Mon billet sur Boualem Sansal du 22 mai a suscité de la part d'un ami suisse une réaction que je cite et à laquelle j'ai répondu.
"L’article concernant Boualem Sansal suscite, pour moi, deux questions :
1) Un
livre qui se vend bien est-il forcément "majeur" ? (…mais c’est peut
être
bien le cas de celui-ci).
2) La remarque sur les jeunes réfugiés "… à cet
âge, on se bat pour son
pays" est-elle bien appropriée, quand on sait que
dans de nombreux pays
(Érythrée, Syrie…) le jeune est enrôlé dans une armée
qui massacre ses
propres citoyens ? …et si c’est pour résister à cet
enrôlement sans
structure et appui de l’extérieur c’est suicidaire (les
résistants Français
que j’ai connu restaient discrets et ne donnaient aucune
leçon à cet égard)."
Je pensais bien que la reproduction des propos de Boualem Sansal susciterait
des réactions, et je comprends bien ton point de vue. Sans partager
pleinement l'opinion de Boualem Sansal sur la place de la jeunesse dans les
migrants, je crois quand même qu'il faut écouter des intellectuels algériens
comme lui ou Kamel Daoud qui font le choix de vivre dans leur pays où il
sont menacés et confrontés à des islamistes dont le poids politique ne cesse
de progresser. Qu'ils souhaitent nous alerter, nous inciter à élargir notre
focale, soit par des interviews ou à travers un livre comme "
2084 la fin du
monde" fable pessimiste - que je n'ai pas lu, mais je vais le faire - me
paraît plutôt une bonne chose.
Au problème des migrants, il n'y a pas de
solutions évidentes et indolores,
mais lorsque je vois l'Europe s'en
remettre à Erdogan pour nous décharger en
partie de cette question, je pense
que nous vivons à courte vue. Quelles
seront les prochaines demandes du
futur "Sultan" d'Istambul et Ankara? Pour
paraphraser Mme De Guermantes
chère à Marcel Proust à propos de la Chine, je
dirai : "
La Turquie - et
Erdogan - m'inquiètent " ...
Mais la France aussi...
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