5 juin 2008

Moi ça va, mais les autres ...


Un récent sondage auprès d'adolescents et auprès de professeurs et infirmières scolaires, montre que 72% des jeunes sont plutôt satisfaits de ce qu'ils vivent, moins de 10% avouent leur mal être. A l'inverse 72% des adultes pensent que les jeunes sont mal dans leur peau ! On peut difficilement imaginer un décalage plus important entre les jeunes et les adultes.

Ce sondage éclaire bien le moral des Français : individuellement les gens se déclarent en majorité heureux, mais ils sont tout aussi nombreux à s'inquiéter de l'état de la société, à être pessimistes sur l'avenir du pays, l'avenir des jeunes, les perspectives de changement.
Cette anxiété collective, ce manque de confiance, me paraît bien alimenté par les médias, beaucoup plus intéressés par ce qui ne marche pas, que par ce qui marche. " Un arbre qui tombe fait plus de bruit que mille arbres qui poussent" et dans la presse l'on ne s'intéresse qu'à l'arbre qui tombe, oubliant les milles arbres qui poussent, en silence. Certes il faut bien relater les accidents, les catastrophes, les drames, mais le monde étant devenu l'équivalent du village d'autrefois, la saturation nous guette, et le curseur est manifestement en permanence du côté du "tout va mal". Un exemple : un collègue de l'atelier des médias m'a transmis il y a quelques jours le Presse-Océan du 23 mai dernier, où il avait entouré tous les titres " optimistes". Cela donne :
1ère page : Labo de l'angoisse
foyers plongés dans le noir
page 2 : Deux fois le mot grève en titre + conflit
page 3 : perturbés, sacrifier, fermées
page 4 : le noir, accident, vol, discorde, feu
page 5 : angoisse, malaise, plainte,danger,accablante
page 7 : homicide, violences et récidives
page 8 : on parle des abeilles - ouf ! - qui sont quand même sentinelles de l'environnement...

Bien sûr tous les évènements relatés existent et les journalistes font leur travail. Le phénomène d'accumulation est néammoins tout aussi réel, et a bien un impact - excessif à mon avis - sur l'opinion.
Il y a là un beau thème de débat avec les professionnels des médias.

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