20 juillet 2009

21 juillet 1969 - Pointe Noire - Congo


A 4 heures du matin dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, je suis sorti de la " case " que j'occupais sur la route de l'aérodrome de Pointe Noire, pour regarder la lune - parfaitement visible - où venait de se poser la mission Apollo 11. Deux hommes étaient au même moment en train de fouler le sol lunaire, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité. C'est un souvenir inoubliable, unedate qui marque, comme ce que je faisais, le soir du 23 novembre 1963 quand Kennedy a été assassiné à Dallas, ou le 11 septembre 2001. Bien sûr il n'y avait pas la télévision, peut être la radio avec Radio France International en ondes courtes. Dans la tiédeur de la nuit africaine, c'était un moment intense.

J'étais depuis un peu plus de 6 mois à Pointe Noire au Congo Brazzaville ( à l'époque République Populaire du Congo ) pour mon 1er contrat de coopérant civil dans l'administration fiscale congolaise, après mes 18 mois de service civil, qui se substituait au service militaire pour les volontaires, service civil effectué à Brazzaville. Pointe Noire reste l'un des souvenirs les plus forts de ma jeunesse : j'en parlerai peut-être.

Libellés : , , ,

14 juillet 2009

Obama parle vrai aux Africains

Edito de La Croix, le 13 juillet à propos du discours aux Africains de Barak Obama
ÉDITORIAL
«Africa, yes, you can»
Guillaume Goubert
Pour son premier discours en Afrique noire, Barack Obama a tenu un langage de vérité.
« L’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats. » Imagine-t-on un chef d’État européen tenir un tel propos à la tribune d’un Parlement africain et recueillir au final une ovation, comme ce fut le cas pour Barack Obama, samedi, à Accra ? Nicolas Sarkozy peut témoigner de la difficulté de l’exercice, lui dont le discours sur l’Afrique prononcé à l’université de Dakar en juillet 2007 suscita la controverse : un propos malheureux sur « l’homme africain (qui) n’est pas assez entré dans l’histoire » éclipsa tout le reste du texte, notamment une condamnation très dure de la traite négrière, « crime contre l’humanité », et de la colonisation qui « fut une grande faute ».
Ce sont bien sûr ses propres origines africaines qui ont permis à Barack Obama de tenir un discours sans complaisance dans la capitale ghanéenne. Les difficultés actuelles du continent noir, il les a mesurées dans sa propre famille, rappelant que « le tribalisme et le népotisme » ont longtemps bloqué la carrière de son père dans l’administration kényane. Il a récusé aussi toutes les propensions victimaires auxquelles pourraient se laisser aller les Africains en soulignant qu’aux États-Unis, « les Afro-Américains réussissent dans tous les secteurs de la société (…) en dépit d’un passé difficile ».
Il faut se réjouir que Barack Obama ait usé de la liberté de parole que lui donne sa propre histoire. Cela peut encourager les Africains à prendre enfin leurs difficultés à bras-le-corps et à construire une véritable démocratie. « Yes, you can », « Oui, vous le pouvez », a lancé le président américain, s’appuyant sur le slogan de sa campagne électorale. Attention cependant : il serait déplorable que ce langage de vérité serve, un tant soit peu, à légitimer le désengagement des pays riches à l’égard de l’Afrique. Le G8 de L’Aquila a pris des engagements solennels, notamment en matière de lutte contre la faim. Il faut, cette fois, qu’ils soient tenus.

Libellés : , , , ,

8 juillet 2009

Sortie de crise fabuleuse !

Une sortie de crise absolument fabuleuse
La chonique de Jean-Pierre Robin, Le Figaro économie du 29 juin - «Il est un principe quasi immémorial : on paie comptant ses dépenses récurrentes, pour se nourrir ou se divertir ; on emprunte seulement pour investir».

