3 février 2010

Patrick Maréchal, Frédéric Mitterrand, le vieil homme et le litchi

Presse-Océan est un vrai journal de proximité qui dit avec talent beaucoup de choses que l'on ne trouve pas ailleurs. Deux exemples récents.
Samedi 30 janvier " Une réception très Frêche" titre en première page et relatant la petite phrase prononcée devant des journalistes, par Patrick Maréchal, président PS du conseil général de Loire Atlantique, à propos de sa rencontre avec Frédéric Mitterrand, lors de la Folle journée de Nantes, vendredi 29 janvier " On n'est pas de la même famille et on a pas les mêmes moeurs" Presse-Océan 30 janvier.
Vu l'écho suscité, l'intéressé a précisé ( P-O. du 1er février ) qu'il parlait " des moeurs politiques de l'actuel gouvernement" Evidemment beaucoup de lecteurs avaient mal compris, s'agissant de moeurs...
Pas un mot de tout cela - j'allais dire évidemment - dans Ouest-France !

2ème exemple : Mardi 2 février ce titre de 1ère page "Verbalisé pour un fruit jeté au sol à Nantes" "Le vieil homme avait laissé tomber la peau d'un litchi sur le trottoir du marché de Talensac. Trois policiers municipaux lui ont dressé une contravention" Suit en page 2 un petit bijou d'article de Dominique Bloyet, bien illustré par Frap, où l'on trouve quelques formules ou allitération réjouissantes " il laisse choir négligemment sur la bordure du trottoir la coque rougeâtre et verruqueuse de la sapindacée." " Ce dangereux citoyen.. coupable ...d'avoir lâchement laché aux loches la lichette de litchi lèché." le tout sur le même ton, et se terminant comme il se doit par une morale. Bravo !

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17 janvier 2010

Jospin Lionel militant du XVème

Grand buzz médiatique autour de la sortie du livre interview biographique de Lionel Jospin et des magazines télé sur le même thème. L'occasion de rappeler sa présence dans la section du PS de Javel-Grenelle dans les années 74 - 76. C'est dans cette section que j'ai adhéré à mon retour d'Afrique. C'est aussi là que j'ai fait la connaissance de ma future femme : c'est dire si je m'en souviens ! La section avait un secrétaire formidable, pédagogue, respectueux des débats, Gérard Moreau qui, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, deviendra conseiller du Ministre des Affaires sociales ( tandis que son épouse, conseiller d'Etat, sera à l'Elysée la conseillère dans le domaine social de Mitterrand pendant de nombreuses années, avant de présider - peut-être le fait-elle encore ? - le Comité d'Orientation des Retraites ( le COR ) : un couple brillant mais d'une grande simplicité ).
Pour revenir à Jospin, il venait assez régulièrement aux AG mensuelles, mais était d'une grande discrétion. Il était déjà une personnalité du PS, faisant partie des proches de Mitterrand, mais arrivait souvent en retard, intervenait rarement, si ce n'est lors des grands débats avant les congrès. J'ai longtemps considéré que cette attitude était liée à son tempérament réservé, mais l'explication a été complétée par la révélation plus de 20 ans après, de son appartenance à la mouvance troskiste dans laquelle il avait des contacts réguliers, en particulier avec les chefs de ce mouvement. Ces choses évidemment n'étaient pas connues au sein du PS. Mais le " double jeu" a existé pendant longtemps, et les réticences que j'ai éprouvés à l'égard de la personne de Lionel Jospin, notamment lors des présidentielles de 2002, ont leur source dans cette attitude ambiguë, qu'il a d'ailleurs eu beaucoup de difficultés à avouer. S'il y avait eu un 2ème tour en 2002, j'aurais certainement voté pour lui - car c'est manifestement un leader politique de 1er plan - mais je ne regrette nullement mon vote du 1er tour...
Il faudra que je parle un jour d'un des socialistes que je déteste le plus - Pierre Joxe - grand bourgeois méprisant ( à partir d'une expérience vécue...)et de tout ce que les élus locaux des administrations financières doivent à Michel Charasse.

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6 décembre 2009

Michèle Cotta



Vendredi 4 décembre L'Observatoire universitaire des médias de Nantes a reçu Michèle Cotta. Une affluence record pour cette personnalité de premier plan dans le journalisme politique français depuis plus de 30 ans. Courtoisie et grande simplicité, jugements mesurés et distanciés, hauteur de vue, Michèle Cotta a donné une image positive de cette profession qu'elle a vécue avec passion.

