28 novembre 2017

Macron : conflit de génération ?

Emmanuel Macron entre-t-il, consciemment ou non, dans un conflit de génération  ? la question me vient à l'esprit avec son discours aujourd'hui à Ouagadougou devant les jeunes étudiants. J'ai le sentiment d'être dans la cible.
Il y a bien sûr, les mesures fiscales ou sociales visant les retraités et l'augmentation de 25% du taux de la  CSG sur les pensions à partir du 1er janvier. Mesure complétée pour les membres des classes moyennes supérieures par le maintien de la taxe d'habitation. Je suis dans les 20% des contribuables non exonérés (et la TH est exorbitante dans beaucoup de régions !) Après 2018 la TH ne va pas manquer d'augmenter rapidement puisqu'elle touchera uniquement des contribuables "aisés"...Les choix politiques sont respectables, encore faudra-t-il que les modalités pratiques soient validées par le conseil constitutionnel, car pour cette dernière mesure, "l'élastique" semble bien tendue au regard de l'égalité devant l'impôt.
Son discours du jour au Burkina Faso " Pays des hommes intègres" où il dénonce les crimes de la colonisation commis par les européens résonne bizarrement à mes oreilles. Ils ont eu lieu c'est certain, mais pour reprendre une formule macronienne, " en même temps" grâce à la colonisation et à la Françafrique,  Emmanuel Macron a pu faire un discours compris par des millions d'africains. Il fait son voyage dans des pays, qui à l'image de la zone euro, sont dans une zone de monnaie unique avec le franc CFA. Ce franc CFA, qui  assure la stabilité monétaire indispensable pour le développement. Sans parler de toutes les infrastructures médicales, d'éducation, d'urbanisme et d'équipements publics.
La façon dont E.Macron renvoie ceux qui ne sont pas de sa génération, "aux ténèbres" de l'obscurantisme est tout à fait choquante, (à l'image de Jack Lang en 1981 parlant " Du passage de l'ombre à la lumière" à propos de l'arrivée de la Gauche au pouvoir).
A l'âge où j'étais plus jeune que Macron, à partir de 1966, j'ai passé huit ans en Afrique francophone au titre de la coopération. Plutôt que de m'ennuyer dans une caserne, je suis parti faire mon service national au Congo Brazza puis ai travailler en coopération dans ce même pays et en Côte d'Ivoire. Avec des jeunes enseignants, ingénieurs, cadres de la fonction publique, nous avons fait le job, formé des cadres locaux, préparé sérieusement le passage de relai, et appris à mieux connaître et aimer ces pays. Un vécu qui vaut bien les 6 mois de stage passés par le jeune énarque Macron dans une ambassade !
Alors Monsieur le Président "ne jeter pas le bébé avec l'eau du bain", ne méprisez pas les anciens, cessez de ne voir qu'une couleur, ne soyez pas arrogant et donneur de leçons, comme vous l'avez été parfois aujourd'hui.

PS 1. En complément de mon billet récent sur le  départ de Mugabe ex-président du Zimbadwe, j'apprends dans La Croix ( 28.11.2017) que son ex-bras droit qui lui a succédé au pouvoir, vient de lui attribuer "huit millions d'euros d'indemnités de départ, un salaire annuel de 125 000 € et une totale immunité" . Dans un pays qu'ils ont conduit à la ruine...
PS 2. Dans les médias beaucoup de référence - en général une petite phrase - pour enfoncer le discours de Sarkozy à Dakar.Mais quelques mois plus tard, Obama au Ghana avait tenu pratiquement le même discours, stimulant pour les Africains. Dans les médias, OK pour Obama, KO pour Sarkozy !


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18 novembre 2017

Mugabe à la porte, enfin !

A 93 ans et après 37 ans de pouvoir sans partage à la tête du Zimbabwe, Robert Mugabe est en train d'être chassé de la présidence.
Robert Mugabé est un exemple caricatural de la mal-gouvernance en Afrique. Accédant au pouvoir après une lutte anti-coloniale, il était à la tête d'un pays, l'ex-Rhodésie du Sud, qui était qualifié de "grenier de l'Afrique"  en raison de sa richesse agricole et  de sa production céréalière. Certes, cela tenait en grande partie à la place occupée par les fermiers blancs dans un schéma colonial, mais les gens mangeaient à leur faim. Et une autre décolonisation était possible. Mais Mugabé  n'a pas été Mandela, plutôt son contraire.
En 37 ans le Zimbabwe a été entrainé dans une gouvernance de spoliation, de corruption, et de massacres de civils. En 2016 le pays est à la 155è place sur 190 dans les classements de l'ONU pour l'indice de développement humain. Des famines touchent la population, l'inflation a atteint le chiffre astronomique de 231 0000 000% en juillet 2008 ! ( cf. Wikipedia). Tout a été excessif dans cette période pendant laquelle Mugabe a toujours sauvé son pouvoir en jouant sur l'image du libérateur du pays, de champion de  la lutte anti-coloniale, permettant à son clan de s'enrichir de façon éhontée : la jeune épouse de Robert Mugabé que le vieux président voudrait voir lui succéder, ne porte-t-elle pas le surnom de "Grace Gucci" en raison de ses shoppings extravagants à Singapour. Toutes proportions gardées on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'emprise du FLN sur le pouvoir en Algérie depuis cinquante ans, le "demi-mort" Boutefika jouant le rôle de Mugabé.
Aujourd'hui pour la première fois les habitants de la capitale Harare sont descendus dans la rue pour que Mugabe parte enfin et qu'un pouvoir digne de ce nom dans l'intérêt de la population, se mette en place. Mais comme le titre La Croix - 17.11.2017 - sous la plume de l'excellent Laurent Larcher " Au Zimbabwe, un tyran peut en cacher un autre" en l'occurrence le vieux complice de Robert Mugabe, l'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa ?

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