Le magazine "Médias" le meilleur sur le sujet !
Je m'associe totalement à l'hommage rendu par Philippe Bilger ( sur son blog " justice au singulier" ) à propos du dernier n° de la revue trimestrielle Médias Je reproduis son article.
Médias à célébrer
Rassurez-vous, je ne suis pas devenu un inconditionnel des médias.
Le "Médias" que je souhaite féliciter concerne une revue trimestrielle dense, riche, dont la dernière livraison date de l'automne 2009. Son directeur de publication est Pierre Veilletet, sa remarquable rédactrice en chef Emmanuelle Duverger. Et Robert Ménard, avec lequel j'entretiens des relations amicales et complices, joue un rôle important dans la conception et l'élaboration de Médias. Je ne vois aucune raison pour ne pas dire tout le bien que je pense de cette revue que j'ai découverte tardivement. La qualité exceptionnelle du dernier numéro, confirmant mon appréciation antérieure, m'invite à partager mon enthousiasme de lecteur passionné par la liberté d'expression et la réflexion sur les médias.
Le dernier numéro est principalement consacré à Nicolas Sarkozy, dans le dossier "Il fustige les journalistes et... ils en redemandent !" Le texte de Pierre Veilletet sur les rapports du président de la République avec les journalistes propose - et c'est un tour de force - une analyse originale et profonde d'un sujet rebattu.
Au-delà de cet étincelant aperçu, il me semble que la particularité de Médias, sa force et son influence résultent d'abord du fait que pour traiter de l'univers médiatique, il ne s'arrête pas à ce seul espace. Dans le cours d'entretiens d'une qualité hors du commun - par la pertinence fine et sans complaisance des questions et en général la vigueur intelligente des réponses - on atteint le politique, on scrute le champ social et on aborde des problématiques qui sont au coeur des débats civiques les plus brûlants. Quel sang neuf il apporterait à la politique pure !
L'essentiel de la revue est composé d'interviews et de portraits. L'un de ceux-ci s'est attaché à Jérôme Garcin et, pour qui le connaît peu ou mal, se dégage l'image d'une personnalité de pouvoir, impériale et impérieuse dans le monde de la culture, portant haut et ferme ses détestations et ses admirations. Sympathique ? Pas vraiment, tant une forme d'irréductible indépendance et de solitude voulue ne crée pas forcément chaleur et proximité. Il y a là une nature de talent, qui le sait et qu'on reconnaît pour telle. C'est déjà beaucoup.
Ce qui distingue Médias est la capacité de faire parler des personnalités qui n'ont pas "la langue de bois", qui sont précisément choisies pour leur intelligence décapante, leur capacité à accepter les questionnements rudes sur eux-mêmes et leur pratique, leur aptitude à offrir des jugements qui ne constituent pas autant de périphrases. J'avais déjà eu l'opportunité de lire des contributions stimulantes dans Le Monde ou Le Figaro du philosophe Yves Michaud mais rien de comparable à ces échanges où poussé à bout, contraint d'affiner sa pensée sans lui faire perdre ce qu'elle a d'iconoclaste et de provocant, Michaud lance mille fusées intellectuelles éclairantes et laisse le lecteur étonné, tant une telle profusion est rare. Il y a aussi Xavier Couture qui parvient à rendre claires les informations qu'il fournit dans un domaine infiniment technique et sur l'avenir d'Orange.
Il y a surtout Daniel Schneidermann avec lequel je me sens totalement en accord pour sa conception de l'information et du journalisme. Une approche âpre, sans complaisance mais sans brutalité, de la vérité. Une vision à la fois réaliste et généreuse de l'univers médiatique. Je pense, comme lui, qu'il n'est pas méchant mais dur. Je le crois d'autant plus volontiers que j'ai vécu une expérience vidéo sur son site et qu'elle me permet de confirmer que Schneidermann met en pratique ce qu'il énonce dans cet entretien. Juste assez aimable pour vous donner envie de répondre le mieux possible, d'aller au plus près de "votre" vérité mais pas trop pour ne pas vous faire tomber dans un confort et une tranquillité qui seraient dangereux. Rétif devant le moindre compliment même justifié, il n'abuse pas des douceurs avec son interlocuteur. J'aime que Daniel Schneidermann prenne le risque d'affirmer un puritanisme de comportement, une rigueur journalistique sans craindre les inévitables retombées de telles exigences. L'arroseur ne sera sans doute pas arrosé.
