Obama parle vrai aux Africains
Edito de La Croix, le 13 juillet à propos du discours aux Africains de Barak Obama
ÉDITORIAL
«Africa, yes, you can»
Guillaume Goubert
Pour son premier discours en Afrique noire, Barack Obama a tenu un langage de vérité.
« L’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats. » Imagine-t-on un chef d’État européen tenir un tel propos à la tribune d’un Parlement africain et recueillir au final une ovation, comme ce fut le cas pour Barack Obama, samedi, à Accra ? Nicolas Sarkozy peut témoigner de la difficulté de l’exercice, lui dont le discours sur l’Afrique prononcé à l’université de Dakar en juillet 2007 suscita la controverse : un propos malheureux sur « l’homme africain (qui) n’est pas assez entré dans l’histoire » éclipsa tout le reste du texte, notamment une condamnation très dure de la traite négrière, « crime contre l’humanité », et de la colonisation qui « fut une grande faute ».
Ce sont bien sûr ses propres origines africaines qui ont permis à Barack Obama de tenir un discours sans complaisance dans la capitale ghanéenne. Les difficultés actuelles du continent noir, il les a mesurées dans sa propre famille, rappelant que « le tribalisme et le népotisme » ont longtemps bloqué la carrière de son père dans l’administration kényane. Il a récusé aussi toutes les propensions victimaires auxquelles pourraient se laisser aller les Africains en soulignant qu’aux États-Unis, « les Afro-Américains réussissent dans tous les secteurs de la société (…) en dépit d’un passé difficile ».
Il faut se réjouir que Barack Obama ait usé de la liberté de parole que lui donne sa propre histoire. Cela peut encourager les Africains à prendre enfin leurs difficultés à bras-le-corps et à construire une véritable démocratie. « Yes, you can », « Oui, vous le pouvez », a lancé le président américain, s’appuyant sur le slogan de sa campagne électorale. Attention cependant : il serait déplorable que ce langage de vérité serve, un tant soit peu, à légitimer le désengagement des pays riches à l’égard de l’Afrique. Le G8 de L’Aquila a pris des engagements solennels, notamment en matière de lutte contre la faim. Il faut, cette fois, qu’ils soient tenus.
ÉDITORIAL
«Africa, yes, you can»
Guillaume Goubert
Pour son premier discours en Afrique noire, Barack Obama a tenu un langage de vérité.
« L’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats. » Imagine-t-on un chef d’État européen tenir un tel propos à la tribune d’un Parlement africain et recueillir au final une ovation, comme ce fut le cas pour Barack Obama, samedi, à Accra ? Nicolas Sarkozy peut témoigner de la difficulté de l’exercice, lui dont le discours sur l’Afrique prononcé à l’université de Dakar en juillet 2007 suscita la controverse : un propos malheureux sur « l’homme africain (qui) n’est pas assez entré dans l’histoire » éclipsa tout le reste du texte, notamment une condamnation très dure de la traite négrière, « crime contre l’humanité », et de la colonisation qui « fut une grande faute ».
Ce sont bien sûr ses propres origines africaines qui ont permis à Barack Obama de tenir un discours sans complaisance dans la capitale ghanéenne. Les difficultés actuelles du continent noir, il les a mesurées dans sa propre famille, rappelant que « le tribalisme et le népotisme » ont longtemps bloqué la carrière de son père dans l’administration kényane. Il a récusé aussi toutes les propensions victimaires auxquelles pourraient se laisser aller les Africains en soulignant qu’aux États-Unis, « les Afro-Américains réussissent dans tous les secteurs de la société (…) en dépit d’un passé difficile ».
Il faut se réjouir que Barack Obama ait usé de la liberté de parole que lui donne sa propre histoire. Cela peut encourager les Africains à prendre enfin leurs difficultés à bras-le-corps et à construire une véritable démocratie. « Yes, you can », « Oui, vous le pouvez », a lancé le président américain, s’appuyant sur le slogan de sa campagne électorale. Attention cependant : il serait déplorable que ce langage de vérité serve, un tant soit peu, à légitimer le désengagement des pays riches à l’égard de l’Afrique. Le G8 de L’Aquila a pris des engagements solennels, notamment en matière de lutte contre la faim. Il faut, cette fois, qu’ils soient tenus.
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