9 février 2011

Les médias et les Français: je t'aime, moi non plus

C'est le titre de La Croix du 8 février qui publie le sondage annuel sur les médias et les Français.
Baromètre 2011 de confiance dans les médias
Des affaires politico-économiques et le sport à la Une, pour le meilleur et pour le pire. Un film sur les moines de Tibhirine qui rassemble des spectateurs par millions et WikiLeaks qui agite la sphère médiatique, à défaut de passionner l’opinion. Descatastrophes climatiques en Haïti, en Russie ou au Pakistan mais aussi en France avec Xynthia… 2010 fut riche d’événements petits et grands, dérisoires et dramatiques, que les médias ont relayés avec plus ou moins d’appétit.

Le sondage annuel proposé par La Croix sur les liens unissant les Français et les médias met en lumière les attentes, les exigences et les critiques des citoyens, qu’ils soient lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ou internautes. Ou tout cela à la fois. À l’heure où des gouvernements autoritaires sont secoués par les peuples réclamant, entre autres, une presse libre, ces résultats sont d’autant plus précieux et renvoient chaque média et chaque professionnel à ses choix, ses méthodes, son éthique.

Faut-il s’alarmer de cet effritement de la confiance éprouvée par les personnes interrogées envers l’ensemble des médias, à l’exception d’Internet qui n’avance ni ne recule ? Si on rapproche ce résultat d’un intérêt pour l’information certes fort (69%) mais, lui aussi, en léger recul, on est tenté d’interpréter ces chiffres comme le symptôme d’une forme de lassitude, peut-être de mise en garde. Lassitude à l’égard de médias, jugés par ailleurs peu indépendants envers les pouvoirs politiques et économiques et prompts à s’emballer pour des sujets croustillants à défaut de profondeur.
La télévision demeure le média le plus fréquenté
Le corollaire de cette confiance rétive n’est peut-être, finalement, qu’une demande stimulante adressée à la presse écrite ou audiovisuelle. Pourquoi, s’interrogent les personnes sondées, s’épuiser autour de l’affaire Bettencourt ou des misères et manquements des Bleus en Afrique du Sud quand tant de questions fondamentales sont, selon elles, sous-représentées et insuffisamment expliquées, analysées ?

Le sondage 2011 a ajouté un thème à son panel habituel de questions : l’«affaire» WikiLeaks. L’écart est sensible entre la très importante couverture médiatique autour de la révélation des câbles diplomatiques américains et la manière dont l’opinion a envisagé l’«événement». Seuls 24% des Français déclarent avoir entendu parler avec intérêt de WikiLeaks. Sans surprise, c’est dans les couches sociales les plus informées et les plus diplômées que l’affaire a suscité le plus d’engouement (alors que 52% des ouvriers n’en ont pas entendu parler).

Tandis que la télévision demeure le média le plus fréquenté par les Français, notamment par ceux des catégories sociales et culturelles les moins favorisées (89% des personnes issues de catégories populaires en font leur première source d’information), les nouveaux médias et leurs enjeux ne semblent concerner encore qu’une frange minoritaire de la population.

Entériner ou, à l’inverse, contrebalancer cette tendance au renforcement d’une information de «niches», sans recherche d’élan commun mais destinée à telle ou telle frange «ciblée» de la population, figure au nombre des choix qui se posent à la presse.

Emmanuelle GIULIANI

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