20 février 2018

Wauquiez, le buzz à tout prix

Le contexte dans lequel a pris naissance "L'affaire Wauquiez" est éclairant sur les pratiques de certains médias audiovisuels, comme le montre les extraits ci-dessous de Ouest-France.fr, de ce matin. Ce qui l'est encore plus c'est le buzz créé dans les grands médias audiovisuels autour de ces propos. Tout le week end, les titres, les commentaires, la hiérarchie de l'information, ont été centrés sur ces propos de comptoir, sortis de leur contexte. Je doute qu'ils correspondent aux préoccupations des Français.



Pour certains étudiants de l'EM Lyon, les extraits de Laurent Wauquiez diffusés par Quotidien ne reflètent pas du tout le cours qui a été dispensé dans leur école par le président des Républicains. Trois étudiants ayant assisté au cours reviennent sur la façon dont certains d'entre eux ont été contactés par un journaliste de Quotidien, sur la teneur du cours de Laurent Wauquiez et sur le décalage entre les propos diffusés par l'émission et la réalité de ce qu'ils y ont entendu.

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Pendant deux jours seront abordés des sujets aussi vastes que la gestion des collectivités territoriales, la transparence des médias, la dépense publique ou encore l’incarnation du pouvoir à travers l’Histoire. Chaque fois, l’intervention de Laurent Wauquiez est suivie d’un temps de question-réponse.


Quotidien détourne-t-il sciemment les propos de Laurent Wauquiez? Pour Jean, il y a un problème avec la façon dont a été réalisé le montage de l’enregistrement du président Les Républicains. «Les propos diffusés trahissent ce qui s’est dit pendant le cours car on ne comprend pas dans quel contexte ils ont été prononcés. Presque tout le temps, ces phases sont en réalité des réponses à des questions que nous lui posons. Parfois, il reprend les termes que nous avons nous-mêmes employés dans la question. […] Sur Macron, si vous reprenez les 5 secondes avant la phrase diffusée et les 5 secondes après, on comprend très bien qu’il s’agit d’humour.»

Même critique chez Paul, qui explique que les propos qui sont ressortis «ne sont pas du tout fidèles au cours qui nous a été dispensé. Deux minutes 45 pour six heures de cours pour la seule journée de jeudi».

Pour enfoncer le clou, Jean raconte avec humour qu’après la tribune, des étudiants de gauche lui ont confié qu’ils ne s’attendaient pas à devoir défendre un jour Laurent Wauquiez.


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14 février 2018

Le désenchantement de l'internet - Romain Badouard

Passionnante, convaincante et d'une grand clarté, telle a été la conférence débat de Romain Badouard vendredi dernier devant l'OMUP et environ 300 personnes. Maitre de conférence à l'université de Cergy Pontoise, il est, dans la nouvelle génération  avec Gérald Bronner et Dominique Cardon, un des meilleurs observateurs des évolutions d'internet. Son dernier livre Le désenchantement de l'internet, Désinformation, rumeur et propagande ( Ed. FYP Limoges) est un excellent outil pour comprendre ce qui se joue sur internet.

 Romain Badouard retient sept points pour expliquer comment internet transforme et met en péril la démocratie.
1 - Nous vivons la fin des gatekeepers c'est à dire des gardiens de l'information qu'étaient les journalistes qui contrôlaient le droit de s'exprimer. Aujourd'hui le filtrage se fait par les algorithmes. C'est un contrôle éditorial à postériori.
2 - La parole d'autorité liée au statut, à l'expertise, est mise en cause. Ce qui compte c'est la "popularité" , le nombre de liens sur les réseaux sociaux. Les discussions  doivent se faire d'égal à égal.
3 - La frontière entre vie publique et vie privée disparaît. C'est une constatation que nous pouvons faire chaque jour dans la société et les médias cf " Balance ton  porc".
4 - La dimension identitaire. Ce que nous partageons, nous donne une identité numérique qui nous intègre dans un groupe qui nous ressemble. La dimension identitaire est particulièrement grande dans la diffusion des fakes news ( fausses nouvelles).
5 - La démocratie " push button" . "La démocratie des paresseux"  où de son fauteuil par un clic, on signe des pétitions. C'est aussi un moyen politique pour ceux qui ne maitrisent pas l'écrit ou la parole. A l'exemple du printemps en Tunisie, où le push button  a été un outil central de mobilisation.
6 - L'enfermement idéologique de l'internet. Internet incite à " se conforter dans son opinion plutôt que se confronter". Google met en place des bulles de filtrage qui renforcent les points de vue de l'internaute et ignorent d'autres aspects. Les algorithmes proposent en fonction des recherches antérieures. Exemples : les aveux de cécité de grands éditorialistes anglo-saxons face au Brexit et à la montée de Trump. C'est le règne de la post vérité où il est donné plus d'importance aux émotions et aux opinions qu'à la réalité des faits.
7 - La privatisation de l'internet. La censure ou le contrôle sont plus compliqués s'agissant de contrôle à postériori. Les grands opérateurs sont dans une idéologie LiLi ( libérale libertaire) qui va à l'encontre des contraintes d'ordre public. Toutefois face à la désinformation, aux fake news, aux rumeurs envahissantes, et à la crise démocratique, une prise de conscience des GAFAN ( google, amazon, facebook, apple, netfix) est en cours. Mais les méthodes et objectifs restent opaques.

