26 mai 2016

Boualem Sansal réaction

Mon billet sur Boualem Sansal du 22 mai a suscité de la part d'un ami suisse une réaction que je cite et à laquelle j'ai répondu.

"L’article concernant Boualem Sansal suscite, pour moi, deux questions :
1) Un livre qui se vend bien est-il forcément "majeur" ? (…mais c’est peut
être bien le cas de celui-ci).
2) La remarque sur les jeunes réfugiés "… à cet âge, on se bat pour son
pays" est-elle bien appropriée, quand on sait que dans de nombreux pays
(Érythrée, Syrie…) le jeune est enrôlé dans une armée qui massacre ses
propres citoyens ? …et si c’est pour résister à cet enrôlement sans
structure et appui de l’extérieur c’est suicidaire (les résistants Français
que j’ai connu restaient discrets et ne donnaient aucune leçon à cet égard)."


 Je pensais bien que la reproduction des propos de Boualem Sansal susciterait
des réactions, et je comprends bien ton point de vue. Sans partager
pleinement l'opinion de Boualem Sansal sur la place de la jeunesse dans les
migrants, je crois quand même qu'il faut écouter des intellectuels algériens
comme lui ou Kamel Daoud qui font le choix de vivre dans leur pays où il
sont menacés et confrontés à des islamistes dont le poids politique ne cesse
de progresser. Qu'ils souhaitent nous alerter, nous inciter à élargir notre
focale, soit par des interviews ou à travers un livre comme "2084 la fin du
monde"
fable pessimiste - que je n'ai pas lu, mais je vais le faire - me
paraît plutôt une bonne chose.
Au problème des migrants, il n'y a pas de solutions évidentes et indolores,
mais lorsque je vois l'Europe s'en remettre à Erdogan pour nous décharger en
partie de cette question, je pense que nous vivons à courte vue. Quelles
seront les prochaines demandes du futur "Sultan" d'Istambul et Ankara? Pour
paraphraser Mme De Guermantes chère à Marcel Proust à propos de la Chine, je
dirai : " La Turquie - et Erdogan - m'inquiètent " ...
Mais la France aussi...






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22 mai 2016

Boualem Sansal invité de Ouest France

Boualem Sansal était l'invité de dimanche Ouest France le 15 mai dernier. Son dernier livre 2084 La fin du monde est l'un des romans majeurs de l'année; il  a été vendu à 300 000 exemplaires et traduit dans le monde entier. C'est un conte voltairien féroce qui fait écho à 1984 et son Big Brother de George Orwell. Mais nous sommes en 2084 en Abistan un empire islamique où l'individu n'a pas le droit de penser mais doit se soumettre, notamment à la charia. L'auteur sait de quoi il parle pour avoir connu le Front Islamique du Salut en Algérie. On peut voir dans ce roman un parallèle hard avec le roman Soumission de Michel Houellebecq qui connaît aussi un grand succès de diffusion.
Dans ses commentaires de l'actualité Boualem Salem parle avec beaucoup de franchise et souvent à contre courant des grands médias. Un exemple à propos des réfugiés.
" Je suis très mal à l'aise avec la question des réfugiés. Je regarde ces gens avec beaucoup de compassion, ils sont dans un état de faiblesse infini. Mais je considère qu'ils doivent rester dans leur pays quoi qu'il arrive. Il y a des possibilités de migration dans son propre pays, la guerre n'est pas partout. Je suis choqué de voir tous ces jeunes qui fuient. A cet âge on se bat pour son pays."
Sévère et certainement discutable mais justement cet aspect n'est jamais discuté. Pourtant que ce soit pour les réfugiés politiques ou économiques l'évaluation précise de la situation des pays de départ est indispensable. Sinon le risque pour les pays d'accueil est lourd et en grande partie insoluble.

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