4 janvier 2010

Albert Camus, il y a 50 ans

Pour ma génération la mort d'Albert Camus le 4 janvier 1960, dans un banal et dramatique accident de la route, a été un choc. A la fois parce qu'il portait des valeurs morales , éthiques qui étaient des repères indispensables dans cette phase d'Histoire marquée par la guerre froide et la décolonisation. Au coeur du conflit algérien par ses origines, analysant lucidement les enjeux, il a toujours eu une ligne de conduite dans laquelle " La fin ne justifie pas les moyens ". Refusant le terrorisme aveugle, il a perçu - à la différence de Sartre et de l'intelligenstia de l'époque, combien les moyens immoraux dénaturaient les meilleures causes. L'Histoire lui a donné largement raison : goulags et impérialisme soviétique, génocide cambodgien, dictatures des pays émergents. A la lumière de l'Afrique du Sud, comment ne pas penser qu'une autre issue, pouvait peut-être émerger en Algérie, qui n'est pas encore sortie du piège terroriste et de la guerre civile.
Il a manqué cette conscience dans la 2ème moitié du XXème siècle.
Les romans de Camus comme ses pièces de théatre, qui étaient dans les programmes lycéens restent marqués dans la mémoire : L'étranger, bien sûr, mais surtout La peste, qui m'avait beaucoup impressionné. Il y a peu, j'ai découvert " Noces" formidable texte, lyrique, sensuel, poétique, qui est un éblouissement méditerranéen.
Comment aussi ne pas être proche de Camus, d'origine populaire s'il en est, boursier, découvert par un hussard de la République, son instituteur Monsieur Germain, dont Alain Finkelkraut propose de déposer les cendres au Panthéon, plutôt que celles de Camus ( Ce serait un bel hommage, à tous ces enseignants qui ont tant fait pour la réussite des enfants des classes pauvres ). Le mépris de classe de Sartre à son égard, lorsque leurs désaccords sont devenus patents, ne s'oublie pas.

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