9 février 2013

Ousmane Ndiaye, les clichés africains à l'épreuve des faits



C'était le 1er février au CCO la conférence débat de l'Observatoire des médias avec Ousmane NDIAYE de Courrier International que j'accompagnais. Le thème était : Les clichés à l'épreuve des faits, les médias et l'Afrique.

Nombreux sujets abordés par le jeune invité de l’Observatoire – 32 ans – qui a déjà à son actif, 14 ans de journalisme au Sénégal et en France, la responsabilité de la rubrique Afrique à Courrier International, des formations à Sciences Po Paris, et l’engagement dans la Société des rédacteurs du Monde. Cette dernière responsabilité étant particulièrement prenante en raison de la recherche d’un nouveau directeur de ce journal suite au décès brutal d’Erik Israëlewicz.

Le thème proposé est d’abord l’occasion d’une réflexion sur le journalisme « Le cliché est un mode de fonctionnement très fréquent dans la presse » alors que de son point de vue «  Le journalisme doit être un travail de complexité, qui doit s’inscrire dans un processus long ». Citant l’exemple du Mali , il souligne ses sept siècles d’histoire complexe. L’information en référence à l’origine latine du mot, c’est  « La mise en forme ». C’est pourquoi Ousmane Ndiaye est l’un des signataires du Manifeste XXI – Revue trimestrielle d’information diffusée en librairie - qui affirme avec force l’avenir d’une presse écrite de qualité, sous le titre «  Un autre journalisme est possible » (1). Si la presse est  en danger, le journalisme ne l’est pas.

C’est l’occasion aussi de mettre en garde contre la multiplication des experts – qui doivent d’abord être médiatiques. Et de s’interroger «  Y-a-t-il de bons experts sur l’Afrique ? » ce qui permet à notre intervenant de faire part de choix clairement affirmés.

L’Afrique et ses clichés

C’est la politique de l’émotion qui domine sur l’Afrique. «  L’Afrique, c’est à 95% la guerre + la danse ! ». Il souligne aussi l’ignorance de la bombe démographique qui n’a pas que des aspects positifs et que 60% de l’immigration est intra-africaine. Un autre aspect concerne les différences dans les colonisations française et britannique, la France ayant pratiqué comme en Algérie, le peuplement. C’est ainsi qu’Albert Camus a créé un journal en Afrique, que Jean Daniel a une très forte audience par son implantation d’origine. La présence sur place est aujourd’hui exceptionnelle et la relocalisation parisienne favorise le journalisme de commentaire qui est une vraie spécialité française, ainsi que la très faible pratique des langues étrangères. Un exemple de cliché lié à l’actualité est celui des Touaregs – «  Les hommes bleus » - qui représentent au nord Mali, moins de 10% de la population. De même le danger et la violence des nombreux attentats anti-chrétiens pratiqués par le groupe islamiste Boko Haram – «  L’Occident est un péché » - dans le nord Nigéria, est peu connu et expliqué. La région des Grands Lacs en Afrique Centrale et ses conflits permanents ayant entraîné  des millions de victimes, est en partie, un angle mort de la presse française.

Sur le plan médiatique, Ousmane Ndiaye relève le développement de médias libres en Afrique notamment au Sénégal, où la première alternance politique est imputable à une presse libre. Autre aspect, la formidable adaptation et créativité des Africains à l’égard des nouvelles technologies, en particulier le téléphone portable.

Au total, Une intervention très tonique et sans langue de bois, du plus jeune invité de l’Observatoire des médias, qui souhaite retourner en Afrique de l’Ouest pour couvrir l’actualité de cette région.

Jean-Claude Charrier – février 2013


Libellés : , , , , ,