30 avril 2010

Shanghai mon amour !




Sur la chaine chinoise en français diffusée sur le satellite ( CCTVF), j'ai suivi cet après-midi, l'inauguration de l'Exposition universelle de Shanghai. L'occasion de me remémorer la fascination devant cette ville époustouflante lors de notre voyage en février 2003. A la fois très occidentale par les nombreuses empreintes de l'histoire ( Le quartier français, les magnifiques hotels du Bond, la rue pietonne Nankin), berceau du communisme chinois, mise en quarantaine par Pékin en raison de son passé sulfureux, jusque dans les années 90, mais depuis l'ouverture de l'économie, une gigantesque mégalopole absolument fascinante par son dynamisme, son développement, son audace architecturale ( Le quartier de Pudong de l'autre côté du fleuve Huangpu, qui pendant longtemps était une zone marécageuse, est couverte de buildings qui rivalisent d'audace architecturale : la Perle de l'Orient en forme de bilboquet qui abrite la télé, La tour Jinmao où nous sommes montés au 88è étage à 320 m. de haut offrant un panorama grandiose, mais aujourd'hui dépassée en hauteur par le " Décapsuleur" - pour laisser passer le Dragon au sommet - qui illustre tout à fait l'optimisme, la volonté de développement et de rayonnement de cette ville) un vrai régal pour les architectes français talentueux. C'est justement sur les rives du Haungpu plus en amont que s'est installée l'Expo universelle, à proximité du superbe pont suspendu Nanpu, traversée routière dominant le fleuve d'au moins 50 mètres, à laquelle on accède par une route en colimaçon. Pendant le feu d'artifice d'une 1/2 heure - le plus spectaculaire de l'histoire de l'humanité, TV dixit - je ne pouvais m'empêcher de penser à notre bonne ville de Nantes, qui pourrait aussi avoir dans son paysage un pont transbordeur - le projet existe - qui pour des évènements de cette nature constitue un fantastique support de la mise en scène...
Je ne suis pas naïf, je sais que tout cela à un prix dans des conditions de travail éprouvantes - je garde l'image d'un ouvrier en bleu de travail courant à perdre haleine le midi au milieu des touristes du Bond et risquant peut-être le licenciement pour son retard - mais malgré tout, une forte conscience que cette richesse qui se crée tire le pays vers le haut et même si c'est d'une façon très inégale, tous les chinois en bénéficient, et ils ne veulent pas revenir en arrière.

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20 avril 2010

Van Rompuy et les haïkus

Amateur occasionnel des haîkus, ces petits poèmes japonais qui sont comme des flashs sur la vie, la nature, les saisons, je me réjouis beaucoup de voir le Président de l'Europe, au nom difficilement prononçable de Van Rompuy - ancien premier ministre belge - s'adonner à cette forme modeste de la poésie. " Notre temps a besoin de simplicité" dit-il, lui qui est est non médiatique au possible.
Comme il voyage beaucoup, cet haïku à l'issue d'un voyage récent :

Absent deux jours
un monde qui a changé
Le verger en fleur

et un autre

Le berger ridé
son sourire me remercie
du large pourboire

Dans "mes oeuvres" il y en a un que j'aime bien :

Premier vol de l'oiseau
le chat à l'affût
Le saut de la mort

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17 avril 2010

« Les infiltrés » : le droit d’informer n’est pas au-dessus de la loi et de la morale

Alors que les journalistes viennent d’obtenir par la loi du 4 janvier 2010 sur la protection des sources d’information une loi importante pour la liberté de la presse, car elle leur permet de tenir secret leurs sources d’information, le magazine télévisé de France 2 Les infiltrés de David Pujadas et Hervé Chabalier (agence Capa ) donnent le plus mauvais exemple qui soit. La méthode d’investigation est connue. Il s’agit pour le journaliste travaillant en caméra dissimulée, de se faire passer pour quelqu’un d’autre qu’un journaliste, pour faire éclater les turpitudes du milieu ainsi enquêté. Cela peut concerner le travail au noir, les maisons de reraite,ou comme dans un magazine plus récent, entrer en contact avec des pédophiles. Une étape supplémentaire a été franchie dans ce dernier cas, avec la dénonciation auprès de la police, des personnes connues et rencontrées à l’occasion de cette enquête.
Il ne s’agit pas là de prendre la défense de ceux qui transgressent très gravement la loi, et qui doivent être sanctionnés, mais de savoir si le rôle de la presse et des journalistes est de se transformer en auxiliaires de police. Certes en tant que citoyen le code pénal (article 434-1) nous fait obligation de prévenir les autorités judiciaires si l’on a connaissance d’un crime sur le point d’être commis. Mais justement cette obligation ne s’applique pas aux professions tenues au secret professionnel (article 226-13 du code pénal.) Dans le cas des journalistes, la mission d’information participe à l’intérêt général en dénonçant des pratiques condamnables. Dénoncer à la police les auteurs de ces pratiques, c’est aller bien au-delà et trahir le secret professionnel.
Estimer comme l’ont fait les producteurs de cette émission, qu’il y a des circonstances – crimes odieux, risques d’attentats - où l’efficacité prime devant les principes, c’est se situer dans une logique destructrice, qui a certainement les faveurs de l’opinion publique spontanément du côté des victimes, mais qui, par exemple, a conduit le gouvernement américain à légitimer certaines formes de torture pour lutter contre le terrorisme en Irak. En d’autres termes : La fin justifie-t-elle les moyens ? Poser la question c’est y répondre et situer la frontière entre une société de responsabilité et de droit et une société totalitaire ou barbare. Que des professionnels de grande notoriété aient perdu ces repères – pour faire de l’audience ? – est grave pour la presse dans son ensemble dans une période où les facteurs de fragilisation sont nombreux. Il y a près d’un siècle, la Charte des devoirs des journalistes, rédigée en 1918, indiquait « Un journaliste digne de ce nom ne confond pas son rôle avec celui de policier » et critiquait vivement l’usage « de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque. » Exactement le contraire de ce que font " Les infiltrés".

