9 avril 2019

Ousmane NDIAYE et les médias en Afrique


Je remercie vivement Patrice Saint André pour le compte  rendu de la conférence D'Ousmane NDIAYE

Université Permanente – Observatoire des médias

Conférence du 5 avril 2019

Les médias en Afrique – Ousmane Ndiaye, rédacteur en chef Afrique à TV5 Monde

Ousmane Ndiaye est journaliste, il a travaillé à Courrier International. Depuis 2017, il est rédacteur en chef à TV5 Monde. Conférence présentée par Jean-Claude Charrier.



Ousmane Ndiaye (Photo JCC)



TV5 Monde ?
 TV5 Monde, c'est un peu la voix de la francophonie. C'est une sorte de mini ONU des médias, avec la participation de l'audiovisuel public français, mais aussi de Radio Canada et de la télévision suisse . TV5 Monde n'est pas une chaîne d'informations (comme France 24). TV5 apporte un soutien au film africain, fiction et documentaire, comme peut l'être Canal + en France, avec des des coproductions en partenariat avec les TV publiques francophones. TV5 Monde, c'est 45 millions de téléspectateurs en Afrique, mais aussi une chaîne très regardée dans les communautés africaines au Canada, en Chine, aux USA…

L'émergence des médias en Afrique
De l'information traditionnelle par les tambours, aux gazettes papier liées à la colonisation… une évolution.  Après la seconde guerre mondiale, les journalistes africains deviennent plus politisés, notamment au contact du Parti Communiste français. Ces journalistes deviendront par la suite des responsables politiques au sein de leur pays. Le rôle des missionnaires a aussi été très important, avec « Afrique Nouvelle ». Avec l'indépendance des pays africains, les médias deviennent la voix des gouvernements. La radio publique prend une grande importance, dans des pays où une part importante de la population est analphabète. En Afrique, la télévision apparaît en 1972 à l'occasion des JO de Munich.

L'arrivée des médias d'opposition
Face aux quotidiens nationaux très liés aux partis de gouvernement, apparaît une presse contestataire, souvent clandestine et interdite dans beaucoup de pays. Ainsi, en Tunisie, un journal comme « Jeune Afrique », se veut être un journal transcontinent, inspiré du Nouvel Observateur. Avec la chute du mur de Berlin, les années 90 marquent la fin de la guerre froide et une nouvelle configuration géopolitique. Une presse écrite libre apparaît, « LEssor », au Mali ou « Le Soleil » au Sénégal. Les radios libres vont permettre de toucher un plus large public. Le téléphone portable et les radios libres font émerger un contre-pouvoir naissant. A partir des années 2000, les médias gouvernementaux rachètent les journaux libres, avec une répression féroce.

L'Afrique, vue par les médias étrangers
Dès 2010, les médias étrangers sont revenus en force en Afrique. Le Monde, le Point...les Chinois ont ouvert des agences de presse en Afrique. Ils diffusent des programmes en français mais aussi en langues africaines. Depuis le discours de Dakar (N. Sarkosy), il y a une vraie défiance des africains vis à vis de la France. L'intervention française au Mali a amplifié cette défiance. Au Sénégal, il y a un recul des médias français et une vraie demande pour une presse en langues africaines. L'Afrique, vue par les médias français est trop souvent perçue sous un angle émotionnel. Il faut distinguer l'émotion de l'information. L'émotion, par exemple devant une catastrophe ou un attentat, peut être une perte de sens. Le journaliste, par son regard, prend parti et juge, il choisit de montrer ce qui a, pour lui, du sens.

Patrice Saint André – 6 avril 2019

J'ajouterai simplement qu'après  son exposé remarquable, Ousmane NDIAYE en réponses aux questions des auditeurs, a rendu un vibrant hommage à la presse algérienne qui dans la décennie noire des années 90, a vu un grand nombre de journalistes assassinés. Malgré tout elle continue son travail de libre information et de commentaires. Des personnalités comme Kamel Daoud sont mondialement connues pour leur indépendance et la qualité de leurs écrits.
JCC


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23 février 2017

J'ai vu Mehdi Meklat...

