Baromètre annuel des médias 2025 - La Croix
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Baromètre des médias 2025 : désinformation, fatigue, confiance… Notre sondage en 8 chiffres clés
AnalyseEXCLUSIF. L’intérêt des Français pour l’actualité reste fort, mais la confiance qu’ils placent dans le monde médiatique continue de chuter, tandis que grimpe leur sentiment d’être confronté à de fausses informations, selon le 38e baromètre de la confiance dans les médias La Croix–Verian–La Poste.
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76 % suivent l’actualité avec un grand intérêt
L’intérêt des Français pour l’actualité continue de croître légèrement. S’ils n’étaient que 62 % à déclarer suivre l’actualité avec un grand intérêt en janvier 2022, le chiffre est monté à 75 % en novembre 2023, et atteint cette année 76 %. À noter un écart considérable entre les réponses des hommes et des femmes : les premiers sont 84 % à suivre l’actualité avec un grand intérêt, contre seulement 69 % des sondés.
En revanche l’écart générationnel constaté sur la précédente édition du baromètre semble, lui, s’être résorbé. Les 18-24 ans sont 74 % à manifester un grand intérêt pour l’actualité, quand ils n’étaient que 61 % en novembre 2023, soit une hausse de 14 points ! Les 50-64 ans sont 78 % à répondre en ce sens, contre 81 % en 2023.
62 % se méfient de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité
La défiance générale à l’endroit du système médiatique pris dans son ensemble ne cesse d’augmenter. En janvier 2022, 54 % des sondés répondaient qu’il fallait « se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité ». Ils étaient 57 % en novembre 2023. Cette dernière édition du baromètre voit bondir ce dernier chiffre d’encore 5 points, le portant à 62 %, soit une évolution de 8 points entre janvier 2022 et janvier 2025.
Parmi ceux qui répondent que l’on « peut avoir confiance dans ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité », on relève un clivage entre catégories socioprofessionnelles. Alors que 40 % des CSP+ (agriculteurs, commerçants, artisans, chefs d’entreprise, cadres, professions intermédiaires et professions intellectuelles) répondent en ce sens, ils sont seulement 28 % des CSP- (ouvriers et employés) et 28 %, aussi, des inactifs ou retraités.
70 % ont confiance dans leurs proches pour les informer
Invariablement, les proches se classent en haut du tableau : 70 % des sondés disent leur faire confiance pour se tenir informés sur ce qu’il se passe dans l’actualité, un chiffre relativement stable (– 1 point par rapport à 2023, + 2 points par rapport à 2022). Mais l’écart entre eux et le premier média cité, à savoir les journaux télévisés, se rétrécit : il était de 4 points en novembre 2023, il n’est plus que d’un point pour cette édition du baromètre.
S’ils se montrent très méfiants envers les médias pris dans leur globalité, les Français font de plus en plus confiance à ceux qu’ils utilisent. Ainsi 74 % de ceux qui déclarent s’informer via un JT leur font confiance (+ 2 points), il en va de même pour 72 % des lecteurs de la presse régionale (+ 5 points), 71 % des lecteurs de presse nationale (+ 4 points), 53 % des téléspectateurs d’émissions d’info-divertissement (+ 7 points) ou encore 42 % de ceux qui s’informent par le biais d’influenceurs (+ 5 points). En revanche, seulement 19 % des sondés estiment que les influenceurs sont dignes de confiance.
44 % de ceux qui ressentent de la fatigue informationnelle invoquent la redondance des sujets
Le pourcentage de Français qui ressentent « de la fatigue ou du rejet par rapport aux informations et à l’actualité » reste stable, à hauteur de 51 %. Les raisons évoquées pour l’expliquer évoluent, elles, sensiblement. Ainsi 44 % des concernés l’attribuent à la redondance des sujets abordés dans les médias, contre 48 % en novembre 2023.
À l’inverse, la proportion des sondés qui expliquent leur lassitude au sentiment d’angoisse ou d’impuissance qu’ils ressentent face à l’actualité continue d’augmenter : ils sont désormais 41 %, quand ils n’étaient que 38 % en novembre 2023, et 35 % en janvier 2022. Là aussi, l’écart entre les genres est net : si seulement 32 % des hommes partagent ce sentiment, ce sont 49 % des femmes qui l’évoquent.
Troisième facteur de lassitude le plus cité : l’absence de confiance envers les médias, qui concerne 25 % de ceux qui ressentent de la fatigue informationnelle. Ce chiffre est en baisse de 2 points d’après le baromètre 2025, après avoir connu une hausse de 5 points entre janvier 2022 et novembre 2023.
