Lire le journal, suprême élégance !
Je ne renie pas mon appartenance à la blogsphère, mais, consommateur de plusieurs quotidiens, j'ai vraiment pris plaisir à lire, il y a quelque temps ( Le Monde 22/01/07 ) la traduction d'une tribune d'un scénariste américain - Garrisson Keillor - sur " la classe" liée à la lecture des journaux. Extraits :
" Un type assis devant un portable est un homme assis à un bureau, un tâcheron, un rond-de-cuir.Où est la noblesse là-dedans ? Il est penché en avant, la tête rentrée dans les épaules, le regard vitreux, avec au coin des lèvres des perles de salive qui lui coulent sur le menton tandis qu'il regarde fasciné, la vidéo du pêcheur tombant de sa barque. Le lecteur de journal, lui est un mousquetaire, un cow-boy, un privé. Tenir un journal vous permet de vous exprimer, un peu comme Coltrane avec un sax. Il suffit d'observer quelques règles simples :
1. Si vous voulez vraiment faire impression, n'achetez pas un journal, mais trois ou quatre. Tout homme entrant au Starbucks avec quatre journaux sous le coude est aussitôt considéré comme un nabab. (...)
2. Prenez tout votre temps pour ouvrir le journal. Vous en connaissez déjà la teneur, vous êtes au parfum; si vous le lisez, c'est juste pour savoir ce que savent les autres , alors il n'y a pas le feu.
3. Une fois que vous l'avez ouvert, ne levez jamais les yeux a moins que quelqu'un ne vous appelle par votre nom. Ne vous laissez pas distraire, , même si une blonde aux jambes interminables (...).
4. Parcourez la "une", lisez les titres, mais ne vous attardez pas, ne jouez pas la grosse tête. Soyez cool (...) .
5. Veuillez à toujours déchirer un article ou deux et à les fourrer dans votre poche. Pas de manière banale, comme si c'était une recette de boulette de viande, mais avec un empressement délibéré qui crée une aura indélébile de mystère.
6. Quand vous en avez fini avec un journal, refermez-le et balancez-le de côté d'un air négligent. Un geste dédaigneux qui signifie : " Assez de ces fadaises ! En avant ! Aux barricades !".
7. Tout cela ne devrait pas prendre plus de vingt minutes (...).
L'internet vous bouffera tout vif. Avec les journaux, vous en avez pour vingt minutes pas plus. C'est votre vie, à vous de choisir.
" Un type assis devant un portable est un homme assis à un bureau, un tâcheron, un rond-de-cuir.Où est la noblesse là-dedans ? Il est penché en avant, la tête rentrée dans les épaules, le regard vitreux, avec au coin des lèvres des perles de salive qui lui coulent sur le menton tandis qu'il regarde fasciné, la vidéo du pêcheur tombant de sa barque. Le lecteur de journal, lui est un mousquetaire, un cow-boy, un privé. Tenir un journal vous permet de vous exprimer, un peu comme Coltrane avec un sax. Il suffit d'observer quelques règles simples :
1. Si vous voulez vraiment faire impression, n'achetez pas un journal, mais trois ou quatre. Tout homme entrant au Starbucks avec quatre journaux sous le coude est aussitôt considéré comme un nabab. (...)
2. Prenez tout votre temps pour ouvrir le journal. Vous en connaissez déjà la teneur, vous êtes au parfum; si vous le lisez, c'est juste pour savoir ce que savent les autres , alors il n'y a pas le feu.
3. Une fois que vous l'avez ouvert, ne levez jamais les yeux a moins que quelqu'un ne vous appelle par votre nom. Ne vous laissez pas distraire, , même si une blonde aux jambes interminables (...).
4. Parcourez la "une", lisez les titres, mais ne vous attardez pas, ne jouez pas la grosse tête. Soyez cool (...) .
5. Veuillez à toujours déchirer un article ou deux et à les fourrer dans votre poche. Pas de manière banale, comme si c'était une recette de boulette de viande, mais avec un empressement délibéré qui crée une aura indélébile de mystère.
6. Quand vous en avez fini avec un journal, refermez-le et balancez-le de côté d'un air négligent. Un geste dédaigneux qui signifie : " Assez de ces fadaises ! En avant ! Aux barricades !".
7. Tout cela ne devrait pas prendre plus de vingt minutes (...).
L'internet vous bouffera tout vif. Avec les journaux, vous en avez pour vingt minutes pas plus. C'est votre vie, à vous de choisir.
Libellés : Garrisson Keillor, Journal papier
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