27 novembre 2011

Hervé Brusini, panurgisme des médias, choc des images


Ce que j'ai retenu de la rencontre avec Hervé Brusini le 18 novembre dans le cadre de l'Observatoire des médias de l'université permanente de Nantes ( OMUP).

Pourquoi les médias disent-ils tous la même chose ?
« Le panurgisme des médias : ne pas traiter la même chose que les confrères, c’est prendre un risque ! ». La formation des journalistes – le formatage diront certains – n’est pas de son point de vue, un élément déterminant du copié-collé des grands médias ( il y a 30 à 40 % d’infos recopiées). Il refuse de retenir que les raisons exogènes (concurrence : oui mais ; paresse : non, mais ; poids des radios télés…) et centre sa réflexion sur l’évolution de la perception des évènements par les journalistes. « On ne conçoit plus l’événement de la même façon ».
En prenant le traitement de l’actualité, un même jour, tous les dix ans depuis 1960, il met en lumière le passage progressif du fait divers, constaté en tant que tel par le journaliste sur le terrain, au fait de société qui, partant du fait divers (accident, catastrophe, crime…) fait intervenir, experts, sociologues, spécialistes divers, et aussi politiques, qui analysent, dissèquent, quantifient et transforme le travail du journaliste, de plus en plus éloigné du terrain.
Hervé Brusini plaide pour plus de vie dans le traitement de l’information, un journalisme plus centré sur la révélation que sur la validation. « Le retour de l’évènement et de sa curiosité distinctive – grandeur et humilité par rapport aux faits - c’est la seule planche de salut de notre métier ».
« Le suivisme et la précipitation : deux défauts qui empêchent la presse écrite de cultiver sa différence ».

Le rôle et la place des images ( H. Brusini a été rédacteur en chef du 20 h de France 2 pendant 3 ans ).
Faut-il montrer l’insupportable ?
« Il faut être sans complaisance, sans arrogance, avoir le respect de l’image et de celui qui la regarde » « Avoir conscience de la mission historique que peut avoir l’image : lorsqu’il n’y a pratiquement pas d’images et que les derniers témoins disparaissent ( ex. Shoah ) la porte est ouverte à tous les négationnistes et falsificateurs ». « Le reporter est lié à l’histoire ».
Où commence la complaisance ?
« La complaisance commence quand on montre les images choquantes, en boucle, comme parfois sur les chaînes infos. Exemple : DSK menotté : montrer une fois Oui, pour l’information que cela donne sur le fonctionnement de la justice américaine, mais pas au-delà. »
Il y a une forte demande sur le Comment vous faites vos images ? Illustré par l’exemple de Jérôme Bony envoyé spécial au Congo Kinshasa et présentant en voix off un commentaire en total décalage avec des images d’une exécution sommaire insupportables.
L’enjeu c’est l’intelligence des citoyens.
La crise de la presse ? Lucidité ou fin de carrière ? Hervé Brusini considère que « la presse peut disparaitre d’ici 20 ans, mais ce qui importe c’est l’homme »

Le pouvoir des médias ? Beaucoup plus limité qu’on ne le pense généralement. Exemple : les primaires citoyennes : qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

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21 novembre 2011

Hervé Brusini et l'Observatoire des médias






Pourquoi les médias disent-ils tous la même chose ? le 18 novembre au CCO avec Hervé Brusini et l’Observatoire des médias de l’université permanente.
Le regard du journaliste a changé sur ce qui a toujours été sa raison d’être, à savoir l’évènement. Aujourd’hui, on l’examine, on le mesure, on le met en série…, tant et si bien que le débat et la controverse deviennent plus importants que les faits eux-mêmes. Comment expliquer cette crise du journalisme ? Formation déficiente ? délit de connivence ? Exigence de vitesse due aux nouveaux médias ? Effets pervers de la concurrence ?
Au bout du compte, le sentiment que les médias disent tous la même chose, que la copie conforme menace notre démocratie, ébranlant l’un de ses piliers, en produisant une parole toujours plus douce et univoque.
« Pourquoi les médias disent –ils tous la même chose ? » sera le thème de la 1ère conférence débat 2011/2012 de l’Observatoire des médias de l’université permanente de Nantes le vendredi 18 novembre 2011 au CCO de 14 h 30 à 16 h. L’invité est Hervé BRUSINI qui réfléchit et écrit de longue date sur l’information, particulièrement télévisée. Après avoir été reporter ( prix Albert Londres en 1991), directeur de la rédaction nationale de France 3 et rédacteur en chef du 20 h de France 2, il travaille désormais sur l’avenir numérique de l’information de France Télévisions. Il a publié en mai 2011 COPIE CONFORME aux éditions du Seuil ( Médiathèque ).

Commentaires et échos de la conférence à suivre.

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