Un enfant par tous les moyens
A propos d'un article récent paru dans Ouest France, ce texte de Geneviève Charrier Lebailly, paru dans le forum du journal ce matin 4 juin dans l'édition de Nantes.
Un enfant est toujours une promesse d’avenir pour ses proches et la sincérité de sa famille à vouloir lui donner une vie heureuse est certaine. Impossible cependant pour moi de partager l’enthousiasme de la grand-mère qui explique la façon dont tous les moyens ont été pris pour combler le désir des deux hommes qui élèvent cet enfant venus d’ailleurs, né d’une grossesse pour autrui, d’une femme dont on sait qu’elle ne pourra jamais être vraiment sa mère du fait de l’éloignement.
Le désir d’enfant est très profond, mais qu’en est-il de l’enfant lui-même ? Chaque parent peut un jour se poser la question de ses motivations intimes à son égard. La tentation n’est elle jamais de réaliser en nos enfants nos propres désirs plutôt que d’accompagner leurs choix pour se construire un avenir personnel ? La générosité est difficile dans toute éducation.
Dans le cas de l’enfant né par mère porteuse, appelée aussi « gestation pour autrui » l’autre désigné n’est pas d’abord l’enfant, son intérêt n’est pas réellement au centre ; ce sont les désirs d’adultes qui priment. Même en dehors d’un contexte marchand de cette grossesse, la générosité invoquée de don d’enfant entre proches, est grandement illusoire, tant des relations complexes s’instaurent forcément entre les adultes impliqués dans la naissance particulière de cet enfant.
La mère porteuse est le moyen, elle doit s’interdire un attachement réel pour l’enfant qu’elle porte. Alors que l’on connait l’importance de la vie intra-utérine comme socle de la vie psychique, ceci est minimisé. Quid de cette femme ? Quid de la filiation de l’enfant, constitutive de sa psychologie profonde, au niveau conscient et inconscient ? Nous n’avons pas de recul à ce sujet, mais l’enfant qui n’est pas encore né, mérite qu’on évite de lui créer bien des difficultés.
Le recours à des mères porteuses est déjà un fait pour des personnes qui en ont pris la responsabilité. Sans accabler les protagonistes de ces naissances, Il me semble nécessaire que la société refuse la banalisation du droit à l’enfant à tout prix, et par souci éthique, applique le principe de précaution si souvent invoqué pour d’autres sujets.
La grossesse pour autrui constitue une quête de bonheur pathétique et se situe au-delà du raisonnable.
La société ne peut impunément ajouter « l’acharnement à faire naître » à d’autres excès dont elle doit nous protéger comme l’acharnement thérapeutique ou dans le domaine de l’environnement, un productivisme outrancier. A l’époque du « développement durable » les hommes sont invités à plus de modération dans leurs désirs. Nous avons chacun pour ce qui nous concerne, à en accepter des limites.
Je crois que toute vie humaine comporte des désirs légitimes inassouvis et que chacun aspire au respect partagé.
Geneviève Charrier - Lebailly
Un enfant est toujours une promesse d’avenir pour ses proches et la sincérité de sa famille à vouloir lui donner une vie heureuse est certaine. Impossible cependant pour moi de partager l’enthousiasme de la grand-mère qui explique la façon dont tous les moyens ont été pris pour combler le désir des deux hommes qui élèvent cet enfant venus d’ailleurs, né d’une grossesse pour autrui, d’une femme dont on sait qu’elle ne pourra jamais être vraiment sa mère du fait de l’éloignement.
Le désir d’enfant est très profond, mais qu’en est-il de l’enfant lui-même ? Chaque parent peut un jour se poser la question de ses motivations intimes à son égard. La tentation n’est elle jamais de réaliser en nos enfants nos propres désirs plutôt que d’accompagner leurs choix pour se construire un avenir personnel ? La générosité est difficile dans toute éducation.
Dans le cas de l’enfant né par mère porteuse, appelée aussi « gestation pour autrui » l’autre désigné n’est pas d’abord l’enfant, son intérêt n’est pas réellement au centre ; ce sont les désirs d’adultes qui priment. Même en dehors d’un contexte marchand de cette grossesse, la générosité invoquée de don d’enfant entre proches, est grandement illusoire, tant des relations complexes s’instaurent forcément entre les adultes impliqués dans la naissance particulière de cet enfant.
La mère porteuse est le moyen, elle doit s’interdire un attachement réel pour l’enfant qu’elle porte. Alors que l’on connait l’importance de la vie intra-utérine comme socle de la vie psychique, ceci est minimisé. Quid de cette femme ? Quid de la filiation de l’enfant, constitutive de sa psychologie profonde, au niveau conscient et inconscient ? Nous n’avons pas de recul à ce sujet, mais l’enfant qui n’est pas encore né, mérite qu’on évite de lui créer bien des difficultés.
Le recours à des mères porteuses est déjà un fait pour des personnes qui en ont pris la responsabilité. Sans accabler les protagonistes de ces naissances, Il me semble nécessaire que la société refuse la banalisation du droit à l’enfant à tout prix, et par souci éthique, applique le principe de précaution si souvent invoqué pour d’autres sujets.
La grossesse pour autrui constitue une quête de bonheur pathétique et se situe au-delà du raisonnable.
La société ne peut impunément ajouter « l’acharnement à faire naître » à d’autres excès dont elle doit nous protéger comme l’acharnement thérapeutique ou dans le domaine de l’environnement, un productivisme outrancier. A l’époque du « développement durable » les hommes sont invités à plus de modération dans leurs désirs. Nous avons chacun pour ce qui nous concerne, à en accepter des limites.
Je crois que toute vie humaine comporte des désirs légitimes inassouvis et que chacun aspire au respect partagé.
Geneviève Charrier - Lebailly
Libellés : gestation pour autrui, mère porteuse
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