3 avril 2020

Patricia Tourancheau journaliste des cold case

Journaliste des "affaires classées" Patricia Tourancheau était reçue par l'Observatoire des médias le 13 mars

« Enquêtes sur les dossiers criminels et les Cold case »
par Patricia Tourancheau

Présentation Madie Magimel

Patricia Tourancheau est journaliste freelance – originaire de Vendée - spécialiste des grands dossiers criminels et des « cold case ». Après avoir exercé vingt-neuf ans à Libération, où elle était responsable de la rubrique police, banditisme et faits divers, elle collabore notamment au site d’information Les Jours ainsi qu’à L’Obs et à GQ Magazine. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont Grégory, la machination familiale (Seuil-Les Jours, 2018) qui fait référence, Le 36 (Points, 2018) et en mars 2019, Le Magot aux éditions du Seuil ( sur Fourniret et le gang des Postiches)


Patricia Tourancheau retrace d’abord son parcours de journaliste de faits divers à Libé. Parcours commencé comme correspondante de Libération à Nantes fin 85, le jour de la prise d’otages à la cour d’assises par Georges Courtois, « fait divers » qui reste dans la mémoire de tous les Nantais.
Elle expose sa façon de travailler sur des affaires criminelles en tous genres, avec les sources policières «  une source près du dossier », judiciaires, avocats, témoins, victimes et suspects. 
La visite « privée » du 36 Quai des orfèvres et de son musée confidentiel reste pour Patricia Tourancheau un souvenir marquant.
Les affaires classées du tueur en série des Ardennes Michel Fourniret qui ont été rouvertes en juin 2004 après les aveux de sa femme et complice Monique Olivier sur dix crimes sexuels commis par son mari. Elle retrace son scoop sur l’assassinat crapuleux de Farida, épouse d’un voyou Breton ayant partagé la cellule de Fourniret, pour rafler 50 kilos d’or déterrés d’un cimetière, une partie du butin du gang des Postiches. Ce récit comporte une séquence près de Nantes où Fourniret et son épouse ont procédé à  des règlements de comptes et un enlèvement. Récit qu’elle relate dans Le Magot aux éditions du Seuil. 


Patricia Tourancheau ne s’attarde pas sur « La traque du Grêlé » le plus grand cold case en France qui dure depuis le meurtre de Cécile Bloch, 11 ans, en mai 1986. La brigade criminelle cherche encore ce serial Killer éclectique dont la trace se perd en 1994.
L’assassinat de Grégory Villemin, 4 ans, noyé dans une rivière des Vosges, la Vologne, en 1984, est sans doute l’affaire la plus marquante. De multiples suspects : les investigations les plus récentes tendent à privilégier la piste d’une machination  familiale avec la mise en cause  récente des époux Jacob, mais les preuves matérielles font encore défaut. Pas de coupable à ce jour : si l’enlèvement par Bernard Laroche est considéré comme établi, le scénario ultérieur est incertain. Un fiasco judiciaire: L’Etat a été condamné pour toutes les carences dans l’enquête et l’instruction défaillante du juge Lambert. Un fiasco médiatique : 80 % du contenu des articles était faux ou erroné, des journalistes traumatisés abandonnant leur métier, l’engagement d’un couple de correspondants locaux  de neuf médias nationaux pour imposer la culpabilité de Christine Villemin, illustration de ces dérives auxquelles s’est ajouté le rôle délirant de Marguerite Duras dans Libération «  Coupable, forcément coupable… ».
Ce fait divers qui recèle tous les ressorts de la dramaturgie classique a incité la plateforme américaine Netflix  a réalisé une série documentaire en cinq épisodes à diffusion mondiale. Patricia Tourancheau est coréalisatrice de la série, sortie en novembre dernier.

Pour conclure, un psychanalyste a écrit «  Les faits divers font entrer le traumatisme dans nos vies, comme un vaccin. L’inattendu  pourra toujours se produire mais nous saurons qu’on peut y survivre »
Patrick Avrane « Les faits divers, une psychanalyse » Puf 2018

Jean-Claude Charrier
Mars 2020

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