2 novembre 2018

Pourquoi le réchauffement climatique "n'imprime" pas

La mobilisation contre la hausse des carburants prend de l'ampleur et l'on entend peu d'intervenants dans les médias, mettre en avant la nécessité de la fiscalité verte et de  changer le comportement des consommateurs. De même dans les sondages exprimant les préoccupations des Français, tout ce qui touche à l'environnement arrive le plus souvent en fin de classement des priorités. La communication dans ce domaine est pourtant importante, quasi quotidienne. Alors pourquoi ça ne marche pas ? En d'autres termes, plus les preuves scientifiques du dérèglement climatique s'accumulent, moins les gens semblent préoccupés par ces questions ?
Un chercheur norvégien psychiatre-clinicien Espen Stoknes apporte des éléments de  réponses dans le Monde ( 21-22 octobre 18) sous le titre " A force de voir des catastrophes, l'esprit s'habitue".
Il identifie cinq barrières mentales qui nous empêchent de voir la réalité en face.

" Tout d'abord ce que j'appelle "la distance", qui nous fait envisager le réchauffement comme quelque chose de lointain, concernant avant tout les ours polaires.
Vient ensuite le "catastrophisme": la façon anxiogène dont le problème est présenté conduit notre cerveau à éviter totalement le sujet.
Troisième point, c'est la "dissonances cognitive". Quand on sait que l'utilisation de l'énergie fossile contribue au réchauffement, alors le fait de conduire, de manger du steak, de prendre l'avion, crée en nous un malaise intérieur, que l'on tente de dissiper en se disant que notre voisin a une voiture plus polluante que la notre.
Ensuite vient le "déni": on fait comme si on ne savait pas, alors qu'on sait.
Enfin, les mesures de luttes contre le réchauffement entre parfois avec notre" identité". La nécessité d'une régulation étatique peut par exemple, venir heurter mes convictions conservatrices et anti-interventionnistes, qui prennent le pas sur la réalité."

Il parle aussi de "fatigue de l'apocalypse" : a force de voir des catastrophes notre esprit s'habitue, la peur et la culpabilité diminuent et "à la fin vous ne prêtez même plus attention lorsqu'on vous parle de la fin du monde,.Vous entrez dans une logique d'évitement."

Pour ce chercheur, il faut sortir du piège de la " gouvernementalité", partir de la base, agir par les réseaux sociaux pour diffuser des normes sociales positives en exerçant une influence douce. les dirigeants suivront les nouvelles manières d'être.

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