7 novembre 2023

Avoir confiance - Etats Généraux de la presse

 Contribution donnée dans le cadre des Etats Généraux de la presse actuellement en cours. Elle a donné lieu à des réponses et autres contributions.

AVOIR CONFIANCE (Etats généraux de la presse) 2 novembre 2023

 

Nous avons besoin d'avoir confiance en l'information. Sur ce plan la France n'est pas très bien placée. Une enquête internationale menée par Le Reuter Institut Digital News Report en 2022, dans un grand nombre de pays, posait la question " Considèrez-vous que les informations de la plupart des médias sont le plus souvent fiables ?" La réponse était positive à 69 % en Finlande , 50% en Allemagne, 41% en Inde et j'en passe, mais seulement 29% en France, précédée par le Royaume-Unis 35 %, et l'Espagne 34 %. Devant toutefois les Etats-Unis 26 %. Bref le constat n'est pas brillant.

Il est confirmé cette année en mars dernier par l'institut Viavoice dans une enquête pour les Assises du journalisme de Tours. Plus d'un sondé sur deux (54%) estime que "la qualité de l'information délivrée par les journalistes s'est détériorée". Parmi ces personnes 74 % font le reproche " l'information est parfois fausse et trop vite relayée" ensuite à 70% " l'information est trop orientée, pas assez impartiale" . La question de l'impartialité revient souvent, précise Adrien Broche de l'institut Viavoice.

Je pourrais illustrer ce besoin d'impartialité par les évènements récents au Proche -Orient. Le 17 octobre les médias du monde entier ont repris 24 heures durant sans distance critique, sans conditionnel, les informations du Hamas concernant "le bombardement d'un hôpital à Gaza par Israël faisant près de 500 morts". L'AFP n'est pas exempte de reproches sur ce plan (cf.Le Canard enchaîné du 25.10.23) . Elle diffusait cette dépêche le 17 octobre à 19 h ( précisant "au moins 200 morts". Malgré les informations fournies rapidement par Israël, il a fallu attendre trois heures pour que L'AFP enlève le mot "israélien" et trois jours pour q'elle publie une petite dépêche le 20 octobre à 18 h 57 " Hôpital frappé à Gaza : l'incertitude toujours de mise quant aux responsabilités...

Sur un plan moins dramatique, autre exemple, comment ne pas s'indigner de l'incapacité de la quasi totalité des médias à rendre compte des grandes manifestations de protestations sans voulior trancher entre les chiffres des organisateurs et ceux fournis par la police : paresse ? prudence ? connivence ? . Pourtant à l'occasion des mobilisations de printemps contre la réforme des retraites des grands médias nationaux et régionaux ( dont France Télévision) avaient mandaté un organisme indépendant et transparent sur ses méthodes ( Occurence) pour chiffrer le nombre de manifestants. L'expérience a été brève. Les chiffres étaient proches de ceux de la police voire une fois inférieurs... Une "vérité" qui apparemment ne convenait pas.

Alors quelle suggestion, quelle préconisation ? Si l'indépendance des rédactions doit être recherchée et garantie, il est tout aussi important s'agissant de l'information rapportée, de refuser le mensonge (par omission compris), d'écarter ses convictions, tout ce qui crée notre subjectivité. Notre origine, notre milieu, notre éducation et notre formation ( le formatage des écoles de journalisme ? ) , nos engagements, bref faire preuve de la plus grande honnêteté et la plus grande sincérité possible . Pour progresser dans l'impartialité dès lors que l'on rapporte des faits.

 


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9 janvier 2020

Myriam Revault d'Allonnes invitée de l'OMUP


Myriam REVAULT D’ALLONNES invitée de l’Observatoire des médias de l’université permanente le vendredi 10 janvier 2020 à 14 h  30. Elle interviendra sur le thème : La vérité en sursis : un danger pour les démocraties ?
Myriam REVAULT D’ALLONNES est une philosophe française, professeur émérite des universités à l’Ecole pratique des hautes études. Elle est également chercheuse associée au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po). Elle a enseigné à l’Ecole doctorante de Sciences Po Paris et a dirigé de 2006 à 2013 la collection de philosophie pour enfants « Chouette ! Penser » aux éditions Gallimard-jeunesse.

Spécialiste d’Hannah Arendt et de Paul Ricoeur, Myriam Revault d’Allonnes a consacré ses ouvrages à la crise de la vie démocratique, avec notamment  « Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie » (2010) et « Le Miroir et la Scène » (2016). Elle a publié fin 2018 « La faiblesse du vrai » aux éditions du Seuil.
Partant de la notion de « post-vérité » désignée comme mot de l’année par le dictionnaire d’Oxford et qui a suscité beaucoup de commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fakes news, elle constate que le phénomène a peu suscité de réflexion de fond. Les fakes news existent mais il ne suffit pas de leur opposer des faits vérifiés. Le débat démocratique ne se nourrit pas seulement des faits vérifiables, mais aussi de fictions. Le métier de journaliste consiste aussi à rendre compte des imaginaires politiques où les faits prennent un sens. Un PIB ne dit rien du type de société que nous voulons. Mais toutes les fictions ne se valent pas. Elles peuvent conduire à l’émancipation ou mettre en scène la servitude. L’irruption de la « post-vérité » met en question la possibilité même d’un monde commun.
Vendredi 10 janvier 2020  41 Bd de la Prairie aux Ducs - Nantes  De 14 h 30 à 16 h
Accès 8 € pour les personnes non abonnées à l’Observatoire des médias de l’université permanente (033300) et à l’Atelier des médias (033301), dans la limite des places disponibles.
Présentation : Patrice Saint André, Jean-Claude Charrier

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