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15 avril 2010

Roger Chinaud : la vérité des faits


Hymne à la recherche de la vérité dans la presse; hostilité à l'information marchandise et émotionnelle, réhabilitation de l'engagement politique, critique d'Internet " ogre à rumeurs" : autant de thèmes développés avec passion par Roger Chinaud ancien bras droit de Giscard d'Estaing, et intervenant de la conférence " Médias et politique, qu'en pensent les politiques ? ( à propos de son dernier livre: De Giscard à Sarkosy, dans les coulisses de la Ve - l'Archipel )
Compte-rendu très fidèle de Cyrielle Gendron de CitiZen- Nantes
http://www.citizen-nantes.com/article-medias-et-politique-qu-en-pensent-les-politiques-avec-roger-chinaud-48564957.html

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5 avril 2010

Je n'aime pas Pierre Joxe !

Fatigué d'entendre et de voir Pierre Joxe, ex membre du Conseil constitutionnel, qui se répand sur toutes les antennes, sur le thème " Ah j'ai bien failli démissionner : du CC en raison des décisions prises contre mon avis que je ne pouvais faire connaître, comme la nomination des présidents de chaînes; du 1er gouvernement de François Mitterrand lorsque les généraux " félons" de l'Algérie Française, ont été amnistiées, etc." Que ne l'a-t-il fait ! Il faut savoir ce que l'on veut.
Je ne lui reproche pas sa filiation avec Louis Joxe qui a été un grand ministre de De Gaulle, même si je suis légèrement agacé par ces grands bourgeois, fils de - idem Fabius - qui font carrière au PS et donne volontiers des leçons à tout le monde.
Plus précisement, j'ai un très mauvais souvenir d'une rencontre avec Pierre Joxe à l'époque ministre de l'Intérieur et qui présidait une réunion d'élus locaux socialistes, dont je faisais partie. J'avais soulevé le problème des incompatibilités et des inéligibilités professionnelles qui touchaient - et touchent encore pour certaines - les agents des administrations financières. En gros un simple agent des finances ne pouvait être maire ou adjoint dans aucune des communes du département où il était affecté. Pour le conseil général et le conseil régional, c'est une inéligibilité qui s'applique ( art.195 § 11 du code électoral) qui empêche n'importe quel agent des finances de se présenter dans son département où sa région ( pour les autres administrations, ces limites ne s'appliquent qu'aux chefs de service départementaux ).
Pierre Joxe avait répondu, avec ce que j'ai ressenti comme de la désinvolture et une certaine condescendance, qu'il avait connu comme élu un collègue pour lequel la question s'était posé, mais qu'une solution avait été trouvé (?). Au plan général, grosso modo, il "conseillait" de changer d'administration, sans voir d'aucune façon ce qu'avait d'archaïque cette législation. Bien entendu, les énarques n'étaient pas concernés par ces limites, et sans doute à ses yeux, c'était l'essentiel ! j'avais trouvé son attitude indigne, venant de la part d'un " camarade" qui était là pour aider les modestes élus locaux...
Je dois à la vérité de dire que c'est Michel Charasse, alors secrétaire d'Etat au Budget, que nous avions sollicité avec plusieurs collèges, qui par un amendement a fait modifier le code des communes, pour permettre aux agents des impôts de pouvoir être élus , maire ou adjoint dans leur commune, dès lors qu'ils n'ont pas compétence professionnelle sur cette commune. Merci Charasse! moins snob et arrogant que Pierre Joxe. Fermez le ban !
Sur cette question, d'incompatibilité ou d'inéligibilité, je trouve qu'avec la décentralisation, pour les administrations des collectivités locales, nous sommes passés dans un excès inverse. Voir de nombreux élus en charge de responsabilités dans une ville, être en même temps, attaché ou chef de service dans l'administration de la ville d'à côté, qui appartient à la même communauté de communes, me choque profondément. Quelle indépendance peut-on avoir de ce cas ?
Cela est à inscrire au passif de notre vie démocratique qui s'alourdit de plus en plus.

