10 juin 2015

Retenue à la source : politiquement dangereux

La retenue à la source de l'impôt sur le revenu, c'est à dire sur la feuille de paie pour 80 % des contribuables aura un impact psychologique peu souligné, mais important. Le salarié contribuable verra son salaire net diminuer de 3- 5 - 10 - 15% selon son niveau de rémunération et son impôt sur le revenu. Pendant plusieurs mois il lui faudra s'habituer à ce salaire net en baisse, sans qu'il perçoive clairement les avantages de cette nouvelle pratique.
C'est complètement différent des systèmes actuels de mensualisation où l'impôt sur le revenu (IR) est prélevé sur le compte bancaire dans le courant du mois qui suit le versement de la rémunération. Psychologiquement on se sent "plus riche" quand le compte bancaire est approvisionné d'un salaire sans IR. A contrario, il y aura un effet "d'appauvrissement " avec la retenue à la source de l'impôt sur le revenu, et il est vraisemblable que ce ne sera pas sans conséquence sur le niveau de la consommation des ménages.
Ces nouveaux salaires nets (IR compris) auront toutefois l'avantage de faire apparaître une échelle des salaires conforme à la réalité et par la même mieux mesurer les écarts réels de revenus. Cette plus grande transparence et, de fait, la réduction visible des écarts de salaires, pourra être saluée comme une réduction des inégalités...
Il est vraisemblable également que dans la discussion du contrat de travail, le salarié s'intéressera à son salaire "net d'impôts" comme le font aujourd'hui les gros revenus et particulièrement les footballeurs .

Enfin l’idée d’un rapprochement  avec la CSG est pleine de risques.  La CSG avec son taux proportionnel –on peut dire : grâce à son taux proportionnel – à un rendement supérieur à l’impôt sur le revenu. Vouloir la faire évoluer vers des taux progressifs, c’est s’exposer à terme à retrouver les inconvénients de l’IR : changements permanents des barèmes, niches fiscales, forte pression sur les classes moyennes et rendement en baisse.

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