Comment je n'ai pas fait l'ENA
Dans la diversité et la démocratisation de l'Ecole Nationale d'Administration - ENA - on parle peu de l'accès par les concours interne de la fonction publique. Je pense que cette voie existe toujours et permet à tous les fonctionnaires titulaires quelque soit leur grade de se présenter au concours d'entrée. J'ai tenté cette voie dans les années 70.
J'étais coopérant à Abidjan au budget d'investissement du ministère des Finances comme inspecteur des impôts. Intéressé par la filière il me fallait pendant un an suivre ce qui s'appelait le " pré-éna" auquel on accédait par une épreuve écrite de sélection. Charme de l'Administration il a fallu à mes frais rejoindre Dakar désigné comme centre d'examen, à peu de 2 000 kms d'Abidjan. D'autant plus absurde que j'étais le seule fonctionnaire d'Afrique de l'Ouest à concourir à l'ambassade de France où un honorable attaché s'est contenté d'ouvrir l'enveloppe contenant le sujet. Sur lequel j'ai disserté pendant 4 ou 5 heures.
Bien qu'ayant eu la moyenne ce ne fut pas suffisant pour pouvoir pendant une année préparer en France le "vrai" concours qui était le même pour tous, candidats internes où externes. Ce n'est pas la filière prestigieuse des grands lycées parisiens et de Sciences-Po Paris, mais elle existe et je connais des préfets ou des hauts magistrats qui en sont issus. Parmi eux beaucoup de jeunes d'origine "modeste" comme moi, selon la formule déplaisante habituelle, enfants d'ouvriers ou de paysans habitants loin des villes.
Le système des bourses des années 50 permettait de faire des études secondaires au lycée sans frais comme interne. Par la suite la fonction publique offrait aux jeunes sans ressources des recrutements pour passer les concours administratifs et accéder au cadre A tout en poursuivant des études universitaires. Certes il fallait mettre de côté sa vocation mais accéder à un diplôme d'études supérieures était déjà un bon passeport. La plupart des cadres supérieurs de l'administration des impôts où j'ai exercé ont suivi cette filière, outil très efficace de démocratisation par le mérite et le soutien matériel.
Je crains que dans la période actuelle ces outils efficaces soient perdus de vue au profit de discriminations qui n'ont de positives que le nom.
Libellés : concours administratifs, démocratisation, ENA, origine "modeste"
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