Avoir confiance - Etats Généraux de la presse
Contribution donnée dans le cadre des Etats Généraux de la presse actuellement en cours. Elle a donné lieu à des réponses et autres contributions.
AVOIR CONFIANCE (Etats généraux de la presse) 2
novembre 2023
Nous avons besoin d'avoir confiance en l'information.
Sur ce plan la France n'est pas très bien placée. Une enquête internationale
menée par Le Reuter Institut Digital News Report en 2022, dans un grand nombre
de pays, posait la question " Considèrez-vous que les informations de la
plupart des médias sont le plus souvent fiables ?" La réponse était positive à 69 % en
Finlande , 50% en Allemagne, 41% en Inde et j'en passe, mais seulement 29% en
France, précédée par le Royaume-Unis 35 %, et
l'Espagne 34 %. Devant toutefois les Etats-Unis 26 %. Bref le constat n'est pas
brillant.
Il est confirmé cette année en mars dernier par
l'institut Viavoice dans une enquête pour les Assises du journalisme de Tours.
Plus d'un sondé sur deux (54%) estime que "la qualité de l'information délivrée par
les journalistes s'est détériorée". Parmi ces personnes 74 % font le reproche " l'information
est parfois fausse et trop vite relayée" ensuite à 70% " l'information
est trop orientée, pas assez impartiale" . La question de l'impartialité revient
souvent, précise Adrien Broche de l'institut Viavoice.
Je pourrais illustrer ce besoin d'impartialité par les
évènements récents au Proche -Orient. Le 17 octobre les médias du monde entier
ont repris 24 heures durant sans distance critique, sans conditionnel, les
informations du Hamas concernant "le bombardement d'un hôpital à Gaza par Israël faisant près de 500
morts". L'AFP n'est pas exempte de reproches sur ce plan (cf.Le Canard
enchaîné du 25.10.23) . Elle diffusait cette dépêche le 17 octobre à 19 h (
précisant "au moins 200 morts". Malgré les informations fournies
rapidement par Israël, il a fallu attendre trois heures pour que L'AFP enlève
le mot "israélien" et trois jours pour q'elle publie une petite
dépêche le 20 octobre à 18 h 57 " Hôpital frappé à Gaza : l'incertitude
toujours de mise quant aux responsabilités...
Sur un plan moins dramatique, autre exemple, comment
ne pas s'indigner de l'incapacité de la quasi totalité des médias à rendre
compte des grandes manifestations de
protestations sans voulior trancher entre les chiffres des organisateurs et
ceux fournis par la police :
paresse ? prudence ? connivence ? . Pourtant à l'occasion des mobilisations de
printemps contre la réforme des retraites des grands médias nationaux et
régionaux ( dont France Télévision) avaient mandaté un organisme indépendant et
transparent sur ses méthodes ( Occurence) pour chiffrer le nombre de
manifestants. L'expérience a été brève. Les chiffres étaient proches de ceux de
la police voire une fois inférieurs... Une "vérité"
qui apparemment ne convenait pas.
Alors quelle suggestion, quelle préconisation ? Si
l'indépendance des rédactions doit être recherchée et garantie, il est tout
aussi important s'agissant de l'information rapportée, de refuser
le mensonge (par omission compris), d'écarter ses convictions, tout ce qui crée
notre subjectivité. Notre
origine, notre milieu, notre éducation et notre formation ( le formatage des
écoles de journalisme ? ) , nos engagements, bref faire preuve de la plus
grande honnêteté et la
plus grande sincérité possible . Pour progresser dans l'impartialité dès lors
que l'on rapporte des faits.
Libellés : Avoir confiance, Etats Généraux de la presse, l'honnêteté, La vérité, Sondages
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