8 janvier 2013

Mariage pour tous ?

Choqué par le ton et l'outrance de la tribune du groupe socialiste et divers gauche dans le magazine départemental du Conseil Général de Loire Atlantique, j'en ai fait part à deux amis élus socialistes.

Cher ami,
Je suis un peu sous le coup de la consternation de voir ton nom au bas de la tribune de la majorité concernant « Le mariage pour tous » parue dans le dernier numéro de Loire Atlantique. C’est à la fois, le ton d’ensemble et surtout la dernière phrase de cette tribune parlant d’obscurantisme et de fanatisme, que je ressens comme tout à fait méprisante à l’égard des personnes qui ne partage pas le point de vue exprimé dans ce texte. Cela me rappelle la formule tout aussi excessive mais plus poétique de Jack Lang, parlant à propos de 1981, du « passage de l’ombre à la lumière ! ».
Je ne fais pas partie « de factions religieuses » ni « de groupes extrémistes » mais je me reconnais dans le personnalisme d’Emmanuel Mounier. Je suis de ces chrétiens de gauche qui ont permis au PS de conquérir l’Ouest de la France, en luttant contre le sectarisme, en donnant une image d’ouverture et de fraternité.
Nous sommes là aux antipodes, sur une question grave de société qui ne se règle pas à coup de slogans simplificateurs. Je crois que des progrès concrets peuvent être apportés aux couples homosexuels dans le cadre du PACS. Je crois aussi que notre société a surtout besoin de repères stables et de retisser le lien social au profil des plus défavorisés et notamment des mères célibataires. Je suis inquiet du brouillage de la filiation qui résulterait nécessairement du « mariage pour tous ». Ce projet ne peut que diviser inutilement
.

J'ai reçu une réponse. Je ne souhaite pas faire part de son contenu.

Sur cette question, je trouve particulièrement pertinente l'analyse de Gilles Bernhein grand rabbin de France qui définit ainsi l'enjeu de société qu'il y a derrière la revendication du mariage pour tous.
" Un comportement, auparavant marginalisé, ne veut plus être toléré mais légitimé, ce qui est bien différent. D'où de nouveaux manuels scolaires qui n'incitent pas seulement l'enfant à respecter les homosexuels comme personnes, mais aussi à reconnaître le bien-fondé de leur comportement.L'exigence de légitimation générale semble traduire a fortiori une permissivité générale, donc le retrait de tout jugement.Dès lors, la supposée légitimation n'en est plus une, sur fond d'indifférence des options; c'est plutôt, toute l'ancienne légitimité du mariage en tant qu'institution reconnue par la société comme bonne pour son équilibre et sa perennité, qui se trouve effacée.
Aujourd'hui, la société balance étrangement entre ce qui farouchement exclu, comme les références à la notion d'effort sur soi, à l'existence de hiérarchies morales, aux traditions et convenances, et une permissivité très forte qui procède du manque de courage, de l'incertitude ou de l'indifférence."

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