait voir venir.

OMUP 4/11/16 - Maurice SZAFRAN interrogé par Gérard Salouze et Jean-Claude Charrier

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3 novembre 2012

Etats-Unis - Chine : quelle hiérarchie ?

Les médias sont tous focalisés sur l'élection américaine, sans trop se soucier de savoir quelles sont les attentes du public. C'est ainsi, tous les quatre ans, grand déploiement de moyens, répétition des mêmes clichés manichéens (Obama le Gentil,Romney le Méchant - qui parle très bien français, mais que je n'ai jamais entendu interviewé), bref rien de très nouveau. Il est vraisemblable qu'Obama va l'emporter, et c'est sans doute souhaitable pour les Américains, mais est-ce que cela aura une grande importance sur la situation du monde ?
Pendant ce temps, des changements très importants se déroule en Chine avec la réunion jeudi prochain du 18è congrès du parti communiste etle remplacement du président Hu Jintao par Xi Jinping et du premier ministre et le renouvellement des instances dirigeantes, dans un contexte politico-économique tendu. Non pas pour quatre ans mais pour dix ans, c'est à dire le temps d'éventuels changements politiques lourds, qui auront une beaucoup plus grande influence sur notre avenir que l'élection américaine. Il serait bon que les médias se tournent davantage vers l'Est que vers l'Ouest.

Pour l'anecdote : comment font tous ces Chinois de plus de 60 ans pour avoir tous leurs cheveux et n'avoir aucun cheveu blanc ? ( La Chine est une énigme...)

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