« Les infiltrés » : le droit d’informer n’est pas au-dessus de la loi et de la morale
Alors que les journalistes viennent d’obtenir par la loi du 4 janvier 2010 sur la protection des sources d’information une loi importante pour la liberté de la presse, car elle leur permet de tenir secret leurs sources d’information, le magazine télévisé de France 2 Les infiltrés de David Pujadas et Hervé Chabalier (agence Capa ) donnent le plus mauvais exemple qui soit. La méthode d’investigation est connue. Il s’agit pour le journaliste travaillant en caméra dissimulée, de se faire passer pour quelqu’un d’autre qu’un journaliste, pour faire éclater les turpitudes du milieu ainsi enquêté. Cela peut concerner le travail au noir, les maisons de reraite,ou comme dans un magazine plus récent, entrer en contact avec des pédophiles. Une étape supplémentaire a été franchie dans ce dernier cas, avec la dénonciation auprès de la police, des personnes connues et rencontrées à l’occasion de cette enquête.
Il ne s’agit pas là de prendre la défense de ceux qui transgressent très gravement la loi, et qui doivent être sanctionnés, mais de savoir si le rôle de la presse et des journalistes est de se transformer en auxiliaires de police. Certes en tant que citoyen le code pénal (article 434-1) nous fait obligation de prévenir les autorités judiciaires si l’on a connaissance d’un crime sur le point d’être commis. Mais justement cette obligation ne s’applique pas aux professions tenues au secret professionnel (article 226-13 du code pénal.) Dans le cas des journalistes, la mission d’information participe à l’intérêt général en dénonçant des pratiques condamnables. Dénoncer à la police les auteurs de ces pratiques, c’est aller bien au-delà et trahir le secret professionnel.
Estimer comme l’ont fait les producteurs de cette émission, qu’il y a des circonstances – crimes odieux, risques d’attentats - où l’efficacité prime devant les principes, c’est se situer dans une logique destructrice, qui a certainement les faveurs de l’opinion publique spontanément du côté des victimes, mais qui, par exemple, a conduit le gouvernement américain à légitimer certaines formes de torture pour lutter contre le terrorisme en Irak. En d’autres termes : La fin justifie-t-elle les moyens ? Poser la question c’est y répondre et situer la frontière entre une société de responsabilité et de droit et une société totalitaire ou barbare. Que des professionnels de grande notoriété aient perdu ces repères – pour faire de l’audience ? – est grave pour la presse dans son ensemble dans une période où les facteurs de fragilisation sont nombreux. Il y a près d’un siècle, la Charte des devoirs des journalistes, rédigée en 1918, indiquait « Un journaliste digne de ce nom ne confond pas son rôle avec celui de policier » et critiquait vivement l’usage « de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque. » Exactement le contraire de ce que font " Les infiltrés".
Il ne s’agit pas là de prendre la défense de ceux qui transgressent très gravement la loi, et qui doivent être sanctionnés, mais de savoir si le rôle de la presse et des journalistes est de se transformer en auxiliaires de police. Certes en tant que citoyen le code pénal (article 434-1) nous fait obligation de prévenir les autorités judiciaires si l’on a connaissance d’un crime sur le point d’être commis. Mais justement cette obligation ne s’applique pas aux professions tenues au secret professionnel (article 226-13 du code pénal.) Dans le cas des journalistes, la mission d’information participe à l’intérêt général en dénonçant des pratiques condamnables. Dénoncer à la police les auteurs de ces pratiques, c’est aller bien au-delà et trahir le secret professionnel.
Estimer comme l’ont fait les producteurs de cette émission, qu’il y a des circonstances – crimes odieux, risques d’attentats - où l’efficacité prime devant les principes, c’est se situer dans une logique destructrice, qui a certainement les faveurs de l’opinion publique spontanément du côté des victimes, mais qui, par exemple, a conduit le gouvernement américain à légitimer certaines formes de torture pour lutter contre le terrorisme en Irak. En d’autres termes : La fin justifie-t-elle les moyens ? Poser la question c’est y répondre et situer la frontière entre une société de responsabilité et de droit et une société totalitaire ou barbare. Que des professionnels de grande notoriété aient perdu ces repères – pour faire de l’audience ? – est grave pour la presse dans son ensemble dans une période où les facteurs de fragilisation sont nombreux. Il y a près d’un siècle, la Charte des devoirs des journalistes, rédigée en 1918, indiquait « Un journaliste digne de ce nom ne confond pas son rôle avec celui de policier » et critiquait vivement l’usage « de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque. » Exactement le contraire de ce que font " Les infiltrés".
Libellés : David Pujadas, Hervé Chabalier, Les infiltrés, loi 4 janvier 2010
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