22 mars 2012

Mémorial de l'abolitionde l'esclavage : les noyades de Loire aussi


Mémorial : pour une mémoire nantaise élargie et apaisée

L’inauguration le 25 mars du Mémorial de l’abolition de l’esclavage sur les quais de la Loire, fait consensus auprès des Nantais et des Nantais métropolitains malgré les réserves formulées par certains sur le coût de l’ouvrage. Le Mémorial est de nature à faciliter un dialogue ouvert sur des pages douloureuses de l’histoire nantaise, et une prise de conscience de tout ce qui reste à faire pour abolir définitivement l’esclavage, comme le rappelle judicieusement l’affiche présentant le Mémorial. Une place importante est consacrée, comme il se doit, à la méditation sur les crimes qui ont été commis en rapport avec le passé négrier de Nantes.
Comment ne pas penser aussi aux crimes commis sur ces mêmes lieux dans la période de Terreur de la révolution française ?
Je veux parler des noyades en Loire de novembre 1793 à février 1794, appelées à l’époque « déportations verticales », ordonnées par Jean-Baptiste Carrier en mission pour la Convention, qui ont fait plusieurs milliers de victimes (de 1800 à 4000 selon l’historien Jean- Clément Martin, beaucoup plus pour d’autres auteurs). Bien sûr, il s’agit des vaincus de l’Histoire : prêtres réfractaires, aristocrates, soldats et familles avec enfants et vieillards, de l’armée vendéenne décimée. Considérés comme des ennemis de la révolution et de la liberté, leur sort a été scellé selon un processus sommaire et expéditif qui préfigurait de nombreux crimes de régimes totalitaires. C’est un thème de méditation toujours d’actualité.
La mémoire nantaise sur cette période paraît encore empreinte d’un surmoi idéologique qui tend à minimiser, voire ignorer ces évènements. Rien sur les bords de la Loire ne rappelle ces crimes, si ce n’est à proximité, une modeste plaque rue Lamoricière à l’emplacement d’une des prisons brutalement vidées à cette période (et nommée Ancien entrepôt des cafés à mi-chemin entre la Loire et la carrière de Gigant, autre lieu d’exécutions sommaires).
Ne peut-on, en lien avec le Mémorial, faire plus pour réconcilier Nantes avec cette sombre page de son histoire ?

Texte publié - presque intégralement - dans le Forum Nantes de Ouest-France le 22 mars 2012
Egalement publié - intégralement - dans Presse Océan samedi 24 mars " courrier des lecteurs"
J'ai reçu plusieurs retours positifs, d'origines très diverses, sur ce texte. Aucune réaction négative.
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