22 février 2011

400è chronique - Les rois aussi peuvent être bègues

400è chronique de ce blog ouvert en octobre 2005 : durer est important même s'il y a beaucoup d'améliorations possibles. Merci aux lecteurs d'ici et d'ailleurs.

Je profite de ce cap pour aborder un sujet sensible à l'occasion de la vision ce week end du très beau film de Tom Hooper " Le discours d'un roi" qui relate l'histoire vraie du roi d'Angleterre Georges VI qui souffrait d' un fort bégaiement à une époque - avant guerre - où la guerre des ondes se mettait en place. L'acteur Colin Firth " Bertie" se met bien dans la peau d'un bègue avec ce que cela comporte de blocages, de crispations, d'humiliations et de colère. On retrouve - expérience vécue ! - cette difficulté à débuter une prise de parole : un simple tour de table pour se présenter par son prénom et son nom peut être anxiogène quand on redoute de buter sur les r ( dans le film se sont les p ); les diphtongues c'est à dire la justaposition de voyelles par exemple théatre, réunion, cohabitation, ou les sigles, SNCF, LCL ou autres , sont autant d'obstacles qu'il faut aborder très concentré.
La prise de parole du bègue est une course sur un terrain parsemé d'obstacles visibles ou invisibles, qu'il faut escaler plus ou moins facilement ou contourner - en trouvant une formulation diiférente ( il y avait naguère un humoriste spécialiste du changement de vocabulaire quand il se trouvait embourbé dans des phrases inextricables...). Ce qui est crispant dans ces situations, en dehors de la prise de parole en soi, c'est d'avoir le sentiment que les auditeurs vont être plus attentifs à la forme du propos - avec l'attente de "l'erreur" ou pire le blocage à bout de souffle - qu'au fond. Difficile aussi le visage crispé des auditeurs qui au mieux compatissent à vos difficultés...Le bègue projette en fait sur l'auditoire ce qu'il a dans ses propres pensées.
Il perçoit aussi très vite les personnes qui souffrent du même handicap que lui qu'est le manque de fluidité dans la parole: Francis Perrin, François Bayrou, Albert de Monaco, Régis Debray ( parfois), sans parler des nombreux personnages historiques ou acteurs et actrices (voir le blog www.paroledebegue.free.fr)
Même contat que dans le film pour les discours écrits, annotés de toutes les poses et respirations; la hantise de buter sur la chute d'une histoire drôle; le fait d'être gaucher contrarié, etc...
Cela étant et il faut le dire, c'est toujours dans les épreuves que l'on renforce la volonté.

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