19 novembre 2016

Maurice SZAFRAN La presse n’invente rien, elle a un rôle amplificateur



Conférence débat OMUP le 4 novembre 2016 - Le journaliste est-il par définition engagé ? 





Pour Maurice Szafran l’engagement est d’abord la ligne éditoriale qui peut être une ligne de neutralité. Tous les médias sont donc engagés. C’est particulièrement vrai en France où le modèle est très politique pour des raisons historiques. En résulte-t-il ou non, une influence sur le traitement de l’information ? La réponse est à nuancer, si l’on distingue l’information proprement dite, du commentaire. Le titre retenu, l’annonce, sont souvent significatif de l’orientation donnée par le média. Pour une bonne information, il faut du temps des moyens et de l’argent. Les réseaux sociaux ignorent le temps, les médias réduisent ou manquent d’argent et de moyens humains.
Les médias ont-ils un rôle déterminant dans la formation de l’opinion, comme l’idée est répandue dans une vision complotiste des grands supports radio-télé ?
Maurice Szafran n’adhère pas à cette vision  complotiste : globalement « la presse n’invente rien , elle a un rôle amplificateur » qui peut être jugé excessif (lynchage médiatique). Il ne conteste pas les phases de « bashing » menées notamment dans les affaires judiciaires. Mais relativise leur portée en rappelant la diffusion en kiosque des journaux ou magazines nationaux: Le Point 60 000 exemplaires, Libération 15 000 exemplaires…Il souligne également que le panurgisme, le fait de dire la même chose, est un défaut récurrent de la presse qui n’est pas sans lien avec la concentration des médias aux mains de quelques responsables de grands groupes : Patrick Drahi, Xavier Niel, Bernard Arnault, François Pinault…
« La pensée unique » est la conséquence de cette concentration et du panurgisme des grands médias «  même si Le Point reste surprenant ». L’impact sur l’opinion n’est ni automatique, ni unilatéral. Un exemple évident : le rejet par référendum du traité européen en 2005 à une nette majorité alors que les éditorialistes et grands médias audio visuels quasi unanimes, appelaient à la  ratification. Une illustration supplémentaire est venue de Grande-Bretagne avec le Brexit que la presse ne voulait pas voir (on peut ajouter l’élection du président américain intervenue depuis, et que 95 % de la presse n’avait pas pronostiquée). La place prise par les réseaux sociaux est évidente, pour contrecarrer la pensée unique.
Maurice Szafran constate que la pensée unique évolue de la gauche vers la droite. C’est la droite qui est dominante aujourd’hui. Dans le constat des effets du panurgisme et de l’imitation, il relève les exceptions françaises : Le Canard Enchaîné, centenaire immuable, différent,  et riche ( 120 millions de réserves), Médiapart exemple de pure player qui a trouvé  public et financement, et aussi des journaux ou hebdos qui ont trouvé un chemin et une cohérence ( La Croix, Télérama). Il note également la qualité de la presse hebdomadaire française, jugé «  La meilleure du monde ».

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9 novembre 2016

Les médias tombent de l'armoire...

Nouveau coup de tonnerre dans le monde médiatique : aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, aucun des grands journaux, des grands médias, n'avait anticipé la victoire, somme toute assez large de Donald Trump. Hier soir encore, sur toutes les antennes, malgré le faible écart donné par les sondages ( 3-4 points) aucun commentateur ne donnait le candidat républicain, vainqueur. J'ai ainsi entendu que c'était du 95 % pour Hillary Clinton et du 5% pour Donald Trump...
Dans cette élection, les journalistes et commentateurs avaient depuis longtemps fait leur choix. En l'occurrence un choix moral : Trump était vraiment infréquentable, à l'opposé de toutes les valeurs du politiquement correct. Il était facile de trouver chez lui la petite phrase qui faisait mouche. Comme disait Fouquier-Tinville  accusateur du tribunal révolutionnaire sous la Terreur " Donnez-moi une petite phrase de n'importe qui, et je l'envoie à la guillotine !". Les médias se sont donc intéressés en priorité, aux petites phrases choquantes de Trump - et elles ont été nombreuses - sans vraiment analyser les raisons de la progression constante de cet OVNI politique qui aurait du être davantage au centre de leurs travail journalistique. Les lunettes moralisatrices ont déformé la réalité qui émergeait. L'engagement, "l'esprit de conviction" l'a constamment emporté sur "l'esprit de responsabilité " qui devrait inciter les journalistes à sortir des à priori moraux pour voir la réalité telle qu'elle est, et à quitter aussi le panurgisme, autre travers constant, qui fait dire aux journalistes la même chose que leurs confrères.
Ce constat vient bien en écho de notre débat de vendredi dernier à l'Observatoire des médias avec Maurice Szafran sur le thème Le journaliste est-il par définition engagé ? J'y reviendrai, mais il avait souligné comment pensée unique et panurgisme avaient déjà conduit à de grandes fractures, entre la presse et l'opinion, en 2005 en France avec le rejet par référendum du traité européen et, il y a moins de 6 mois, le Brexit en Grande Bretagne, que personne dans le monde médiato-politique ne voulait voir venir.

OMUP 4/11/16 - Maurice SZAFRAN interrogé par Gérard Salouze et Jean-Claude Charrier

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4 octobre 2016

Les médias à la loupe

C'est le titre de Presse Océan ce matin, dans un papier court, mais où figure l'essentiel du programme 2016/2017 de l'Observatoire des médias de l'université permanente (OMUP), que j'anime avec une équipe d' auditeurs et anciens auditeurs de l'Atelier des médias. Depuis 2006, ce sont plus de 100 conférences débats qui ont été organisées au CCO avec des étudiants de l'UP qui sont fidèles à l'Observatoire ( plus de 200 abonnés chaque année).


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