31 janvier 2016

Finki à l'Académie française

J'ai noté ce passage dans le remarquable discours d'Alain Finkielkraut pour son entrée à l'Académie française jeudi dernier. Beaucoup l'attendait au coin du bois. Ils en ont été pour leurs frais.

La France s’est rappelée à mon bon souvenir quand, devenue société post-nationale, post-littéraire et post-culturelle, elle a semblé glisser doucement dans l’oubli d’elle-même. Devant ce processus inexorable, j’ai été étreint, à ma grande surprise, par ce que Simone Weil appelle dans L’Enracinement le « patriotisme de compassion », non pas donc l’amour de la grandeur ou la fierté du pacte séculaire que la France aurait noué avec la liberté du monde, mais la tendresse pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable. J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi était mortelle, et que son « après » n’avait rien d’attrayant.
Cet amour, j’ai essayé de l’exprimer dans plusieurs de mes livres et dans des interventions récentes. Cela me vaut d’être traité de passéiste, de réactionnaire, voire pire, et même le pire par ceux qui, débusquant sans relâche nos vieux démons, en viennent à criminaliser la nostalgie, et ne font plus guère de différence entre Pétain et de Gaulle, ou entre Pierre Gaxotte et Simone Weil.


Publié dans la lettre de Causeur

A noter dans Le Monde du 28 janvier une remarquable enquête de Raphaëlle Bacqué sur la préparation de son entrée à l'Académie sous le titre " De cape et d'épée".

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