Ousmane Ndiaye, les clichés africains à l'épreuve des faits
C'était le 1er février au CCO la conférence débat de l'Observatoire des médias avec Ousmane NDIAYE de Courrier International que j'accompagnais. Le thème était : Les clichés à l'épreuve des faits, les médias et l'Afrique.
Nombreux sujets abordés par
le jeune invité de l’Observatoire – 32 ans – qui a déjà à son actif, 14 ans de
journalisme au Sénégal et en France, la responsabilité de la rubrique Afrique à
Courrier International, des formations à Sciences Po Paris, et l’engagement
dans la Société des rédacteurs du Monde. Cette dernière responsabilité étant
particulièrement prenante en raison de la recherche d’un nouveau directeur de
ce journal suite au décès brutal d’Erik Israëlewicz.
Le thème proposé est d’abord
l’occasion d’une réflexion sur le journalisme « Le cliché est un mode de fonctionnement très
fréquent dans la presse » alors que de son point de vue « Le journalisme doit être un travail de
complexité, qui doit s’inscrire dans un processus long ». Citant
l’exemple du Mali , il souligne ses sept siècles d’histoire complexe.
L’information en référence à l’origine latine du mot, c’est « La mise en forme ». C’est
pourquoi Ousmane Ndiaye est l’un des signataires du Manifeste XXI – Revue
trimestrielle d’information diffusée en librairie - qui affirme avec force
l’avenir d’une presse écrite de qualité, sous le titre « Un autre journalisme est possible »
(1). Si la presse est en danger, le
journalisme ne l’est pas.
C’est l’occasion aussi de
mettre en garde contre la multiplication des experts – qui doivent d’abord être
médiatiques. Et de s’interroger « Y-a-t-il
de bons experts sur l’Afrique ? » ce qui permet à notre
intervenant de faire part de choix clairement affirmés.
L’Afrique et ses clichés
C’est la politique de
l’émotion qui domine sur l’Afrique. « L’Afrique,
c’est à 95% la guerre + la danse ! ». Il souligne aussi
l’ignorance de la bombe démographique qui n’a pas que des aspects positifs et
que 60% de l’immigration est intra-africaine. Un autre aspect concerne les
différences dans les colonisations française et britannique, la France ayant
pratiqué comme en Algérie, le peuplement. C’est ainsi qu’Albert Camus a créé un
journal en Afrique, que Jean Daniel a une très forte audience par son
implantation d’origine. La présence sur place est aujourd’hui exceptionnelle et
la relocalisation parisienne favorise le journalisme de commentaire qui est une
vraie spécialité française, ainsi que la très faible pratique des langues
étrangères. Un exemple de cliché lié à l’actualité est celui des Touaregs –
« Les hommes bleus » - qui
représentent au nord Mali, moins de 10% de la population. De même le danger et
la violence des nombreux attentats anti-chrétiens pratiqués par le groupe
islamiste Boko Haram – « L’Occident
est un péché » - dans le nord Nigéria, est peu connu et expliqué. La
région des Grands Lacs en Afrique Centrale et ses conflits permanents ayant
entraîné des millions de victimes, est
en partie, un angle mort de la presse française.
Sur le plan médiatique,
Ousmane Ndiaye relève le développement de médias libres en Afrique notamment au
Sénégal, où la première alternance politique est imputable à une presse libre.
Autre aspect, la formidable adaptation et créativité des Africains à l’égard
des nouvelles technologies, en particulier le téléphone portable.
Au total, Une intervention
très tonique et sans langue de bois, du plus jeune invité de l’Observatoire des
médias, qui souhaite retourner en Afrique de l’Ouest pour couvrir l’actualité
de cette région.
Jean-Claude Charrier – février 2013
Libellés : Afrique, Albert Camus, Courrier International, Françafrique, Jean Daniel, Ousmane Ndiaye
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