Hervé Brusini, panurgisme des médias, choc des images
Ce que j'ai retenu de la rencontre avec Hervé Brusini le 18 novembre dans le cadre de l'Observatoire des médias de l'université permanente de Nantes ( OMUP).
Pourquoi les médias disent-ils tous la même chose ?
« Le panurgisme des médias : ne pas traiter la même chose que les confrères, c’est prendre un risque ! ». La formation des journalistes – le formatage diront certains – n’est pas de son point de vue, un élément déterminant du copié-collé des grands médias ( il y a 30 à 40 % d’infos recopiées). Il refuse de retenir que les raisons exogènes (concurrence : oui mais ; paresse : non, mais ; poids des radios télés…) et centre sa réflexion sur l’évolution de la perception des évènements par les journalistes. « On ne conçoit plus l’événement de la même façon ».
En prenant le traitement de l’actualité, un même jour, tous les dix ans depuis 1960, il met en lumière le passage progressif du fait divers, constaté en tant que tel par le journaliste sur le terrain, au fait de société qui, partant du fait divers (accident, catastrophe, crime…) fait intervenir, experts, sociologues, spécialistes divers, et aussi politiques, qui analysent, dissèquent, quantifient et transforme le travail du journaliste, de plus en plus éloigné du terrain.
Hervé Brusini plaide pour plus de vie dans le traitement de l’information, un journalisme plus centré sur la révélation que sur la validation. « Le retour de l’évènement et de sa curiosité distinctive – grandeur et humilité par rapport aux faits - c’est la seule planche de salut de notre métier ».
« Le suivisme et la précipitation : deux défauts qui empêchent la presse écrite de cultiver sa différence ».
Le rôle et la place des images ( H. Brusini a été rédacteur en chef du 20 h de France 2 pendant 3 ans ).
Faut-il montrer l’insupportable ?
« Il faut être sans complaisance, sans arrogance, avoir le respect de l’image et de celui qui la regarde » « Avoir conscience de la mission historique que peut avoir l’image : lorsqu’il n’y a pratiquement pas d’images et que les derniers témoins disparaissent ( ex. Shoah ) la porte est ouverte à tous les négationnistes et falsificateurs ». « Le reporter est lié à l’histoire ».
Où commence la complaisance ?
« La complaisance commence quand on montre les images choquantes, en boucle, comme parfois sur les chaînes infos. Exemple : DSK menotté : montrer une fois Oui, pour l’information que cela donne sur le fonctionnement de la justice américaine, mais pas au-delà. »
Il y a une forte demande sur le Comment vous faites vos images ? Illustré par l’exemple de Jérôme Bony envoyé spécial au Congo Kinshasa et présentant en voix off un commentaire en total décalage avec des images d’une exécution sommaire insupportables.
L’enjeu c’est l’intelligence des citoyens.
La crise de la presse ? Lucidité ou fin de carrière ? Hervé Brusini considère que « la presse peut disparaitre d’ici 20 ans, mais ce qui importe c’est l’homme »
Le pouvoir des médias ? Beaucoup plus limité qu’on ne le pense généralement. Exemple : les primaires citoyennes : qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Libellés : Hervé Brusini, Observatoire des médias de Nantes
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