Elections communautaires, une élection hors sol, en trompe l'oeil
Les
documents officiels de préparation aux élections municipales des 23 et 30 mars prochains, ne manquent pas de
préciser qu’il s’agit « d’élections
municipales et communautaires »,
ce dernier point étant présenté comme une avancée démocratique significative. Nous
voterons donc aussi pour désigner les conseillers communautaires ayant en
charge l’ensemble des compétences de
l’agglomération Nantes Métropole. Concrètement sur les bulletins de vote,
seront soulignés ou mis sur une liste à part – « fléchés » en langage
administratif - les conseillers
municipaux appelés à constituer le Conseil communautaire. C’est, par la méthode
adoptée, une sorte de sous-ensemble, une élection « hors sol », un
vote bloqué, qui laissera perplexe la plupart
des électeurs. La campagne électorale montre que l’intérêt porté à cette élection communautaire est inversement
proportionnel aux enjeux politiques et financiers qu’ils représentent pour les
600 000 habitants de l’agglomération.
Ces
grands enjeux qui concernent les déplacements, la mobilité, les franchissements
de la Loire, les grands aménagements urbains, etc., sont débattus entre les
têtes de liste à Nantes sous le regard passif de la moitié non nantaise des
habitants de Nantes Métropole, qui sont quand même concernés à la fois comme
usagers de ses services ou de ses équipements et, en toute hypothèse, comme
contribuables pour en assurer le financement. Certes avec quelque cynisme on
nous dira que, puisque la majorité qui sortira des urnes à Nantes sera aussi
majoritaire au conseil communautaire, une élection à part des conseillers
communautaires ne changerait pas fondamentalement les choses. Sauf que s’il y
avait deux véritables élections indépendantes, municipales et communautaires, le
même jour, tout citoyen des 24 communes de Nantes Métropole pourrait en toute
liberté exprimer le choix de ce qui lui convient le mieux, au plan de sa
commune et au plan de l’agglomération. Ce qui donnerait une véritable
légitimité au conseil communautaire.
En
l’an 2 000, un rapport de Pierre Mauroy avait déjà proposé l’élection
des conseillers communautaires au suffrage universel direct. Trois élections
municipales et quatorze ans après, nous n’en sommes qu’à cette élection en
faux-semblant qui ne laisse aucune initiative aux électeurs et que l’on
voudrait faire passer pour un progrès remarquable. Comment s’étonner alors de
la défiance des Français à l’égard du système politique, qui se renforce de
sondage en sondage. Une récente étude Ipsos-Steria (Le Monde 08.02.14) montre
que pour 63 % des sondés le système démocratique « fonctionne de moins en moins bien »
et autre illustration de cette défiance, trois sur quatre (74%) assurent se
sentir « de plus en plus manipulés ».
Contribution adressée au Conseil de développement de Nantes Métropole et au forum Ouest France ( paru le 19 mars 2014)
Libellés : démocratie, Elections municipales et communautaires, Nantes Métropole, Pierre Mauroy
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