Les Vénézuéliens immigrent en masse au Pérou fuyant leur pays en ruine
Un ami d'enfance, prêtre à Lima au Pérou, expose à ses correspondants français ce qui se passe actuellement dans son pays d'adoption : l'arrivée massive de Vénézuéliens fuyant la dictature de Maduro.
"Je voudrais vous parler d’ un grand
déplacement de population qui a atteint le Pérou, après la Colombie. Il s’ agit
des Vénézuéliens qui arrivent en masse à Lima. Ils sont partout. Dans les bus à
vendre des chaussons aux pommes. Dans la
rue comme vendeurs ambulants. Dans mon quartier il n’ y a plus une seule
chambre à louer, les Vénézuéliens ont tout pris . Ils s’ entassent là à cinq ou six, hommes et
femmes. Dorment par terre. Bons catholiques ma paroisse a nettement augmenté en
nombre depuis cinq mois… Le Pérou n’avait jamais connu ça, c’ était au
contraire dans les années 90 les Péruviens qui émigraient au Venezuela à cause
de la violence politique du Sentier Lumineux. Les migrants du Vénézuéla au Pérou ont franchi la barre du demi million.
Et ils continuent d’ arriver : venant de Colombie, ils passent par l’
Equateur et franchissent la frontière à Tumbes, une petite ville frontalière,
qui n’ en peut plus. En Colombie ils sont un million 800.000. Les premiers sont
apparus chez nous en mars de cette année. Certains jours d’ octobre à Tumbes dix
mille par jour passaient la frontière. Le Pérou a trente millions d’ habitants,
la France en a le double ; imaginez qu’ en France un million d’ étrangers
débarquent en neuf mois. C’ est arrivé vers 1962 avec les Pieds Noirs
(français !) qui quittaient l’ Algérie, mais c’ était le temps des trente
glorieuses et le choc n’ a pas été trop dramatique
Que s’ est-il passé ? Qui
sont-ils ? Pourquoi le Pérou ?
Il s’ est passé qu’ un dictateur a provoqué
la banqueroute à Caracas et il s’ accroche au pouvoir. De nom Maduro. Là-bas
les étalages sont vides dans les supermarchés et il n’ y pas le minimum de
médicaments dans les Hôpitaux. Les salaires sont tombés à quelques dizaines de
dollars par mois. Les migrants que nous recevons ne sont pas les plus pauvres,
53% d’ entre eux ont des études supérieures. Je connais José , il est
psychiatre et vend du café dans la rue ; Jonathan qui vient prier avec moi
tous les matins est professeur et il
lave la vaisselle dans un restaurant. Des jeunes mamans m’ ont dit : on a
eu très peur d’ accoucher chez nous, il n’ y a pas le minimum , on a fermé des
maternités. Ici on nous a bien traitées. Pourquoi le Pérou ? Si la
politique est gangrenée par la corruption, cependant l’ économie ne va pas si
mal. Et Vizcarra notre nouveau président a ramené la confiance, qui va s’
exprimer envers sa personne le 9 décembre par référendum ."
Un point commun avec le récent exposé de Stephen Smith : ce ne sont pas les plus pauvres qui partent, ce sont ceux qui croient en leur avenir et qui vont le chercher là où il apparaît possible.
Libellés : banqueroute à Caracas., Maduro, migrations massives, Pérou, Vénézuéla
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