Voici une histoire qui fait un malheur sur le Net : «Dans un village qui vit du tourisme, il n'y a plus de touristes à cause de la crise. Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre. Les mois passent, misérables. Arrive enfin un étranger qui prend une chambre. Il la paie avec un billet de 100 euros. L'hôtelier court porter le billet chez le boucher, à qui il doit justement 100 euros. Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande. Le paysan,à son tour, se dépêche d'aller payer sa dette à la prostituée à laquelle il doit quelques passes. La “pute” boucle la boucle en se rendant à l'hôtel pour rembourser l'hôtelier qu'elle ne payait plus quand elle prenait une chambre à l'heure. Comme elle dépose le billet de 100 euros sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l'hôtelier qu'il n'aimait pas sa chambre et n'en voulait plus, ramasse son billet et disparaît. Rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu. N'empêche que plus personne dans le village n'a de dettes. N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale ?» (sic).
«Auteur inconnu», soulignent les internautes, tout heureux d'invoquer le génie créateur et collectif de la Toile. Dans sa simplicité et dans son apparente étrangeté, l'apologue rappelle un conte oriental. On comprend qu'il plaise. Sauf que l'histoire rapportée est vieille comme l'enseignement de l'économie. Elle fait partie des classiques de la pédagogie dans les facultés. Cela n'enlève pourtant rien à son mérite : elle éclaire merveilleusement la crise bancaire et économique que nous vivons. On s'étonne seulement que les chefs d'État du G20 et la gent politique n'aient pas le talent narratif des profs d'autrefois. Lesquels expliquaient ainsi le circuit économique, l'échange des marchandises, le rôle de la monnaie et la justification de l'emprunt…
L'«étranger», arrivant dans le village avec ses 100 euros, fait figure de sauveur. Il incarne le rôle des banquiers centraux qui ne cessent depuis près de deux ans d'apporter en masse des liquidités pour débloquer la situation. Miracle, l'argent frais d'un touriste permet à tous les villageois d'effacer leurs dettes. L'endettement des uns correspondant aux créances des autres, un effet de dominos vertueux s'est enclenché. L'«étranger» peut ensuite reprendre son billet de 100 euros sans mettre le système en danger : l'hôtelier, le boucher et le paysan ont recouvré leurs créances ; ils n'ont plus peur, ils sont à nouveau en mesure de se consentir mutuellement des crédits. C'est ce que songent à faire, dans un avenir plus ou moins proche, la Fed américaine et la Banque centrale européenne. Elles estiment même nécessaire de retirer les liquidités qu'elles auront distribuées si généreusement, une fois la situation apurée. Car il est à craindre que la machine de l'endettement reparte trop vite. En termes techniques et pompeux, les banquiers centraux parlent de «stratégie de sortie de crise».
La seconde leçon de la fable, qui fait les délices des internautes, porte sur la régulation du crédit, sans doute indispensable. «Tout le monde emprunte à tout le monde», est-il dit. Voilà qui serait plutôt sain : n'est-ce pas ce que vise EDF lorsqu'elle a lancé le 17 juin dernier son emprunt d'un milliard d'euros auprès des particuliers ? Dans un système libéral, les épargnants et les entreprises sont censés équilibrer spontanément leurs besoins respectifs de placement et de financement. De même, les banques devraient-elles théoriquement pouvoir exercer leur métier d'intermédiaires sans besoin d'une banque centrale qui les chapeaute. C'est la théorie de «la banque libre» dont l'économiste Friedrich Hayek s'est fait le partisan le plus incisif. Loin d'être une utopie, ce système a existé en Écosse et au Canada aux XVIIIe et XIXe siècles. Et même en France, avant que Napoléon crée la Banque de France (1800) et lui accorde le monopole d'émission des billets au-dessus de 500 francs. Tout est affaire de confiance.
Un tel dispositif, dérégulé et sans intermédiaire, ne fonctionne manifestement pas bien dans le village. L'hôtelier, le boucher et le paysan, sans parler de leur amie commune, étaient certes parvenus à se financer mutuellement «pour survivre». Mais arrive le moment où ils ne se font plus confiance. Sinon pourquoi s'empresseraient-ils de rembourser leurs dettes dès qu'ils ont du cash ? Ils pressentent que leurs ardoises ont atteint une limite et qu'il serait dangereux d'aller plus loin. On en devine la raison : tous les produits pour lesquels ils s'endettent sont des biens de consommation courante. Or il est un principe quasi immémorial : on paie comptant ses dépenses récurrentes, pour se nourrir ou se divertir ; on emprunte seulement pour investir, acheter son logis ou sa voiture dont l'usage s'étalera sur des années. Un principe qui vaut pour les finances domestiques et celles de l'État, fût-il royal : notre Ancien Régime a disparu faute d'avoir su maîtriser sa dette publique.
De cette fable et du succès qu'elle rencontre chez les internautes, on tirera une double morale. Point besoin de jargon pour comprendre le déroulement de la crise. Si nous voulons éviter de nouvelles mésaventures, il est urgent d'expliquer les principes du crédit à l'opinion publique. À la portée de tous.
Jean-Pierre Robin

Libellés : , , , ,