1 décembre 2015

13 novembre 2015, constats et questions

Le 13 novembre 2015, le plan de Daech était manifestement de provoquer d'abord des centaines de victimes au stade de France. Pourquoi avoir envoyé trois kamikazes sur ce site où il y avait plusieurs dizaines de milliers de spectateurs pour - si j'ose dire - simplement se faire exploser à l'extérieur de l'enceinte où il n'y avait presque plus personnes ? Le plus plausible est qu'ils soient arrivés en retard, ce qui montre une organisation pieds nickelés, et qu'à l'heure programmée, ils se soient fait sauter - pour respecter la consigne -, et comme pour frapper les trois coups de cette sinistre soirée. Le stade de France a échappé au scénario catastrophe.
Le massacre du Bataclan a été épouvantable par la froide détermination des tueurs, la foule stupéfaite et abattue sans pitié, le lieu clos, et la durée. Deux heures d'attente, en plein Paris, avant que l'assaut soit lancé par la BRI, c'est long, manifestement trop long. Quand on est journaliste ou chroniqueur a-t-on le droit de s'interroger sur l'adaptation du dispositif ? Sur les forces mobilisables immédiatement ?  Le politologue Thomas Guénolé a été démissionné de sa chronique sur RMC, pour s'être fait l'écho des interrogations qui devront bien être examinées. "Circulez, il n'y a rien à voir " n'améliorera pas  l'efficacité de notre riposte.
C'est aussi une menace pour la liberté de la presse, car les pressions sur RMC ont été explicitées.
Au chapitre de l'efficacité, j'ai envie de reprendre la formule du criminologue Alain Bauer concernant notre dispositif de renseignement " Passer de deux à quatre oreilles n'améliorera pas notre efficacité si nous avons pas de tête" . C'est bien là, le problème : pourquoi avoir des milliers de fiches S sur des gens plus ou moins dangereux, si personne ne sait cibler les plus dangereux ? Aussi bien en janvier avec Charlie hebdo que le 13 novembre, tous ces terroristes, français pour la plupart, étaient connus depuis longtemps, recherchés, et malgré cela se "baladaient" entre la France, la Belgique, la Syrie.
Savons-nous gérer notre capital de matière grise ? Le magistrat antiterroriste Marc Trévidic, unanimement reconnu comme efficace et compétent dans sa mission, est parti depuis l'été dernier s'occuper des affaires matrimoniales au tribunal de grande instance de Lille. Incroyable utilisation des compétences ! Cette mutation n'est pas une sanction, non, simplement l'application de la règle des 10 ans qui contraint tout magistrat à prendre un autre poste à cette échéance. Alors que nous nous savions sous la menace terroriste, que lui-même avait auditionné des djihadistes qui annonçaient les concerts de rock comme cibles prioritaires, ne fallait-il pas faire une exception pour Marc Trévidic et le laisser agir contre le terrorisme ? Au lieu de ça, il en est réduit à donner des interviews pour la presse....

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