Mai 68 vu de loin
J'avais 26 ans, j'étais à Brazzaville en République populaire du Congo, où j'effectuais mon service national depuis 20 mois - en remplacement du service militaire - sans être rentré en France, et bien loin des évènements du mois de mai 68. Lecteur régulier du Monde, celui-ci comme le courrier, n'arrivait pas. Seule la radio France Inter ou Paris Inter, étroitement contrôlée par le pouvoir, distillait peu d'informations pour ne pas affoler "l'outre-mer". Très concrètement nous poursuivions nos missions de coopérants : contrôles fiscaux, cours de fiscalité à l'ENA locale pour moi, sans oublier de nous maintenir en forme à la piscine ou sur les cours de tennis en terre battue au bord du fleuve Congo, et la nuit congolaise qui commençait à 18 h 30- 19 h. Nous étions jeunes, impatients de vivre et de découvrir le monde. Le Mai 68 en France était vu comme une perturbation lointaine qui nous isolait un peu plus, et qui, comme la météo, devait passer.
Il y a cependant une certitude que j'avais en tête depuis dix ans, depuis mes quatre années d'internat au lycée Clemenceau de Nantes de 1958 à 1962, c'est que ce système "d'internement" quasiment identique depuis plus d'un siècle, allait exploser à plus ou moins brève échéance. On à peine à imaginer ce qu'était dans ces années 50-60 la vie de pensionnaire. J'ai déjà eu l'occasion de parler de cette communauté particulière des "blouses grises", de ces lycéens la plupart boursiers venant des campagnes, fils d'ouvriers ou de paysans pour beaucoup. L'internat était vraiment un internement. Sorties contrôlées le jeudi après-midi, le dimanche de 9 h 30 à 17 h sauf tous les 15 jours où le retour à la maison était possible le samedi mais retour le dimanche soir. Tous ces "privilèges" étant soumis aux humeurs des pions ou surveillants dont la bienveillance n'était pas toujours la qualité dominante.
Autres exemples: aucun local de détente, c'était ou la cour quelque soit la saison, ou les salles d'études. Les journaux et la radio étaient interdits. Suivre les évènements de mai 58 était un exploit. Voulant préparer une école de journalisme, j'avais mis au point avec quelques collègues et la complicité de camarades externes, un circuit d'achat de quotidiens nationaux ( du Figaro à Paris-Jour ou le Monde) ou d'hebdomadaires comme l'Express de JJSS ( souvent censuré !).
Bref nous vivions dans un système archaïque, pesant, hors du temps, qui avait toutefois l'avantage de nous donner un enseignement de grande qualité ( à quelques exceptions) et le fameux bac à l'échéance.
Au total, le mai 68 des étudiants était pour moi à l'ordre du jour dix ans plus tôt. Mais l'essentiel était qu'il se produise.
Il y a cependant une certitude que j'avais en tête depuis dix ans, depuis mes quatre années d'internat au lycée Clemenceau de Nantes de 1958 à 1962, c'est que ce système "d'internement" quasiment identique depuis plus d'un siècle, allait exploser à plus ou moins brève échéance. On à peine à imaginer ce qu'était dans ces années 50-60 la vie de pensionnaire. J'ai déjà eu l'occasion de parler de cette communauté particulière des "blouses grises", de ces lycéens la plupart boursiers venant des campagnes, fils d'ouvriers ou de paysans pour beaucoup. L'internat était vraiment un internement. Sorties contrôlées le jeudi après-midi, le dimanche de 9 h 30 à 17 h sauf tous les 15 jours où le retour à la maison était possible le samedi mais retour le dimanche soir. Tous ces "privilèges" étant soumis aux humeurs des pions ou surveillants dont la bienveillance n'était pas toujours la qualité dominante.
Autres exemples: aucun local de détente, c'était ou la cour quelque soit la saison, ou les salles d'études. Les journaux et la radio étaient interdits. Suivre les évènements de mai 58 était un exploit. Voulant préparer une école de journalisme, j'avais mis au point avec quelques collègues et la complicité de camarades externes, un circuit d'achat de quotidiens nationaux ( du Figaro à Paris-Jour ou le Monde) ou d'hebdomadaires comme l'Express de JJSS ( souvent censuré !).
Bref nous vivions dans un système archaïque, pesant, hors du temps, qui avait toutefois l'avantage de nous donner un enseignement de grande qualité ( à quelques exceptions) et le fameux bac à l'échéance.
Au total, le mai 68 des étudiants était pour moi à l'ordre du jour dix ans plus tôt. Mais l'essentiel était qu'il se produise.
Libellés : blouses grises, Brazzaville, internat, L'Express, Lycée Clemenceau, mai 58, mai 68, République populaire du Congo
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