8 février 2015

Alain Duhamel, mitterrandien ?

Nous avons failli manquer notre rendez-vous sur le quai de la gare de Nantes, mais nous nous sommes retrouvé dans le passage souterrain. Serein, impressionnant, avec juste un livre à la main. Quel livre ? j'aurais bien aimé - par curiosité - en connaître le titre. J'ai pensé à la séquence forte de son livre Une histoire personnelle de la Ve république  (Chez Plon) où il relate la visite dans la chambre mortuaire de François Mitterrand où un livre était posé sur la table de chevet. Quel livre ?  Alain Duhamel brûlait du désir de connaitre la dernière lecture du monarque défunt. Bien que seul, il jugea inconvenant de frôler le masque mortuaire pour satisfaire sa curiosité...


Alain Duhamel est bien vivant, "inusable" à 74 ans, ayant le matin même enregistré son éditorial sur RTL dans des conditions matérielles éprouvantes auxquelles se sont ajoutés les embarras de Paris provoqués par les manifestations des auto-écoles ! Tout cela n'a pas entamé la maîtrise, la disponibilité, le talent de l'invité de l'Observatoire des médias de l'université permanente (OMUP) vendredi dernier.Sur le thème de Cinquante ans de journalisme politique, devant près de 300 personnes il nous a donné une conférence magistrale.
 Un survol de la période 1960-2015 avec ses grands maîtres Mendès France et De Gaulle, une fantastique galerie de portraits de ces hommes et femmes politiques qu'il a tellement cotoyé ( De Debré, Marchais, Mitterrand à Chirac, Villepin, Ségolène Royal, Sarkozy et Hollande et tellement d'autres) . Vus de l'intérieur, interviewés dans des émissions cultes qu'il a aussi créées comme l'Heure de vérité avec Pierre Desgraupes, Il est sans doute le meilleur et l'inlassable observateur de la vie politique française. L'empathie avec la plupart des acteurs - sa courtoisie et le sens de l'équilibre sont unanimement reconnus - n'empêchent  pas d'analyser et de décrypter les monvements plus longs de l'histoire politique : l'émergence de la redoutable démocratie d'opinion, les morts successives du socialisme à l'ancienne, le cheminement vers le pouvoir de l'extrème droite...



Noté au vol :
" J'avais tout pour être détesté des journalistes : Bourgeois, Intellectuel, Modéré !"
L'admiration et la collaboration du jeune Alain Duhamel avec Pierre Mendès France et Raymond Aron
Le rôle du livre " Ma part de vérité" de François Mitterrand qu'il aida à publier en 1969 et qui constitua pour lui un véritable talisman pendant plus de 20 ans ( notamment en 81) dans leurs relations très personnelles.
Le premier grand débat des présidentielles en 1974 - Giscard" éblouissant," et Mitterrand " majestueux et pervers comme une araignée royale "mais où les animateurs n'étaient que les gardiens de l'horaire !
Les questions qui ont eu un impact historique  : à Mitterrand en 81 avant les Présidentielles en fin d'émission sur sa position au regard de la peine de mort. Sur un registre plus léger, en 2004, les pensées de Nicolas Sarkozy en se rasant le matin...
A propos de ce dernier et la presse : elle l'a adoré pendant des années avant 2012 et  ne cesse de le détester depuis.
La gouvernance de Chirac " gouverné par son  tempérament !"
" Pendant longtemps le prescripteur d'opinion des médias était Le Monde, puis ce fut le tour de France 2, et maintenant c'est BFM"
Le ON/OFF " Je suis le dernier à continuer à pratiquer le OFF , c'est ma culture, mon éthique et le meilleur moyen d'informer dans la durée"

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