Quelques notes prises au déjeuner et à la conférence.
" La cacophonie politique a toujours existé" " le journaliste politique ne doit pas se couper de ses sources, c'est le problème de la bonne distance" " Chirac n'a pas fait ce qu'il aurait pu faire !" " Les carnets n'étaient pas faits pour être publiés" " L'avenir de la presse, c'est la notion de marque, garantie de qualité, quelque soit le support" " Les très bons journalistes ne sont pas forcément les plus médiatisés, et chez les jeunes, il y a de très grands talents ex.Anne Niva (?)" " L'interactivité avec les auditeurs, c'est bien à condition qu'elle soit parfois complétée par une expertise" "J'aime beaucoup Arlette Chabot" "France 3 : ils sont trop nombreux, mais ils sont là!"
"A la télé ,en 1 minute 15 on ne peut faire dans la nuance!"
Depuis 30 ans :
L'information n'a pas régressé
Souligne la grande diversité des médias : 100 chaînes cablées, 27 TNT, 1600 radios privées.
La TV est beaucoup plus libre " Chaque jour, sur les médias, c'est 40 personnes qui donnent leur point de vue" Mais la dépendance à la pub peut-être contraignante (cf- exemple du budget SNCF )
La consommation des médias s'individualise
Globalement il y a des progrès, car même sur internet les journaux " marques" font référence
"La désignation des présidents de chaînes, pose un problème de libertés publiques, et il n'y a pas de grands desseins pour le service public"
"Les JT devraient être réduits à 15 minutes" ( Gildas dit la même chose )
"La classe journalistique existe avec une opinion dominante voire unique : exemple guerre Irak en 92 dans un sens et en 2003 en sens inverse.
La déontologie doit se gérer en interne dans la profession.
Plus grand dérapage journalistique :" L"affaire Baudis"
Plus mauvais souvenir personnel " la présence non visible, derrière un canapé lors d'une conversation privée entre Mitterrand et Mendès France ! "
Interview de Michèle Cotta :

http://www.atelierdesmedias.org/
http://www.atelierdesmedias.org/Michele-COTTA-invitee-le-4-12-2009_a87.html

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31 octobre 2009

La France se déloque , se débraille

Extrait de l'éditorial de Claude Imbert, dancs Le Point du 22 .10 2009
La France se déloque, se débraille. Sa démocratie aussi. Une révolution ? Non ! Mais une étape nouvelle sur la pente que creusent sans fin « l'égalité des conditions et ¬l'empire de l'opinion », disait Tocqueville. Pour dévaler cette pente, le train est inégal : aujourd'hui, les institutions se tiennent tranquilles, même si la pratique sarkozyenne les malmène. En revanche, les moeurs ¬tirent le convoi.
Et plus encore l'opinion avec sa servante maîtresse, la presse, et son énorme arroi de télés, Internet et autres blogs, une armada médiatique qui porte l'opinion, ¬l'exprime et la modèle. Quatrième pouvoir démocratique ? Mais non, le deuxième ! L'opinion, par les médias de masse, opère un massif transfert d'influences au sein de la société. On veut en faire une maladie dégénérative de la démocratie. Elle n'en est que le plus récent avatar.
Le cas Frédéric Mitterrand, le cas Jean Sarkozy, tout cet échauffement public qui s'ajoute à la taxe carbone et, bien sûr, aux misères du chômage secouent le landerneau politique. Les nervosités, les turbulences de l'opinion viennent-elles de la crise ? J'y vois surtout la dernière péripétie d'une évolution fatale : l'émancipation effrénée de l'opinion. La vox populi envahit la cité. Et la « France silencieuse » fait désormais un boucan de tous les diables.
Dans l'ordre politique, souvenons-nous que les deux vedettes de la finale présidentielle furent propulsées par l'opinion contre le souhait des caciques. Sarkozy le fut contre les voeux et manoeuvres de l'état-major chiraquien. Ségolène Royal, elle, contre le directoire des « éléphants » socialistes. Mme Royal est en déclin, mais, dans le sillage de sa rébellion, l'opinion impose aujourd'hui au PS, et à son vieux directoire, le système des primaires. Le populaire bouscule la caste.
En fait, l'opinion soumet de plus en plus le processus politique à sa loi que gouverne le coeur plutôt que l'esprit : au précipité émotionnel, au prestige de l'image. La politique se plie à la télé-réalité. Elle porte au pinacle une génération d'hommes aptes à épouser tous les soubresauts de l'opinion, à recueillir, hors l'élection, les faveurs précaires des sondages où elle affiche sa tutelle. Nicolas Sarkozy, courant du four au moulin, assure, avec une énergie bonapartiste, le service complet. Outre les affaires d'Etat - crise financière, jeu international, promotions des grands intérêts commerciaux de la nation où il glane des succès consistants -, il ne laisse aucun fait divers sans grain de sel. Et jusqu'au point outrancier d'offrir à l'opinion, pour presque chacun d'entre eux, l'expéditif emplâtre de la loi...
L'allure, le ton des hommes nouveaux s'adaptent au pathos émotionnel : il leur faut séduire par l'apparence, le « dégagé » démagogue, la comédie de l'empathie jusque dans la fête, le stade ou le cimetière. Berlusconi - prince des médias par son talent de comédien populaire et la puissance de son capital médiatique - illustre jusqu'à la caricature ce style du nouvel âge démocratique.

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