J'ai vu Mehdi Meklat jeudi dernier dans l'émission de François Busnel La Grande Librairie. L'invité principal était Kamel Daoud qui a mes yeux n'a pas été bien traité dans cette émission. J'ai fait la connaissance de Mehdi Meklat invité avec son collègue Badrou, venus faire la promotion de leur dernier livre Minute. N'étant plus auditeur de Pascale Clarke, ni lecteur des Inrocks , ni de Libération, le talent précoce de ces jeunes du Bondy Blog, m'avait échappé. Avec sa casquette américaine, sa chemise rouge haut boutonnée, Meldhi Meklat monopolisait la parole avec aisance, laissant peu de place à son co-auteur qui disait pourtant des choses très pertinentes. J'ai senti qu'il portait peu d'intérêt et sans doute, peu de considération, aux autres invités, particulièrement Philippe Val - qui semble-t-il lui avait ouvert les portes de France Inter - et Kamel Daoud ( question de génération ?).
Bref tout cela entre gens de bonne compagnie. Patatras ! le lendemain, grâce à des internautes persévérants, tout le monde apprenait que la coqueluche des médias parisiens le jour, était la voix de la haine, la nuit. Sous le pseudo de Marcelin Deschamps, de 2011 à 2016, ses tweets étaient d'un très grande violence, mysogines , homophobes, antisémites, racistes anti-blancs, souvent contre des personnes nommément désignées. Je me refuse à en reproduire tellement il sont odieux.  Les maisons d'éditions et de télé ont tout de suite pris leur distance - sauf Pascale Clark qui a trouvé que " Son personnage odieux, fictif ne servait qu'à dénoncer". Meldhi Meklat de son côté estimait que tout cela était " obsolètes" et présentait ses excuses. Tout en prenant soin le week end dernier de faire disparaitre près de 5 000 tweets de son personnage a "la duplicité maléfique"...

L'affaire Meklat est un " symptôme révélateur" écrit Le Monde dans son éditorial de ce jour.
" Cette duplicité en reflète une autre, celle de deux sociétés parallèles qui n'arrivent pas à converger: la société médiatique, artistique et politique, consciente des ratés  de l'intégration des minorités issues de l'immigration, désireuse d'y dénicher des profils nouveaux, brillants, de "héros positifs", mais réticente à faire elle-même le lent et laborieux effort d'intégration accompli dans certains autres pays, et la société des quartiers que ces difficultés d'intégration rendent de plus en plus rebelles et de plus en plus radicale dans l'expression de cette rebellion".
...
Une illustration de la montée de la violence rhétorique amplifiée par les réseaux sociaux.
L'expérience montre qu'elle peut ouvrir la voie à de dangereux débordements.

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26 mai 2016

Boualem Sansal réaction

Mon billet sur Boualem Sansal du 22 mai a suscité de la part d'un ami suisse une réaction que je cite et à laquelle j'ai répondu.

"L’article concernant Boualem Sansal suscite, pour moi, deux questions :
1) Un livre qui se vend bien est-il forcément "majeur" ? (…mais c’est peut
être bien le cas de celui-ci).
2) La remarque sur les jeunes réfugiés "… à cet âge, on se bat pour son
pays" est-elle bien appropriée, quand on sait que dans de nombreux pays
(Érythrée, Syrie…) le jeune est enrôlé dans une armée qui massacre ses
propres citoyens ? …et si c’est pour résister à cet enrôlement sans
structure et appui de l’extérieur c’est suicidaire (les résistants Français
que j’ai connu restaient discrets et ne donnaient aucune leçon à cet égard)."


 Je pensais bien que la reproduction des propos de Boualem Sansal susciterait
des réactions, et je comprends bien ton point de vue. Sans partager
pleinement l'opinion de Boualem Sansal sur la place de la jeunesse dans les
migrants, je crois quand même qu'il faut écouter des intellectuels algériens
comme lui ou Kamel Daoud qui font le choix de vivre dans leur pays où il
sont menacés et confrontés à des islamistes dont le poids politique ne cesse
de progresser. Qu'ils souhaitent nous alerter, nous inciter à élargir notre
focale, soit par des interviews ou à travers un livre comme "2084 la fin du
monde"
fable pessimiste - que je n'ai pas lu, mais je vais le faire - me
paraît plutôt une bonne chose.
Au problème des migrants, il n'y a pas de solutions évidentes et indolores,
mais lorsque je vois l'Europe s'en remettre à Erdogan pour nous décharger en
partie de cette question, je pense que nous vivons à courte vue. Quelles
seront les prochaines demandes du futur "Sultan" d'Istambul et Ankara? Pour
paraphraser Mme De Guermantes chère à Marcel Proust à propos de la Chine, je
dirai : " La Turquie - et Erdogan - m'inquiètent " ...
Mais la France aussi...






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