Mourir dans la cour du lycée Clemenceau de Nantes
( Contribution à l'occasion du 200è anniversaire du lycée )
C’était la récréation de midi dans la grande cour côté Jardin des plantes, par une belle journée de printemps 1958 ou 1959. Des travaux d’entretien ou de construction étaient en cours, et plusieurs camions y participaient au milieu des lycéens. Pour ces camions avec moteurs avancés, et il fallait périodiquement maintenir un niveau d’eau suffisant dans le radiateur afin d’éviter la surchauffe. Ce que l’un des chauffeurs était en train de faire, après avoir rempli une bouteille au robinet près du blockhaus. Pour cette opération, il était face au moteur de son camion.
A ce moment, l’un de ses collègues qui, avec son véhicule comportant une benne arrière, effectuait une manœuvre de recul, est venu – évidemment sans le voir – percuter le premier camion, et par la même compresser le malheureux chauffeur contre son moteur. ( Je ne fus pas témoin direct de la collision, mais me trouvais à proximité, et constatais immédiatement le déplacement de plusieurs mètres du premier camion sous la violence du choc). Un attroupement se forma autour de la victime à terre – je répugnais à ce voyeurisme - et les secours intervinrent rapidement. Hélas, la masse des véhicules était telle, les lésions thoraciques forcément importantes et les chances de survie ne pouvaient qu’être infimes. Il décéda peu de temps après. La presse locale – La Résistance de l’Ouest – s’en fît l’écho.
Ce qui me choqua à propos de ce drame, c’est que l’institution resta muette vis à vis des lycéens, en dehors d’un appel du surveillant général, pour connaître les témoins directs, sans doute pour les besoins de l’enquête.
Fils d’un chauffeur dans une carrière, je m’étais senti très proche de cet ouvrier, mort au travail, et de sa famille. Seul l’aumônier catholique, présent dans le lycée, invita ceux qui fréquentaient la chapelle à se recueillir à sa mémoire.
Libellés : Lycée Clemenceau, mort au travail
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