Enfin, Médias ne se contente pas de prêcher en faveur de la liberté d'expression mais s'efforce de démontrer avec succès que celle-ci n'a de sens que si les idées choquantes, offensantes, ont le droit d'être proférées. Il est trop facile de s'octroyer un brevet de tolérance en agréant les propos qui vont dans votre sens. Médias met en évidence une constatation que la démocratie ne cesse de vérifier. Interdire, occulter, réprimer les pensées sulfureuses ou scandaleuses, loin de les affaiblir, les renforce. Le meilleur exemple en est la très longue interview que Emmanuelle Duverger et Robert Ménard ont offerte à Marc-Edouard Nabe. Ce dernier, la plupart du temps, est nimbé d'une aura sombre et délétère. Quelqu'un d'infréquentable même s'il a ses admirateurs et ses amis dont un excellent écrivain comme Dominique Noguez. Il y a de la secte dans le culte de Nabe. J'ose dire qu'à force, il bénéficiait d'une réputation d'autant plus splendide qu'on n'avait jamais l'occasion d'aller y voir de près ! Avec Médias, c'est fait. Je n'ai plus l'ombre d'une illusion. L'éructation systématique, l'extrémisme permanent, la posture du maudit éclatant de rage et de fureur, une vanité sans pareille, un parler même plus vrai mais convenu à force d'intensité appliquée et mécanique, c'est Marc-Edouard Nabe. Sa haine d'Yves Calvi, un "honnête homme" dans le monde des médias, est symptomatique. Nabe se trompe mais crie fort. Epuisant à la longue et pour pas grand-chose. Moralité : pour dégoûter des dissidents, il faut les entendre et les lire, pas les cacher dans un coin de la République.
Vous ne serez pas déçus par Médias. Je n'irai pas jusqu'à rembourser. Ce ne sera pas nécessaire.
17 septembre 2009 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (25) | TrackBack (0)
Médias à célébrer
Rassurez-vous, je ne suis pas devenu un inconditionnel des médias.
Le "Médias" que je souhaite féliciter concerne une revue trimestrielle dense, riche, dont la dernière livraison date de l'automne 2009. Son directeur de publication est Pierre Veilletet, sa remarquable rédactrice en chef Emmanuelle Duverger. Et Robert Ménard, avec lequel j'entretiens des relations amicales et complices, joue un rôle important dans la conception et l'élaboration de Médias. Je ne vois aucune raison pour ne pas dire tout le bien que je pense de cette revue que j'ai découverte tardivement. La qualité exceptionnelle du dernier numéro, confirmant mon appréciation antérieure, m'invite à partager mon enthousiasme de lecteur passionné par la liberté d'expression et la réflexion sur les médias.
Le dernier numéro est principalement consacré à Nicolas Sarkozy, dans le dossier "Il fustige les journalistes et... ils en redemandent !" Le texte de Pierre Veilletet sur les rapports du président de la République avec les journalistes propose - et c'est un tour de force - une analyse originale et profonde d'un sujet rebattu.
Au-delà de cet étincelant aperçu, il me semble que la particularité de Médias, sa force et son influence résultent d'abord du fait que pour traiter de l'univers médiatique, il ne s'arrête pas à ce seul espace. Dans le cours d'entretiens d'une qualité hors du commun - par la pertinence fine et sans complaisance des questions et en général la vigueur intelligente des réponses - on atteint le politique, on scrute le champ social et on aborde des problématiques qui sont au coeur des débats civiques les plus brûlants. Quel sang neuf il apporterait à la politique pure !
L'essentiel de la revue est composé d'interviews et de portraits. L'un de ceux-ci s'est attaché à Jérôme Garcin et, pour qui le connaît peu ou mal, se dégage l'image d'une personnalité de pouvoir, impériale et impérieuse dans le monde de la culture, portant haut et ferme ses détestations et ses admirations. Sympathique ? Pas vraiment, tant une forme d'irréductible indépendance et de solitude voulue ne crée pas forcément chaleur et proximité. Il y a là une nature de talent, qui le sait et qu'on reconnaît pour telle. C'est déjà beaucoup.