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2 avril 2010

Le bouclier fiscal des pauvres

Parmi les 2/3 des 14000 bénéficiaires du bouclier fiscal, il y a des smicards ou des bénéficiaires des revenus sociaux : comment est-ce possible ? Pour une raison simple, ils sont propriétaires de leur logement et par là même redevable de la taxe foncière, qui est une taxe basée sur la valeur locative de l’immeuble. A la différence de la taxe d’habitation qui peut être réduite – voire exonérée - en fonction des revenus, la taxe foncière ne connait pratiquement pas d’exonération ou de réduction. Seules les personnes âgées de plus de 75 ans et non imposables à l’impôt sur le revenu en sont exonérées. C’est pourquoi, en nombre, et non en valeur, le plus grand nombre des restitutions concerne la taxe foncière ( la moyenne est de 580 € ) à des contribuables qui ont des revenus très faibles, résidant pour beaucoup dans les départements d’outre-mer. Ce sont les pauvres du bouclier fiscal. A l’autre extrémité les 1000 plus gros bénéficiaires ont touché 337,2 millions d’euros. On peut difficilement imaginer contraste plus grand ! Légitimement ils concentrent l’attention des médias et des politiques par leur poids symbolique.

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1 avril 2010

Le Pérou

Un ami d'enfance, prêtre, qui a beaucoup exercé en Afrique et au Pérou où à 67 ans il vient de retourner, donne périodiquement de ses nouvelles par circulaire. L'extrait qui suit est passionnant sur la vie au quotidien dans une ville qui s'appelle Huaycan.

LES MURS DE CONTENTION ET LES “MERES COURAGE

Un des problèmes de Huaycan est l’ hábitat à flanc de montagne. Quand j’ ouvre ma porte – j’ habite seul une petite maison confortable au pied des monts- je suis subjugué par un grand escalier, qui tel l’ èchelle de Jacob, monte jusqu’ au ciel; au bout de 284 marches – j’ ai compté- et tout là-haut il y a encore les petites maisons, typiques, en bois de recup’ juchées sur les sommets. Cet habitat est dangereux, à cause des éboulements, où simplement d’ une pierre qui dévale et qui transperce les chaumières comme si c’ était des boîtes d’ alumettes., sans parler des enfants et des personnes âgées.
C’ est pourquoi le gouvernement du très néoliberal Alan Garcia a instauré les chantiers d’ intérêt public : on établit des paliers horizontaux, qui font office de rues pour la sécurité et la viabilité.. Chantiers de terrassements, qui s’ appuient sur des murs de contention, lequel mur fait deux mètres d’ épaisseur à la base et 60 cm au sommet, Vendredi j’ ai visité une dizaine de chantiers pour saluer mes amis qui me connaissent et les inviter à la Semaine Sainte.
Qui sont les travailleurs? à 90 % des femmes. Les hommes se réservent les emplois nobles de tailleurs de pierre, de maçons et de chefs.. Tout le monde porte un uniforme rouge et une large ceinture noire obligatoire pour soutenir les abdominaux, comme les sportifs haltérophiles. On travaille à la manière de “nos ancêtres les incas”, c’ est-à-dire que l’ outillage est identique à celui du quinzième siècle. Je n’ ai pas vu de brouettes (les incas n’ avaient pas inventé la roue !), mais tout est transporté dans les “mantas” (*1), des toiles fortes pour porter les pierres, la terre et le sable.. J’ ai vu dix femmes soulever une pierre de 80 kilos dans la manta. Les seuls outils sont les pelles, les pioches et les barres à mine.. C’ est une chaîne humaine qui apporte les seaux de béton, les pierres et les sacs de sable ou de terre. Huit heures par jour, cinq jours par semaine, le salaire payé à la semaine est de 80 soles, 336 sole par mois ( = 84 €), alors que le salaire mínimum d’ un ouvrier d’ usine est de 600 soles par mois, près du double.
Une femme très jeune, avec son parler franc, que j’ aurais plutôt vu à l’ université, me fait : “Padrecito, tu as sous les yeux les esclaves des temps modernes”: Les autres pouffent de rire, elles disent :.”c’ est une rebelle, elle a le diable au corps”
J’ ai une vive conscience d’ être le pasteur de ces “mères courage”, même si en visitant les chantiers je me sens un peu ridicule, car je n’ aurais pas la force de travailler ainsi sous le soleil par 28 degrés à l’ ombre, J’ espére avoir l’ occasion de rencontrer celle que les autres appellent la rebelle pour lui dire que Jésus a proclamé “bienheureux” ceux et celles qui avaient faim et soif de justice..
......
(*1)´la manta péruvienne est une toile de coton aux couleurs chatoyantes pour porter le bébé dans le dos::: la femme porte l’ enfant; curieux progrès qui lui fait porter des cailloux !

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