Nantes Métropole maltraite le pont Transbordeur
Le grand débat « la Loire et vous » trouvait son épilogue ce matin devant le conseil communautaire de Nantes métropole. On a beaucoup parlé des circulations vélos, des guinguettes, navibus, et tranports par barges. Fallait-il neuf mois de débat et 600 000 € de dépenses pour ces choix qui étaient déjà largement dans les tuyaux.
Ce n’est qu’après 50 minutes de présentation et d’interventions que le mot « Pont Transbordeur » a été prononcé – il était manifestement attendu - par Blandine Krysmann, élue de l’opposition nantaise. Elle a recadré les choses en rappelant qu’il y avait urgence à trouver des solutions de franchissements de la Loire vers l’ile de Nantes. Que l’élargissement du pont Anne de Bretagne dont le coût varie de 8 à 25 millions accentuera l’effet d’entonnoir et les bouchons sur le quai de la Fosse surtout si l’on y fait passer un tramway.
A juste titre, elle a comparé le traitement par Johanna Rolland de l’Arbre aux hérons et du pont Transbordeur pour sa dimension touristique, c'est-à-dire la rue aérienne. D’un côté une attention et des civilités marquées, de l’autre, une superbe ignorance, l’absence et le refus de tout contact. Pourtant la société civile, c’est nous…
C’est Bertrand Affilé maire de St Herblain qui a été chargé de répondre et de justifier la mise à l'écart du pont Transbordeur, la président de la Métropole n’ajoutant pas un mot sur son attitude à notre égard.
En parlant « d’un coût de centaines de millions », ( Un lapsus ?) alors que les études menées situe le pont nacelle à 40 millions et la rue aérienne à 30 à 40 millions, soit un total pont Transbordeur autour de 80 millions €.
Autre raison « Ne réponds pas au besoin de transport de véhicules et provoquerait des bouchons». Faut-il rappeler que Nantes métropole n’a jamais chiffré ses besoins, alors que nous avons toujours mis cartes sur table quant à la capacité du PT.
A savoir, par heure et par sens : piétons 4 000, deux roues 1 000, voiture 240, Busway ou tramway 20. L’élargissement du pont Anne de Bretagne fera-t-il mieux ?
A titre de fleurs et couronnes, Bertrand Affilé a ajouté « Si les porteurs du pont Transbordeur trouvent de quoi le financer, qu’ils le fassent ! ».
Une nouvelle étape pour les franchissements est renvoyée « aux générations futures » ! Les emprises sont préservées…
Les trente propositions retenues par la Métropole ont été adoptées « à une très grande majorité » par le conseil communautaire, seules les élus minoritaires nantais se sont abstenus.
Deux observations personnelles pour finir.
Johanna Rolland a débuté la présentation de la délibération en citant Julien Gracq parlant de Nantes et la Loire « Port de notre imaginaire collectif »*. Je cherche vainement le grand souffle d’imagination dans ce terne débat.
Quelques jours après les élections régionales et le choc qu’elles ont provoqué, j’ ai le sentiment d’avoir vécu en direct le grand décalage entre l’opinion et ses élus. Tout est verrouillé, entre soi, et anesthésié par la forme. « Méforme d’une ville » pour reprendre le titre d’un blogueur nantais.
*Citation de Julien Gracq
« Le pont transbordeur de Nantes était aussi inséparable de l'image du port que l'est la tour Eiffel de la perspective du Champ-de-Mars : il la cadrait parfaitement. Encore maintenant, ses jambages de colosse de Rhodes continuent, au fond de mon oeil, à réunir en pointillé le quai de la Fosse aux chantiers de l'île Beaulieu... » Julien Gracq dans La Forme d'une ville (1985).
16 décembre 2015Libellés : Arbres aux hérons, Bertrand Affilé, Blandine Krysmann, Johanna Rolland, Nantes Métropole, Pont transbordeur
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