Romain Badouard propose de reprendre possession de l'internet. L'éducation doit y occuper une grande place.                                                                            

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11 février 2018

NDDL, la fake news de Ouest France


130 000 opposants hier sur le site de NDDL ! ( page 18 de dimanche  Ouest France édition Nantes). A priori selon les organisateurs c'était 30 000  et 8 500 selon la police ( Chiffres cités par Presse Océan, mais seulement le chiffre des organisateurs est cité dans OF). Une très belle fake news dans le grand quotidien de l'ouest volontiers donneur de leçons dans le domaine déontologique.Après le mensonge par omission à propos du dernier sondage de popularité d'Emmanuel Macron, cela fait beaucoup.

http://polemiquevictor.blogspot.fr/2018/02/pourquoi-ouest-france-perd-des-lecteurs.html




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6 février 2018

Internet, un danger pour la démocratie

Nous recevons vendredi 9 février, dans le cadre de l'OMUP, Romain Badouard, jeune universitaire sur le thème du désenchantement de l'internet.



OBSERVATOIRE DES MEDIAS DE L’UNIVERSITE PERMANENTE – 9 février
Le désenchantement de l’Internet. Désinformation, rumeur et propagande
Romain BADOUARD

Romain BADOUARD est maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise et chercheur au sein du laboratoire AGORA. Ses recherches portent principalement sur les mouvements d'opinion, les mobilisations politiques et la participation citoyenne sur internet. Il enseigne au sein du parcours "Journalisme, Edition, Communication" ainsi qu'en master de journalisme à Gennevilliers des cours portant sur les enjeux socio-politiques du numérique,  et les méthodes d'enquête en ligne. Il est par ailleurs co-rédacteur en chef de la revue Participations, revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, et membre du comité de rédaction de la revue Hermès. Depuis 2017, il est membre de l'Observatoire "Médias et Education" du CSA. Il a publié en 2017 Le désenchantement de l'Internet. Désinformation, rumeur et propagande, aux Editions FYP.
Internet est-il devenu l’ennemi de la démocratie ?
Rumeur, fake news, harcèlement, propagande, surveillance généralisée…, le débat public en ligne s’est transformé en véritable champ de bataille. Pourtant, il y a encore une dizaine d’années, on louait l’exemplarité de l’internet comme étant l’outil d’un renouveau démocratique. Comment expliquer ce retournement ? Romain Badouard s’est penché  sur les enjeux politiques de l’internet. Dans son dernier essai, il  montre que le pouvoir se loge au coeur même des technologies. Internet porte en lui un modèle communautariste qui favorise les clivages. Dans cet univers profondément conflictuel, l’enjeu n’est plus d’échanger, mais d’occuper l’espace. La dérégulation généralisée du marché de l’information fait peser de sérieuses menaces sur l’exercice de la liberté d’expression.
C’est la défense de l’internet comme bien commun qui est en train de se jouer aujourd’hui. Et parce que le numérique est l’affaire de tous, c’est aussi l’avenir de nos démocraties dont il est question.
Présentation Madie Magimel
Vendredi 9 février – Amphi 400, Fac de Pharmacie, 9 rue Bias, Nantes – 14 h 30 à 16 h 8 € pour les personnes non inscrites au cycle de conférences de l’Observatoire des médias ( code 035001), dans la limite des places disponibles.

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3 février 2018

Pourquoi Ouest France perd des lecteurs

Avez-vous lu dans votre grand quotidien régional de l'Ouest, que la popularité d'Emmanuel Macron a chuté de 50 % dans les pays de la Loire et en Bretagne, en un mois, selon le dernier sondage fin janvier de l'institut BVA, passant de 66 % d'opinion favorables à 34 %  ? Une chute exceptionnelle, peut être sans précédent, qui devrait intéresser le lecteurs de ces régions, en  vertu du principe de proximité  bien connu dans la  presse. Les grands quotidiens en ont parlé et Le Télégramme a sauvé l'honneur de la presse régionale, en  publiant ces chiffres avec ceux du même sondage qui montre une chute de popularité du président et du premier ministre sur le plan national.
Le rapprochement avec la décision concernant l'abandon de l'aéroport NDDL est relevé par tous les commentateurs. Est-ce cela qui gêne Ouest France, qui au moins sur Nantes a plutôt soutenu cette position ? Un mensonge par omission selon les préceptes chrétiens chers au journal ?
Quoi qu'il en soit, ne pas donner à ses lecteurs les informations fiables et vérifiées qui les concernent, c'est prendre le risque de rompre un peu plus le lien de confiance que doit avoir un journal rigoureux avec ses lecteurs.

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