Décrypter la langue des médias
L' OMUP ( Observatoire des médias de l'université permanente) a reçu le 27 janvier Ingrid Riocreux jeune agrégée de lettres modernes qui a publié en 2016 un essai approfondi et roboratif sur le thème "La langue des médias, destruction du langage et fabrication du consentement" Editions l'Artilleur.
Séance passionnante, étayée, qui analyse le discours du Journaliste et met au jour l'inconscient de notre société.
Séance passionnante, étayée, qui analyse le discours du Journaliste et met au jour l'inconscient de notre société.
Pourquoi
une langue des médias ?
Nous
avons tous notre propre langue dans laquelle s’intègre la langue des médias. La
langue du Journaliste est investie d’une autorité qui lui confère un pouvoir
fortement normatif, ne serait-ce que par imprégnation.
La
langue des médias c’est le « copié-collé » des dépêches de l’AFP, qui
conduit à un constat d’uniformité. Avec ses codes et ses règles : il
convient de condamner les « dérapages » et toutes les « phobies ».
Les
journaux et les journalistes se
surveillent entre eux et adopte volontiers des rappels à l’ordre. C’est au nom
de « l’éthique de responsabilité » qu’il faut encadrer ce que
peuvent penser les lecteurs, auditeurs, et téléspectateurs des médias. Pour penser bien, dans le sens de l’Histoire.
D’où l’emploi d’adverbes temporels : déjà, encore, pas encore. D’où aussi
l’utilisation des images qui jouent pleinement sur l’émotivité. Pourtant
beaucoup de citoyens n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’il faut penser, ils ne
veulent pas être encadrés. Cette pression conduit à un manque de confiance de
plus en plus grand entre médias et public, révélé par toutes les enquêtes.
Conscient de ce décalage les médias réagissent en multipliant
les fact checking, les « décodeurs » « L’œil du 20 h » etc.,
qui ne sont pas forcément aussi neutres qu’ils le prétendent.
Ingrid
Riocreux réhabilite à ce propos les sondages, qui par exemple dans l’élection
américaine avaient montré le faible écart entre les deux candidats. Les médias
ont comme si ce fait, objectif, ne pouvait pas conduire à la victoire de Trump.
Le même phénomène avait été constaté en Grande Bretagne avec le Brexit ou le
référendum européen de 2005.
Ingrid
Riocreux estime que la dénonciation des
médias est stimulante et qu’il faudrait renouer avec l’enseignement du
décryptage, développer la culture de l’analyse du message et la liberté de
réception. A l’école, l’égalité dans l’accès à la parole devrait être
prioritaire.
Elle
préconise une vigilance qui va des fautes
de français aux fautes au regard de l’éthique journalistique.
Libellés : décryptage des médias, dérapages, Ingrid Riocreux, la langue des médias, OMUP ( Observatoire des médias UP), phobie
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