28 mars 2012

Denis Pingaud et les sondages


Denis Pingaud : Les secrets des sondages

Conférence débat de l’Observatoire des médias – 20 janvier 2012

Avant le débat avec la salle, Denis Pingaud a présenté son propos autour de trois questions :
- Les sondages, objets douteux ?
- Quelles critiques sur les sondages ?
- Les sondages objets pervers de la démocratie ?

I – Les sondages, objets douteux ?
Les sondages s’inscrivent dans une science sociale vivante. C’est un travail sérieux, qui à l’évidence ne doit pas faire disparaître le vote. Ce qui est fréquemment critiqué, ce sont les redressements effectués par les instituts après collationnement des enquêtes : en quelque sorte, la cuisine interne de chaque organisme.
Il convient de garder à l’esprit, d’une part que le sondage d’opinion n’a pas de valeur prédictive, c’est à dire qu’il se limite aux intentions, et d’autre part « Le film vaut mieux que la photo » à savoir, les évolutions dans le temps sont plus importantes que le constat chiffré à un temps T.
Deux observations faites à propos de la campagne présidentielle :
- Jamais les prévisions du 2è tour n’ont montré un écart aussi grand (au 20 janvier)
- Le vote protestataire est important notamment avec trois candidats : Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et François Bayrou, qualifiés de « protestataires intégrés ».
II – Critiquer les sondages ?
« Ce qui compte c’est la question ». Il y a une tendance naturelle à répondre oui plutôt que non si bien que pour une même situation (exemple : le climat d’insécurité), il peut y avoir 10 points d’écarts entre une question incitant majoritairement une réponse positive ou une réponse négative. Il y a de même une ergonomie dans l’ordre des questions pour avoir des réponses le moins biaisé possible.
L’interprétation donnée par les médias, peut dévier, détourner le sondage, en fonction des préférences partisanes du support. Il serait souhaitable que le commentaire de l’institut soit connu pour pallier ce risque.

III – Objets pervers dans la démocratie ?
Avant 2002, il n’y avait pas de sondages dans la semaine précédant une élection. Aujourd’hui les sondages interviennent jusqu’au vendredi soir. Est-ce dommageable pour la démocratie ?
On constate qu’il y a chez les électeurs flottants un double mouvement d’une part, d’accompagnement des progressions dans les sondages mais aussi, de réactions en sens contraire. Il est difficile de considérer que cette multiplication des sondages dénature la démocratie. L’électeur sait de plus en plus décrypter ce contexte envahissant.
Didier Pingaud plaide pour l’autorégulation des instituts de sondages.

Les sondages ne rendent pas compte des « mouvements tectoniques » de l’opinion, notamment la défiance dans le pays au regard des institutions, des responsables économiques et politiques. De même les enquêtes du type « Pourquoi avez-vous changé d’avis ? » sont peu nombreuses car elles sont couteuses.

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