Emotif Anonyme
Interlude non médiatique dans ce blog avec un petit conte librement inspiré du sympathique film " Les Emotifs Anonymes" ( toute ressemblance..etc.)
Il était une fois dans les années 50 un jeune ado de 14 ans - appelons le Sacha - qui revenait par un train de nuit d’une cure thermale à La Bourboule, où il se faisait soigner les bronches fragiles, forcément fragiles. Ce train à vapeur ramenait vers l’Ouest une troupe de garçons et filles souffrant des mêmes maux, qui avaient passé un séjour de trois semaines – non mixte – dans les pensionnats de cette ville d’Auvergne qui accueille beaucoup d’enfants et d’adolescents. Clermont Ferrand, Saint Germain des Fossés, Vierzon, Bourges, Saint Pierre des Corps, autant de gares intermédiaires dont les noms résonnaient dans la nuit.
Bien encadrés par des accompagnants adultes, tous ces jeunes étaient sagement assis sur les banquettes en moleskine des compartiments, avec la porte coulissante sur le couloir et ses vitres descendantes qui permettaient de prendre l’air frais de la nuit d’été : « è pericoloso sporgersi » indiquait la petite plaque métallique vissée au bas de la fenêtre.
Sacha, par hasard ou non, se trouvait assis juste à côté d’une jolie jeune fille aux cheveux noirs et courts, qui dans l’allure, le regard, avait ce je sais quoi qu’on appelle la séduction. Serrés les uns contre les autres, genoux et jambes étaient en contact. C’était l’époque des jupes et des shorts et ce contact épidermique que ni l’un ni l’autre ne semblaient vouloir interrompre, provoquait un émoi du cœur et du corps, que la pénombre du compartiment accentuait. Tout incitait à penser que l’émotion était partagée. Le bruit et le rythme régulier des roues du train donnaient à ce contact de perceptibles vibrations qui en augmentait la tension. Séquence : L’érotisme des trains de nuit …Sans doute une halte dans l’une des gares donna l’occasion de se retrouver dans le couloir « pour prendre l’air », se distraire des paysages de nuit, et peut-être mieux faire connaissance. Mais comment prolonger ce moment quand par timidité, par gêne face à l’intensité et la nouveauté des émotions, l’on est sans voix, ou qu’on ne trouve à dire que des banalités qui masquent mal le désarroi, et le sentiment que c’est au garçon que revient l’initiative ?
Et pendant ce temps le train poursuivait inexorablement son périple vers sa destination nantaise et vers le petit matin, où ensommeillés ou perturbés, tout le monde se sépara brutalement dans l’anonymat et sans promesse de se revoir entre « amants » muets et émotifs, forcément trop émotifs.
Comment après cela embrasser ses chers parents et se montrer heureux de rentrer chez soi, alors qu’une seule question occupe l’esprit : « Est-ce possible de ne plus jamais se revoir ? ».
Un jour peut-être, le hasard… Mais il ne connaissait même pas son prénom !
Il était une fois dans les années 50 un jeune ado de 14 ans - appelons le Sacha - qui revenait par un train de nuit d’une cure thermale à La Bourboule, où il se faisait soigner les bronches fragiles, forcément fragiles. Ce train à vapeur ramenait vers l’Ouest une troupe de garçons et filles souffrant des mêmes maux, qui avaient passé un séjour de trois semaines – non mixte – dans les pensionnats de cette ville d’Auvergne qui accueille beaucoup d’enfants et d’adolescents. Clermont Ferrand, Saint Germain des Fossés, Vierzon, Bourges, Saint Pierre des Corps, autant de gares intermédiaires dont les noms résonnaient dans la nuit.
Bien encadrés par des accompagnants adultes, tous ces jeunes étaient sagement assis sur les banquettes en moleskine des compartiments, avec la porte coulissante sur le couloir et ses vitres descendantes qui permettaient de prendre l’air frais de la nuit d’été : « è pericoloso sporgersi » indiquait la petite plaque métallique vissée au bas de la fenêtre.
Sacha, par hasard ou non, se trouvait assis juste à côté d’une jolie jeune fille aux cheveux noirs et courts, qui dans l’allure, le regard, avait ce je sais quoi qu’on appelle la séduction. Serrés les uns contre les autres, genoux et jambes étaient en contact. C’était l’époque des jupes et des shorts et ce contact épidermique que ni l’un ni l’autre ne semblaient vouloir interrompre, provoquait un émoi du cœur et du corps, que la pénombre du compartiment accentuait. Tout incitait à penser que l’émotion était partagée. Le bruit et le rythme régulier des roues du train donnaient à ce contact de perceptibles vibrations qui en augmentait la tension. Séquence : L’érotisme des trains de nuit …Sans doute une halte dans l’une des gares donna l’occasion de se retrouver dans le couloir « pour prendre l’air », se distraire des paysages de nuit, et peut-être mieux faire connaissance. Mais comment prolonger ce moment quand par timidité, par gêne face à l’intensité et la nouveauté des émotions, l’on est sans voix, ou qu’on ne trouve à dire que des banalités qui masquent mal le désarroi, et le sentiment que c’est au garçon que revient l’initiative ?
Et pendant ce temps le train poursuivait inexorablement son périple vers sa destination nantaise et vers le petit matin, où ensommeillés ou perturbés, tout le monde se sépara brutalement dans l’anonymat et sans promesse de se revoir entre « amants » muets et émotifs, forcément trop émotifs.
Comment après cela embrasser ses chers parents et se montrer heureux de rentrer chez soi, alors qu’une seule question occupe l’esprit : « Est-ce possible de ne plus jamais se revoir ? ».
Un jour peut-être, le hasard… Mais il ne connaissait même pas son prénom !
Libellés : Emotifs Anonymes, La Bourboule, train à vapeur, train de nuit
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