66 % attendent des médias qu’ils les informent sur ce qui se passe en France ou dans le monde
Interrogés sur leurs attentes vis-à-vis des médias, les sondés sont 66 % à citer leur désir d’être informés « sur ce qui se passe ailleurs en France ou dans le monde », dont 53 % des 18-35 ans et 70 % des plus de 35 ans. Au deuxième rang des attentes, le désir d’être aidé à mieux comprendre et à se faire son opinion sur le monde d’aujourd’hui (58 % du total). Une attente partagée par 54 % des moins de 35 ans, et 60 % des plus de 35 ans.
Seulement 32 % des sondés attendent des médias qu’ils les confrontent à d’autres opinions et points de vue que les leurs. Un chiffre qui décroît avec l’âge, puisque 37 % des 18-24 ans l’évoquent, 34 % des 25-34 ans, 33 % des 35-49 ans et 27 % des 50-64 ans. Il remonte légèrement chez les plus de 65 ans, dont 33 % attendent d’être confrontés à des points de vue différents.
41 % trouvent que les médias ont trop parlé de l’élection présidentielle américaine en 2024
Parmi les événements marquants de l’année 2024, l’élection présidentielle américaine a été le sujet le plus surtraité par les médias pour 41 % des sondés. Au contraire, les inondations catastrophiques en Espagne apparaissent comme le sujet le mieux traité, 56 % des personnes interrogées considérant que les médias en ont parlé « comme il faut ». Un chiffre à nuancer néanmoins tant l’écart générationnel est fort : si 60 % des plus de 35 ans pensent effectivement que le sujet a été correctement traité, seuls 43 % des moins de 35 ans partagent cet avis, et 30 % estiment que les médias n’en ont pas suffisamment parlé.
Le traitement médiatique du conflit au Proche-Orient est lui aussi un sujet de clivage : 31 % des moins de 35 ans trouvent qu’il n’a pas été suffisamment traité, contre seulement 15 % des plus de 35 ans (dont 10 % des plus de 65 ans). L’explication est peut-être à chercher du côté d’un moindre d’appétit pour l’actualité internationale chez les plus âgés : 45 % des plus de 35 ans pensent ainsi que l’on a trop parlé de l’élection présidentielle américaine, dont 52 % des plus de 65 ans, contre 31 % des plus jeunes.
53 % estiment être confrontés plusieurs fois par semaine à la désinformation sur les réseaux sociaux
Piste d’explication de la défiance marquée envers le système médiatique (62 % des sondés expriment une méfiance envers les médias), le sentiment d’être confronté à de fausses informations augmente considérablement, peu importe le support.
Si les réseaux sociaux restent loin devant, 53 % des sondés estiment y être confrontés plusieurs fois par semaine à « des informations qui déforment la réalité ou qui sont même faux » (+ 4 points), c’est concernant la télévision que le chiffre progresse le plus significativement : 45 % des personnes interrogées pensent y être confrontées plusieurs fois par semaine à la désinformation, alors qu’ils n’étaient que 36 % en novembre 2023, soit une hausse de 9 points.
La presse ne fait pas exception à cette hausse : 35 % estiment être confrontés à la désinformation plusieurs fois par semaine dans sa version numérique (+ 6 points), 27 % dans sa version papier (+ 6 points). C’est à la radio que les Français ont le moins ce sentiment, seulement 28 % disant y être confrontés plusieurs fois par semaine (+ 4 points).
59 % pensent que la lutte contre la désinformation doit davantage passer par la modération des réseaux sociaux
Comme lors de la précédente édition, l’outil de lutte contre la désinformation le plus cité par les sondés est un contrôle accru des informations partagées sur les réseaux sociaux. Ils sont 59 % à le mentionner, dont 38 % en premier, un chiffre stable.
Les Français sont en revanche de plus en plus nombreux à penser que les journalistes et médias devraient davantage expliquer comment ils travaillent : 44 % l’évoquent, c’est 7 points de plus qu’en novembre 2023. La promotion de l’éducation aux médias dès le plus jeune âge passe ainsi en troisième position, citée par 41 % des personnes interrogées (+ 4 points). Le développement d’outils de vérification des faits reste l’option la moins citée, mais augmente néanmoins de 4 points elle aussi, pour atteindre 26 % des sondés qui l’estiment prioritaire.
Ainsi toutes les options proposées, à l’exception du contrôle des réseaux sociaux qui demeure stable, profitent d’une adhésion plus forte que lors de la précédente édition du baromètre. Signe d’une inquiétude redoublée face à la désinformation à laquelle les Français se sentent de plus en plus confrontés.
Libellés : baromètre des médias 2025, La Croix