7 novembre 2017

Paradise papers : un scandale ?

Le droit a-t-il à voir avec la morale ? tous les juristes et constitutionnalistes vous diront que non. Si l'on respecte le droit chacun peut vivre libre dans une démocratie.
Les gros titres et les nombreux sujets repris à propos des Paradise papers sont certes à la mesure de l'investissement et du travail effectué par 96 médias dans 67 pays. Mais  tout ce qui est volontiers dénoncé comme scandaleux et relevant de la fraude fiscale, n'est, dans la quasi totalité des cas évoqués, que de "l'optimisation fiscale" selon l'expression des fiscalistes. C'est à dire  la recherche du moindre coût fiscal en respectant  les différences de fiscalité entre les pays. C'est fondamentalement différent de la fraude fiscale qui vise à dissimuler son argent ou maquiller ses comptes, ou ses opérations, en contradiction avec la loi. Entre les deux, il peut y avoir l'abus de droit qui est vraiment l'affaire des spécialistes. Pour prendre un exemple simple, un journaliste qui comme tous ses confrères au moment de la déclaration de revenus déduit  7 650 € au titre de frais professionnels "supplémentaires" par rapport aux autres salariés optimise sa déclaration fiscale et concrètement paie moins que son voisin à salaire égal. Ce n'est pas de la fraude. Est-ce moral ? je ne sais, mais c'est légal.
Puisque la morale est facilement mise en avant dans ces affaires par la presse, peut-on également s'interroger sur les entorses au droit par lesquels ces milliers d'informations ont été obtenues, voire dérobées ? on me dira que c'est pour la bonne cause. Peut-être, si l'on se fixe comme principe que "la fin justifie les moyens", comme lorsque l'on fait de l'investigation avec des caméras cachées en mentant sur ses intentions. Pas très moral...
Bref, je n'aime pas la presse donneuse de leçons, mais d'un autre côté, je regrette la disparition du consentement à l'impôt et à sa légitimité, qui génèrent ces valses de milliards.

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22 mai 2017

Médias et présidentielles, un vrai pouvoir

Le comportement des médias a été l'occasion d'un échange de mails avec un ami qui suit notre actualité au-delà des frontières.
J'avais envie de revenir sur quelques aspects médiatiques de cette campagne. Le débat entre les deux tours a été déterminant dans le choix de nombreux électeurs. J'en ai eu des témoignages. C'est une nouveauté supplémentaire dans cette élection, alors que tous les commentateurs ne cessaient de nous dire - avant - que ce débat entre les deux finalistes ne faisait jamais "bouger les lignes" et n'avait pas d'incidence notable sur le résultat. C'était oublier que les électeurs aiment bien voir concrètement les candidats et juger non seulement leur programme, mais aussi leur façon d'être.Marine Le Pen s'y est fourvoyée...
J'ai toujours eu une exigence éthique à l'égard de la presse qui a des obligations de neutralité et d'objectivité. Je suis de plus en plus agacé par les journalistes qui nous disent que l'objectivité n'existe pas et que leur exigence, c'est l'honnêteté. A-t-elle été respectée dans la campagne présidentielle ? Pour le moins Emmanuel Macron a bénéficié d'un large soutien médiatique particulièrement dans les grands médias audiovisuels. Certains ont vu dans ce soutien le poids des grands groupes qui détiennent ces supports. Mais la télévision et la radio publiques n'ont pas été en reste. Certes, s'agissant de s'opposer à Marine Le Pen, la tentation pouvait être grande, et la légitimité évidente pour beaucoup. A tort, l'exigence démocratique doit s'imposer. Se transformer en instrument de propagande, imiter plus ou moins les ex démocraties populaires ou la Turquie d'aujourd'hui, est une vraie régression. Je crains que l'on s'habitue à ses dérives et à des médias versatiles qui après avoir encensé Macron passeront peut être au Macron Bashing dans quelques mois ...
On suivra tout ça sur la nouvelle page blanche qui s'ouvre !

 

Merci pour ta réponse pertinente, surtout en ce qui concerne la versatilité des médias. je ne doute pas, également, du prochain "Macron bashing".
Nous sommes abreuvés en permanence de pseudo-analyses qui interprètent tous les faits et gestes des politiques (…même quand il n’y a pas de fait!).
L’image est également sujette à interprétation (un exemple: sur la photo du nouveau gouvernement Edouard Philippe est quelques centimètres en retrait des ministres qui l’entourent; cela à fait l’objet de commentaires). Même les émissions TV "de bonne réputation" (TV5 ou Arte) tombent dans le people.
On peut avoir de l’humour, même dans les sujets sérieux, mais de là à transformer des entretiens de personnalités en séances "foireuses" ?

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