Ce qui distingue Médias est la capacité de faire parler des personnalités qui n'ont pas "la langue de bois", qui sont précisément choisies pour leur intelligence décapante, leur capacité à accepter les questionnements rudes sur eux-mêmes et leur pratique, leur aptitude à offrir des jugements qui ne constituent pas autant de périphrases. J'avais déjà eu l'opportunité de lire des contributions stimulantes dans Le Monde ou Le Figaro du philosophe Yves Michaud mais rien de comparable à ces échanges où poussé à bout, contraint d'affiner sa pensée sans lui faire perdre ce qu'elle a d'iconoclaste et de provocant, Michaud lance mille fusées intellectuelles éclairantes et laisse le lecteur étonné, tant une telle profusion est rare. Il y a aussi Xavier Couture qui parvient à rendre claires les informations qu'il fournit dans un domaine infiniment technique et sur l'avenir d'Orange.
Il y a surtout Daniel Schneidermann avec lequel je me sens totalement en accord pour sa conception de l'information et du journalisme. Une approche âpre, sans complaisance mais sans brutalité, de la vérité. Une vision à la fois réaliste et généreuse de l'univers médiatique. Je pense, comme lui, qu'il n'est pas méchant mais dur. Je le crois d'autant plus volontiers que j'ai vécu une expérience vidéo sur son site et qu'elle me permet de confirmer que Schneidermann met en pratique ce qu'il énonce dans cet entretien. Juste assez aimable pour vous donner envie de répondre le mieux possible, d'aller au plus près de "votre" vérité mais pas trop pour ne pas vous faire tomber dans un confort et une tranquillité qui seraient dangereux. Rétif devant le moindre compliment même justifié, il n'abuse pas des douceurs avec son interlocuteur. J'aime que Daniel Schneidermann prenne le risque d'affirmer un puritanisme de comportement, une rigueur journalistique sans craindre les inévitables retombées de telles exigences. L'arroseur ne sera sans doute pas arrosé.
Enfin, Médias ne se contente pas de prêcher en faveur de la liberté d'expression mais s'efforce de démontrer avec succès que celle-ci n'a de sens que si les idées choquantes, offensantes, ont le droit d'être proférées. Il est trop facile de s'octroyer un brevet de tolérance en agréant les propos qui vont dans votre sens. Médias met en évidence une constatation que la démocratie ne cesse de vérifier. Interdire, occulter, réprimer les pensées sulfureuses ou scandaleuses, loin de les affaiblir, les renforce. Le meilleur exemple en est la très longue interview que Emmanuelle Duverger et Robert Ménard ont offerte à Marc-Edouard Nabe. Ce dernier, la plupart du temps, est nimbé d'une aura sombre et délétère. Quelqu'un d'infréquentable même s'il a ses admirateurs et ses amis dont un excellent écrivain comme Dominique Noguez. Il y a de la secte dans le culte de Nabe. J'ose dire qu'à force, il bénéficiait d'une réputation d'autant plus splendide qu'on n'avait jamais l'occasion d'aller y voir de près ! Avec Médias, c'est fait. Je n'ai plus l'ombre d'une illusion. L'éructation systématique, l'extrémisme permanent, la posture du maudit éclatant de rage et de fureur, une vanité sans pareille, un parler même plus vrai mais convenu à force d'intensité appliquée et mécanique, c'est Marc-Edouard Nabe. Sa haine d'Yves Calvi, un "honnête homme" dans le monde des médias, est symptomatique. Nabe se trompe mais crie fort. Epuisant à la longue et pour pas grand-chose. Moralité : pour dégoûter des dissidents, il faut les entendre et les lire, pas les cacher dans un coin de la République.
Vous ne serez pas déçus par Médias. Je n'irai pas jusqu'à rembourser. Ce ne sera pas nécessaire.
17 septembre 2009 dans Actualité, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (25) | TrackBack (0)
Libellés : compassion et médias, Philippe Bilger
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